La Russie et le Kazakhstan sont des partenaires fiables et de longue date : ces dernières années, les échanges commerciaux entre les deux pays ont augmenté de presque 7 %. Selon le pronostic des spécialistes, ce chiffre devrait croître encore grâce à la mise en place de nouvelles mesures bilatérales.
Novastan reprend et traduit un article publié le 13 février 2020 par le média kazakh Central Asia Monitor.
En janvier dernier, le Premier ministre kazakh Askar Mamin a annoncé que le commerce extérieur du Kazakhstan avait représenté 97 milliards de dollars (89 millions d’euros) en 2019, enregistrant ainsi une hausse de 3,7 % par rapport à l’année précédente. La majeure partie de ces échanges se fait avec la Russie : près de 80 % des exportations kazakhes vont vers la Russie, tandis que 50 % des importations russes en hydrocarbures viennent du Kazakhstan.
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Selon la représentation commerciale russe au Kazakhstan, les échanges commerciaux des deux pays ont atteint 19,6 milliards de dollars (18 milliards d’euros) en 2019, ce qui représente une augmentation de 1,2 milliard de dollars par rapport à 2018. Cela concerne principalement les produits minéraux (4,3 milliards de dollars), les voitures, les équipements, les moyens de transport, les métaux et les produits finis qui en sont issus (3,9 milliards de dollars). Une baisse de la part du complexe énergétique se profile, au profit des marchandises à haute valeur ajoutée.
Malgré une croissance stable, le potentiel de la coopération commerciale entre le Kazakhstan et la Russie n’a pas atteint son apogée. Les présidents kazakh et russe, Kassym-Jomart Tokaïev et Vladimir Poutine, ont fixé à leurs gouvernements respectifs la tâche d’élargir cette coopération bilatérale. Kassym-Jomart Tokaïev s’est exprimé très clairement à ce sujet à l’automne 2019 lors du sommet des chefs d’État de la Communauté des États indépendants (CEI). « La création en 2011 de la zone de libre-échange de la CEI a amélioré les conditions d’échanges commerciaux entre nos deux pays. Toutefois, le renforcement de cette coopération commerciale exige que nous poursuivions nos efforts afin de surmonter les obstacles existants. Nous avons besoin de nouvelles perspectives de croissance qui donneront un nouvel élan à notre coopération économique ».
Les perspectives de croissance
Pour le Kazakhstan, l’objectif principal est d’intensifier l’exportation de ses marchandises vers la Russie. Jusqu’à présent, le volume des exportations est en effet bien plus bas que celui des importations. Selon les chiffres de 2019, les exportations de produits depuis le Kazakhstan vers la Russie ne s’élevaient qu’à 5,6 milliards de dollars, contre 14 milliards de dollars pour les importations de provenance russe.
Le Kazakhstan approvisionne notamment la Russie en viande, farine et produits métallurgiques. Sur les étals des supermarchés des régions frontalières, les Russes ont l’habitude de retrouver les produits kazakhs. Pour le ministre russe de l’Industrie et du Commerce, Denis Mantourov, « la Russie et le Kazakhstan ont noué de vastes liens dans presque toutes les sphères de l’économie […] mais nous avons encore beaucoup de choses à développer ». Il cite par exemple le projet de développement des gisements de minerais de phosphate et de construction d’une usine de production d’engrais minéraux à Kentaou, porté par l’entreprise russe MCC EuroChem. La production qui en découlera devrait être vendue aussi bien sur le marché intérieur kazakh qu’à l’étranger, et notamment en Russie.
Mais au-delà des échanges commerciaux, l’objectif est d’intensifier la coopération transfrontalière en mettant en place des usines de productions russo-kazakhes : à ce jour, 340 ont déjà été créées. Lors du Forum de coopération interrégionale d’Omsk en novembre 2019, Vladimir Poutine a déclaré que Moscou s’intéressait à l’expansion de la coopération industrielle et à la création d’entreprises conjointement avec le Kazakhstan dans les zones frontalières. Le président russe a par exemple cité la possibilité de construire une raffinerie de pétrole dans l’oblast d’Orenbourg, où la matière première proviendrait du Kazakhstan.
