En Asie centrale, la Russie est depuis l'indépendance "le grand-frère" que l'on souhaiterait ne plus avoir. Sergueï Volkov, docteur en histoire, explique pourquoi les voisins et alliés de la Russie continuent à construire leurs idéologies nationales sur une rhétorique russophobe.
Novastan reprend et traduit ici un article publié initialement sur Lenta.ru.
Le 26 octobre dernier, Almazbek Atambaïev, alors président du Kirghizstan et depuis remplacé par Sooronbaï Jeenbekov, a signé un décret remplaçant le Jour de la révolution d’Octobre par le Jour de l’histoire et du souvenir des ancêtres. Désormais, le 7 et le 8 novembre, la République kirghize célébrera la révolte du Turkestan de 1916, lorsque les possessions centrasiatiques de l’Empire russe s’opposèrent à la réquisition d’hommes pour les bataillons de travail.
Lire aussi sur Novastan : 1916 : une année de révolte en Asie centrale
Le décret parle d’ailleurs de « l’aspiration du peuple à la liberté » comme d’une force motrice de ces événements. Dans la République voisine du Kazakhstan, cette révolte est là aussi considérée comme un élément caractéristique du mouvement de libération nationale. Le média russe Lenta.ru a interrogé Sergueï Volkov, docteur en histoire, pour tenter de comprendre pourquoi les voisins et alliés de la Russie continuent à construire leurs idéologies nationales sur une rhétorique russophobe.
Lenta.ru : Pourquoi des Républiques souveraines formées après la chute de l’URSS conservent-elles cette partie du récit soviétique de leur histoire officielle ?
Sergueï Volkov : Tout simplement parce que tous ces jeunes États limitrophes fondent leur existence sur un rejet de la Russie. C’est la seule façon dont ils peuvent justifier leur existence et expliquer leurs origines. Ils . . .
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Bernard Grua, 2018-01-26
Bonjour,
Article contenant des rappels très intéressants. Merci!
Toutefois, même si les pays d’Asie Centrale tentent de se reconstruire en nation, je n’accroche pas vraiment avec le titre.
Je n’ai pas spécialement constaté de détestation de tout ce qui était russe en Asie Centrale. Le russe y est la langue la plus parlée. On y écoute les radios russes. On y regarde la télévision russe. On y regrette souvent la « prospérité » soviétique.
J’ai constaté, de la part des personnes instruites de ces pays, une adhésion assez complète au discours du Kremlin. Sans même parler de personnes plus simples qui sont fières d’avoir fait leur service militaire dans l’armée soviétique (y compris Afghanistan), et d’y avoir vu du pays.
Il me semble que la détestation mutuelle des Ouzbeks et des Khirgiz est plus forte que celle qu’ils ont à l’égard des Russes. De même, les Tadjiks ne sont guère enthousiastes à l’égard des Ouzbeks, et vice-versa.
Finalement, comme le dit l’auteur, le plus intéressant est observer l’attitude de Moscou qui ne s’offusque pas du rideau tiré sur l’acquis russe mais ne tolère aucune atteinte au symboles soviétique.
Bien cordialement
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François Grand, 2018-02-6
Je partage totalement l’avis de Bernard Grua, et je suis moi aussi très sceptique sur cet article. Je pense qu’il faut simplement distinguer les élites politiques de ces pays d’Asie Centrale (je parle de ce que je connais : Kazakhstan, Tadjikistan et Kirghizstan), qui cherchent effectivement à s’émanciper de la tutelle de l’ex puissance dominante pour accroître leur pouvoir réel, et les populations de ces pays d’autre part, qui, pour une bonne partie, tiennent à conserver d’étroit les liens économiques, culturels et sociaux avec le grand frère russe.
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