Vendredi 9 août vers 20 heures, les forces de l’ordre ont organisé un raid dans les locaux de la chaîne de télévision « Aprel ». Elle a été fermée de force. Cette chaîne appartient à l’ancien président Almazbek Atambaïev, désormais en prison.
« Aprel », un média nommé en honneur de la révolution d’avril 2010, a été fermé de force ce vendredi 9 août. Appartenant à l’ex-président, la chaîne de télévision avait été bloquée de diffuser sur les ondes hertzienne du pays depuis le premier assaut contre la résidence d’Almazbek Atambaïev le 7 août. Les journalistes ont cependant retransmis les événements en direct sur internet jusqu’à l’intervention.
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Vers 20 heures, une quinzaine de membres des forces spéciales kirghizes a lancé une opération contre la chaîne « Aprel » dans leurs locaux à Bichkek. Les journalistes du média ont assuré à leurs confères qu’ils n’avaient eu que cinq minutes pour évacuer le bâtiment, sans possibilité de récupérer leur matériel. Les policiers auraient également tenté de saisir leurs portables.
Une atteinte grave à la liberté de la presse au Kirghizstan
Le média en ligne indépendant kirghiz Kloop, a condamné dans un éditorial la fermeture forcée de la chaîne “Aprel” qui malgré son appartenance à l’ancien président reste importante pour la liberté du choix de l’information dans le pays :
“La Chaîne “Aprel” est importante pour obtenir une vision différente des événements autres que le programme de l’État. Vous n’aimerez peut-être pas son propriétaire, l’ancien président Almazbek Atambaïev, qui a été arrêté récemment après plusieurs tentatives acharnées, mais vous devez le séparer des activités de la chaîne. Il est dangereux de justifier la pression exercée sur la société “Aprel” par le fait que ce peut être la chaîne de propagande d’Atambaïev ou un instrument de son influence. Parce que, d’une part, si c’est le cas, il n’y a rien d’illégal à cela, et, deuxièmement, cette approche facilite la persécution du reste des médias”.
Une couverture médiatique contrôlée et limitée
La couverture télévisée des événements au Kirghizstan autour de l’arrestation de l’ancien président Almazbek Atambaïev était très limitée. Alors que les forces de l’ordre et les partisans s’affrontaient violemment mercredi 7 août au soir, les chaînes d’information du pays montraient des films ou des programmes culturels. Seuls les médias en ligne couvraient l’événement en direct.
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« Près de 60% de la population kirghize s’informe par la télévision », commente Timur Tokltonaliev, journaliste pour IWPR (Institute for War and Peace Reporting), sur sa page Facebook. Il dénonce un « manque de liberté de la presse au Kirghizstan », pourtant considéré pays le plus démocratique de la région centrasiatique. « Cette situation conduit à de nombreuses conclusions décevantes sur l’accès à une information objective et à la liberté de parole à la télévision. »
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A Koï-Tash, sur le terrain des opérations, les réseaux mobile et internet ont été coupés par les autorités. Impossible donc, pour les médias, de joindre leurs correspondants au coeur de l’action. Par ailleurs, plusieurs journalistes ont reporté avoir été menacés et agressés par des manifestants.
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Ancien président du Kirghizstan, accusé de faits de corruption, Almazbek Atambaïev est détenu depuis jeudi 8 août au soir. Il s’est rendu après deux opérations des forces de l’ordre musclées dans sa résidence, qui ont provoquées des émeutes à Bichkek. Le bilan actuel est d’un mort et 52 blessés.
Marion Biremon
Correspondante pour Novastan à Bichkek