La zone frontalière entre le Kazakhstan et la Russie est ainsi l’avant-garde des relations économiques bilatérales entre les deux pays, et surtout le moteur de « l’esprit libre » du commerce.
La coopération transfrontalière, moteur du commerce
Les exemples de coopération entre des régions kazakhes et russes sont déjà nombreux. En seulement un an, les échanges commerciaux entre le Kazakhstan et l’oblast d’Omsk ont ainsi augmenté de plus de 20 %. Lors du Forum d’Omsk, le gouverneur de la région (oblast), Alexandre Bourkov, a ainsi déclaré que « si l’on observe les échanges commerciaux de notre région, un quart d’entre eux sont évidemment liés au Kazakhstan. En 2018, ils ont représenté environ 240 milliards de dollars.» Le gouverneur a également ajouté qu’« aujourd’hui, le Kazakhstan est essentiel à l’oblast d’Omsk ».
L’oblast d’Orenbourg est un autre partenaire commercial stratégique pour le Kazakhstan. En 2018, le volume commercial entre le Kazakhstan et l’oblast d’Orenbourg a dépassé les 800 millions de dollars. Ici, on mise sur le développement des petites et moyennes entreprises dans les deux régions frontalières. Fin novembre, des chefs d’entreprise kazakhs de différentes régions se sont d’ailleurs rendus dans l’oblast d’Orenbourg pour une série de réunions d’affaires et pour y présenter leur production.
Dans l’ensemble, comme le constate le ministère kazakh du Commerce et de l’Intégration, le commerce entre les régions frontalières de la Russie et du Kazakhstan montre une croissance certaine, bien que toujours peu élevée en terme de pourcentage. « L’exportation de nos produits transformés a augmenté de 18 %. Et, bien que le volume écrasant des produits vendus revienne toujours aux matières premières, un taux de croissance aussi spectaculaire des exportations de produits transformés témoigne de la croissance de la compétitivité de nos produits et de l’intérêt que leur portent les consommateurs russes », remarquait le ministère en octobre 2019.
Surmonter les obstacles
Cependant, deux points restent à améliorer pour permettre d’intensifier les relations transfrontalières entre le Kazakhstan et la Russie. Tout d’abord, il est nécessaire de rénover les infrastructures routières, qui voient leur affluence augmenter depuis la mise en place d’un tarif douanier commun. « Les infrastructures actuelles ne correspondent plus aux exigences d’aujourd’hui », a déclaré Kassym-Jomart Tokaïev lors du Forum de coopération interrégionale. « Un gigantesque travail de fond est nécessaire. Il faut moderniser les passages frontaliers, en tenant compte des nouvelles voies de circulation, comme la Nouvelle route de la Soie et le couloir de transport international Nord-Sud. »
Il subsiste également des flous juridiques auxquels il faut remédier pour permettre aux productions kazakhes un meilleur accès au territoire russe. Des mesures sont en train d’être élaborées pour résoudre ces deux problèmes. Le président kazakh a chargé le gouvernement de concevoir un programme de développement de la politique commerciale jusqu’en 2025. De plus, à la fin de l’année 2019, Kassym-Jomart Tokaïev et Vladimir Poutine ont adopté un programme frontalier de coopération « Russie-Kazakhstan », ainsi qu’un programme d’action conjointe sur le fonctionnement des points de passage à la frontière russo-kazakhe. La mise en œuvre de ces deux programmes devrait permettre d’éliminer les principaux obstacles à court terme.
Margarita Vaïda
Journaliste pour Central Asia Monitor
Traduit du russe Camille Calandre
Edité par Anne Pouzargues
Relu par Anne Marvau
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