Trois frères franco-coréens se sont donné comme défi de rallier leur Alsace natale à la Corée du Sud en voiture, une aventure familiale qu’ils partagent sur leur chaîne Youtube. Alors qu’ils sont de passage en Asie centrale, où ils préparent de nombreux documentaires sur la culture et les traditions nomades, Novastan est allé à leur rencontre dans la capitale kirghize, Bichkek.
C’est en avril 2021 que les frères Philippe ont pris la route. « On s’était retrouvés tous les trois chez nos parents, en Alsace, et ça faisait longtemps que ça n’avait pas été le cas », explique François Philippe, l’aîné du trio. A ce moment, Michel vient de finir ses études, François est rentré de son voyage en Turquie et Stéphane a quitté son travail.
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Leur est alors venue l’idée de traverser une partie du globe à bord de leur 4×4 Nissan Pathfinder pour atteindre la Corée, terre de leurs ancêtres. C’était une idée qui trottait déjà dans la tête de François, déjà parti jusqu’en Turquie en autostop un an auparavant, rejoint par son frère Stéphane jusqu’en Grèce.
A Bichkek, alors qu’ils sont plongés dans le montage de plusieurs vidéos qui seront diffusées sur leur chaîne Youtube, Novastan est allé à leur rencontre. Cela fait maintenant quatre mois qu’ils sont en Asie centrale. Après plusieurs mois passés en Turquie, Géorgie et Iran, ils sont passés par la Russie pour traverser le Kazakhstan et ont entrepris un périple à travers l’Ouzbékistan et le Tadjikistan. Mais c’est au Kirghizstan que les trois frères restent le plus longtemps, attirés par la vie nomade et la culture kirghize.
Un rêve de gosse en famille
« On s’est toujours dit qu’un jour, on ferait le tour du monde, explique Stéphane Philippe. Et aujourd’hui, c’est vraiment en train d’arriver en fin de compte ! » Les « fils d’Orient et d’Occident », comme ils se surnomment sur leur chaîne Youtube, ressentaient le besoin de se reconnecter à leur identité. Bi-nationaux, ils évoquent longuement lors de leurs premières vidéos la difficulté de se situer entre deux cultures, mais aussi la richesse que cette situation leur apporte.
Pour eux, un des aspects les plus excitants de ce voyage est de le réaliser en famille. « Plus tard, on aura des enfants, une famille, on ne pourra plus jamais vraiment faire ça entre frères, donc c’est maintenant ou jamais », confie Michel Philippe. Le format des vlogs sur Youtube leur paraît aussi être un moyen de se créer des souvenirs inoubliables.
La culture nomade et les traditions
Ce sont bien les modes de vie et traditions ancestrales que la fratrie veut mettre en avant. « On voit à quel point le monde se modernise, alors on veut à tout prix filmer les traditions, la vie nomade, car il y a vraiment une urgence », explique François. De passage pendant plusieurs mois en Géorgie, ils se sont attardés sur la pratique de la transhumance sur une route très peu connue des touristes, voire inconnue, ce qui leur a valu la reconnaissance des locaux. En Iran, les trois frères ont passé plusieurs semaines au contact des nomades, pour tenter de déceler les spécificités de leur culture.
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C’est parfois difficile, dans des pays qui s’ouvrent de plus en plus au tourisme de masse. Mais par des rencontres « faites un peu au hasard », ils parviennent néanmoins à trouver des habitants qui leur montrent le chemin vers leur histoire unique.
L’Asie centrale, un passage obligatoire
Quoi de mieux alors que l’Asie centrale pour découvrir les modes de vie nomades ? Depuis le début du voyage, c’est une région qui les fait rêver. Une étape qu’ils voulaient à tout prix ne pas louper, comme ils l’expliquent dans des vidéos face caméra, bien qu’il aurait été plus simple de traverser l’Asie mineure pour atteindre l’Asie de l’Est. Les steppes kazakhes et kirghizes valaient bien le détour pour les trois frères.
« On avait trop envie de découvrir l’Asie centrale et sa culture nomade, c’était très important pour nous », expliquent-ils presque en chœur. Au programme, un documentaire sur la chasse à l’aigle au Kirghizstan, sur la transhumance et sur le mythique jeu de kok-borou.
Une étape obligatoire pour son histoire aussi. Aller à la rencontre de la diaspora coréenne du Kazakhstan, déportée depuis l’époque stalinienne, était identitairement très important pour cette fratrie de mère coréenne. Un teaser du reportage en préparation est sorti sur leur chaîne Youtube, qui parlera des traditions coréennes qui continuent de vivre dans les steppes kazakhes.
Un périple pas toujours simple
Les youtubeurs-voyageurs se livrent également sur leurs difficultés du quotidien à voyager. « On est loin d’être des professionnels », confie l’un d’entre eux. Le voyage en lui-même étant une organisation à part, l’idée de réaliser des documentaires long-formats peut être contraignante. « Mais on essaie de se professionnaliser sur les documentaires au fur et à mesure, pour avoir un bon rythme de vidéos et du contenu qualitatif. »
Dans leurs vidéos, les youtubeurs n’hésitent pas à partager les difficultés ponctuelles qu’ils rencontrent sur la route. Leur voiture qui tombe en panne en haut d’une chaîne de montagnes au Kirghizstan, l’échec de la rencontre avec la panthère des neiges kirghize, ou encore le casse-tête pour traverser des frontières terrestres, parfois fermées ou bondées.
« Pour passer la frontière entre la Russie et le Kazakhstan, ça nous a pris trois jours ! » Arrivés quelques jours après le 21 septembre dernier à la frontière entre la Russie et le Kazakhstan, les frères Philippe étaient présents en même temps que les milliers de Russes fuyant la mobilisation partielle. En vidéo, ils décrivent le quotidien dans la file d’attente au poste frontalier, mais aussi l’histoire et la tension de ces milliers de Russes qui tentent d’échapper à la guerre.
Emma Collet
Rédactrice pour Novastan
Relu par Charlotte Bonin
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