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Le président kazakh commémore les victimes des répressions et de la famine des années 1930

Le 31 mai dernier, le président kazakh Kassym-Jomart Tokaïev a honoré la mémoire des victimes de la répression politique et de la famine durant l’ère soviétique. Il a rappelé qu’une commission d'État avait été créée pour achever la réhabilitation des victimes. Celle-ci mène un travail fastidieux et conséquent, à la suite de la déclassification de nombreuses archives.

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Le président du Kazakhstan Kassym-Jomart Tokaïev s'adresse à la nation kazakhe le 31 mai, en souvenir aux victimes de la répression soviétique (illustration).

Le 31 mai dernier, le président kazakh Kassym-Jomart Tokaïev a honoré la mémoire des victimes de la répression politique et de la famine durant l’ère soviétique. Il a rappelé qu’une commission d’État avait été créée pour achever la réhabilitation des victimes. Celle-ci mène un travail fastidieux et conséquent, à la suite de la déclassification de nombreuses archives.

Pour la Journée nationale en souvenir des victimes de la répression politique et de la famine durant l’ère soviétique, le 31 mai dernier, le président du Kazakhstan Kassym-Jomart Tokaïev a tenu une allocution dirigée à la population. Retranscrite sur le site officiel de la présidence kazakhe, le président a évoqué « l’une des pages les plus sombres des annales du pays. »

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Ce discours a permis à Kassym-Jomart Tokaïev de rappeler les exactions commises par le régime soviétique sur le territoire du Kazakhstan durant les années 1930. Ce faisant, il continue de mener une politique mémorielle initiée depuis l’indépendance du Kazakhstan.

Le Kazakhstan dans les années 1930, terre de famine et de répression

En reprenant son discours de 2020 dans les grandes lignes, le président kazakh a évoqué la répression de 1937-1938 et la famine endurée par les Kazakhs entre 1932 et 1934.

A l’origine de la famine, la collectivisation des terres, initiée par le régime soviétique. « La collectivisation effrénée a conduit à une catastrophe sans précédent dans la Grande Steppe, qui est devenue, par essence, une catastrophe humanitaire de nature mondiale » a-t-il notamment déclaré à ce sujet.

Lire aussi sur Novastan : La famine kazakhe, grande oubliée de l’histoire soviétique

Considérant les répressions politiques, le président kazakh a déploré la déportation de plus de 100 000 Kazakhs. Parmi les déportés, un quart d’entre eux ont été condamnées à mort.  

Plus largement, 11 camps de travail forcé du Goulag se situaient sur le territoire actuel du Kazakhstan. Kassym-Jomart Tokaïev a rappelé que 5 millions de personnes avaient travaillé dans ces camps. Provenant de toutes les parties de l’Union soviétique, les habitants soupçonnés de collusion contre le régime étaient déportés dans des camps de travail. Durant la Grande Guerre Patriotique, c’étaient les individus accusés de soutenir les ennemis de l’URSS qui étaient déportés au Kazakhstan. Les déportations de populations se sont poursuivies même après la Seconde Guerre mondiale.

Travail de la Commission d’Etat pour la réhabilitation des victimes de la répression politique

Kassym-Jomart Tokaïev a fait mention du travail de la Commission d’Etat pour la réhabilitation des victimes de la répression politique. Il a fait valoir que celle-ci n’accomplissait « pas seulement le devoir de l’État, mais aussi le devoir moral de la société. »

Initiée par décret le 24 novembre dernier, la Commission d’Etat mène un travail sur les archives de la période. Interrogée par Radio Azzatyq, la branche kazakhe du média américain Radio Free Europe, l’historienne Araïlym Moussagalieva a apporté des précisions sur le travail fourni par cette Commission d’Etat.

L’historienne a expliqué que celle-ci est formée de 11 groupes de travail, ayant pour but principal d’étudier les répressions et la famine des années 1930 et 1940. Les groupes de travail ont pour objectif de traiter les archives de cette période qui n’ont à ce jour pas encore été analysées. Elles doivent permettre à terme la réhabilitation d’un nombre important de victimes du régime soviétique.

Araïlym Moussagalieva a par ailleurs exposé à Radio Azzatyq les raisons de la famine kazakhe. Elle fait valoir qu’après 1928, de nombreux Kazakhs ont été victimes de la réorganisation de l’agriculture. Nomades, ces derniers ont été privés de leur bétail, confisqué par les gouverneurs soviétiques. Couplé à la sécheresse de 1932-33, beaucoup de Kazakhs ont fini par perdre une grande partie de leur bétail et de leur production.

Histoire et mémoire au Kazakhstan

Saluant le travail de son prédécesseur, Noursoultan Nazarbaïev (1989-2019), le président du Kazakhstan a dénoncé « la nature inhumaine du totalitarisme » soviétique. Deux camps de travail forcé avaient été transformés en lieux de mémoire et d’histoire par l’ex-président.

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Le Kazakhstan a adopté très tôt dans son indépendance des lois de réhabilitation des victimes. En 1993, la loi sur la réadaptation des victimes de répressions politiques de masse a été votée. C’est par ailleurs Noursoultan Nazarbaïev qui avait décrété que le 31 mai deviendrait la Journée en souvenir des victimes de la répression politique.

Léo Friedrich
Rédacteur pour Novastan

Relu par Emma Jerome

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