Le Festival du film kazakh, déjà présent à Paris depuis quelques années, s’agrandit : en 2023, il projette des films au Cameroun. Novastan s’est entretenu avec le directeur artistique sur cette expansion dans l’espace francophone.
Depuis 2019, Paris accueille le Festival du film kazakh. Après avoir traversé l’année 2020 et ses restrictions sanitaires, le festival est revenu en force en 2021 en sortant de Paris pour explorer la francophonie européenne. À la suite de l’édition 2022, il continue son expansion en France, en Europe, mais aussi vers l’Afrique en ce début d’année 2023. André Raphaël Ivanov, délégué général et directeur artistique du festival, a discuté avec Novastan des objectifs de coopération internationale et de représentation de la diversité au cœur du projet.
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Lors de cet entretien, André Raphaël Ivanov était encore à Yaoundé au Cameroun. Alors que le Festival du film kazakh s’achève dans la capitale africaine, il est revenu sur cette saison 2022-2023 qui a vu s’accélérer son internationalisation dans la francophonie.
Une édition parisienne réussie
Avant cela, Novastan lui a demandé comment s’était passée la dernière édition parisienne, qui a eu lieu du 27 au 30 octobre dernier. La réussite des années précédentes s’est confirmée : les huit projections présentées dans la capitale ont toutes eu leurs 200 places comblées. Cette réussite s’explique en partie par le parcours du fondateur du festival, qu’il avait déjà pris le temps de détailler à Novastan en 2019 lors de la tenue du premier Festival du film kazakh à Paris.
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Ce succès n’avait rien d’évident aux débuts du festival, qui représentait aussi, a expliqué André Raphaël Ivanov, une sorte de défi à ses yeux. Au-delà des aspects relatifs à la production qu’il connaissait déjà bien, il lui a fallu apprendre au fur et à mesure à répondre à toutes les questions qui se posaient, de la création d’un site Internet à l’organisation d’ateliers professionnels et de masterclass.Chaque année depuis sa création, pourtant, le Festival du film kazakh s’est élargi et renforcé.
Dès l’édition 2021 et une fois les restrictions sanitaires allégées, le festival voyage à Strasbourg et, dans la francophonie, au Luxembourg et à Bruxelles pour des projections spéciales. En 2022-2023, lors de la quatrième édition du festival, ce mouvement se poursuit avec un passage à Genève, puis à Yaoundé et enfin dans la région nantaise à partir du 7 février.
La coopération internationale, ambition première du festival
Au-delà de la présentation de films kazakhs, l’objectif d’André Raphaël Ivanov a toujours été de densifier les échanges entre le Kazakhstan et la France. Plus généralement, comme il l’expliquait à Novastan en octobre 2022, l’ambition de ce projet est et a toujours été l’intensification de la coopération internationale.Dans cette idée, depuis 2021, le festival organise une journée de rencontre entre professionnels du cinéma.
De plus, pour la première fois cette année, l’édition parisienne du festival a organisé un concours de projets de coproductions franco-kazakhes. Fruit entre autres du soutien conjoint du Centre National du Cinéma (CNC) kazakh et du ministère des Affaires Étrangères français, ce concours est un témoin de cette volonté de coopération internationale portée par le festival.
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Le CNC kazakh, fondé sur le modèle de son homologue français, travaille à cette même idée, comme l’a souligné André Raphaël Ivanov lors de l’entretien. Affichant sa volonté de donner naissance à des coproductions, le centre prévoit également d’allouer un budget aux cinéastes. Dans ce contexte, l’objectif du travail du directeur artistique serait d’arriver à la signature d’un accord de coopération entre les deux pays.
Yaoundé : une internationalisation
Parallèlement à la coopération franco-kazakhe stricto sensu, le festival a quitté l’Europe pour se présenter à Yaoundé, au Cameroun. C’était le premier voyage d’André Raphaël Ivanov en Afrique, l’occasion pour lui de souligner ce qui le motive depuis le début, lui et le festival : une excitation face à la nouveauté et à ses difficultés, et une volonté de promouvoir la diversité des cultures.
Malgré quelques difficultés d’organisation, André Raphaël Ivanov a ainsi expliqué que le festival se passait bien, et qu’il profitait du voyage pour découvrir les villages et la forêt camerounaise. Cette découverte est représentative, dans une certaine mesure, des relations interétatiques entre Astana et Yaoundé, où le Kazakhstan n’a pas établi d’ambassade à ce jour.
La volonté de représenter la diversité dans le cinéma
Le délégué général du Festival du film kazakh a ainsi souligné que l’Afrique et le Kazakhstan se connaissaient encore assez mal mutuellement. Ses différents contacts ont manifesté d’après lui « beaucoup d’intérêt et de stupeur » lorsqu’il leur a annoncé le projet, le conduisant à comprendre qu’il était nécessaire, pour le festival, d’aller en Afrique.
Le Kazakhstan, « encore méconnu malgré sa place de leader régional, au centre des événements actuels », de la guerre en Ukraine notamment, a besoin de « créer des liens avec d’autres pays méconnus » selon André Raphaël Ivanov. Dans ce contexte, se diriger vers l’Afrique francophone en particulier a été identifié comme un de ces besoins.
Dans le cadre plus restreint du festival, l’objectif est aussi de « voir sur place comment se passent les choses, de voir comment les films étrangers sont appréciés ou non » a expliqué André Raphaël Ivanov. Rappelant le caractère central de la diversité, il a déclaré avoir été touché par le fait qu’au Cameroun, le cinéma français n’était pas aussi connu qu’il aurait pu s’y attendre. Montrer la diversité internationale du cinéma est ainsi son ambition, dans toute sa largeur. Cette ambition a aussi une dimension de profondeur : représenter la pluralité edes cinéastes, et surtout celle des points de vue que chaque pays a à offrir.
Un développement possible grâce aux partenariats et à la solidarité
Ce sont les financements privés et les mécènes, comme les groupes ERG ou Vicat, qui permettent au festival de s’agrandir tout en gardant une certaine indépendance dans le choix des films. Mais André Raphaël Ivanov insiste sur le fait que la solidarité entre cinéastes est un moteur de développement indispensable également.
« C’est important de mentionner que le festival s’internationalise principalement grâce à ses partenariats et à la solidarité entre cinéastes. C’est le cas notamment de l’invitation du Festival du film kazakh en Afrique par Sylvie Nwet, directrice du festival Yarha au Cameroun, l’invitation à collaborer dans le cadre du festival Cap à l’Est de Montpellier par Laurence Thébault, l’invitation par Macha Milliard, directrice du Festival Univerciné à Nantes, etc… », explique-t-il. Achevé à Yaoundé le 29 janvier dernier, le festival revient en France, en partenariat avec le Festival Univerciné, avec des projections prévues à Nantes et sa région du 7 au 12 février prochains.
Jean Monéger
Rédacteur pour Novastan
Relu par Élise Piedfort
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