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La Mer Caspienne a-t-elle atteint un point de non-retour ?

Les écologistes et les experts tirent la sonnette d’alarme : la mer Caspienne pourrait connaître le même destin que la mer d’Aral. Par endroits, le littoral du plus grand lac du monde a reculé de 100 km en raison de la baisse du niveau d’eau.

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La Mer Caspienne a perdu plusieurs dizaines de centimètres depuis les années 2000.

Les écologistes et les experts tirent la sonnette d’alarme : la mer Caspienne pourrait connaître le même destin que la mer d’Aral. Par endroits, le littoral du plus grand lac du monde a reculé de 100 km en raison de la baisse du niveau d’eau.

Novastan reprend et traduit ici un article publié le 21 août 2019  par le média kazakh time.kz

La mer Caspienne pourrait-elle connaître le destin de la mer d’Aral, asséchée de la main de l’homme depuis les années 1960 ? C’est la crainte de plusieurs scientifiques, qui observent l’amenuisement de ses deux principaux affluents, la Volga et l’Oural. Cet été, le niveau d’eau était catastrophique dans la région russe (oblast) d’Astrakhan, bordant la Caspienne.

Selon le groupe de travail interministériel sur la réglementation du fonctionnement des bassins de retenue de la cascade Volga-Kama, le mois de juin 2019 a été critique pour la basse Volga, qui a enregistré son niveau d’eau le plus bas depuis plusieurs décennies.

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Le ministère de l’Agriculture et de la Pêche de l’oblast a confirmé que cette baisse, conjuguée à une hausse de la température et à un manque d’oxygène dans l’eau, provoque une mortalité massive chez les poissons.

« En juin, la situation du cours inférieur de la Volga n’était pas brillante. Les crues printanières se sont terminées tôt, dès le 26 mai. Le niveau de la Volga dans la région d’Astrakhan était près de deux mètres plus bas que les marques moyennes (432 cm), plafonnant à 235 cm à peine. La hausse de la température de l’eau à plus de 28 degrés et la baisse du niveau d’oxygène sous les 6,0 mg/l sont les principales causes de disparition de la sandre, du brochet, de la carpe et de la brème », a ajouté le ministère dans un communiqué officiel. « En l’état actuel, le carassin, le rotengle, la brème bordelière, la tanche et le hareng vont suivre. Les études menées en juin 2019 dans les bassins de reproduction du delta oriental de la Volga, à Bouzanski, Haute-Rytchanski et Zelenguinski, ont montré que la température de l’eau dans l’estran de la Volga atteignait 28,3°C et jusqu’à 32°C à midi dans certains points à sec. Cette hausse a eu des répercussions néfastes sur l’habitat des poissons de tous âges », décrit le ministère.

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Le fond de la mer Caspienne asséché.

Une situation similaire s’est produite en 2019 sur le fleuve Oural. Malgré la neige abondante en hiver, aucune crue n’a été enregistrée au printemps. La neige fondue a été absorbée par le sol. Selon Kazhydromet, l’agence de surveillance hydrométrique kazakhe, le volume d’eau du fleuve a chuté de 30 à 40 % par rapport à l’année précédente.

Les agriculteurs en ont été les premières victimes. Selon le porte-parole de l’administration (akimat) d’Atyraou, l’une des régions kazakhes bordant la Caspienne, les 18 exploitations agricoles du district d’Erkinkala qui puisent l’eau du canal Zarosly n’avaient jamais connu de problèmes d’irrigation auparavant. Mais en 2019, le canal s’est asséché et les agriculteurs n’ont pu pomper l’eau nécessaire pour arroser leurs terres. Son de cloche similaire pour les horticulteurs et maraîchers d’Atyraou et d’Ouralsk, dont beaucoup ont vu leurs récoltes de légumes et de fruits perdues.

État critique

La mer Caspienne a également fait les frais de cette situation. Kazhydromet précise toutefois qu’elle est d’ordinaire soumise à des fluctuations de niveau. Ainsi, une période anormalement longue de baisse de niveau a été enregistrée de 1930 à 1977, suivie par une période de hausse jusqu’en 1995. Depuis 2006, la baisse s’est lentement réamorcée. Selon les prévisions de Roshydromet, l’agence russe d’hydrométrie, en 2019, la profondeur moyenne sera inférieure aux 87 centimètres des dernières années et diminuera encore de 10 centimètres au premier trimestre 2020.

Selon des images satellites, le nord-est de la mer Caspienne s’est asséché sur plus de 5 000 kilomètres carrés entre 2005 et 2018, formant de nouveaux îlots et un nouveau littoral.

Comme l’indique le représentant de Kazhydromet pour la province de Manguistaou, Nourlan Sarsenbaïev, sept employés sont attachés à la surveillance permanente de la mer dans la région. « Ils contrôlent le niveau de l’eau, sa salinité, sa température et son agitation. D’après nos données, le niveau a diminué de 1,5 mètre au cours des 15-20 dernières années, essentiellement dans le nord-est de la mer Caspienne. Ainsi, dans la région d’Atyraou, le littoral a reculé par endroits de 25 à 50 kilomètres sous l’influence de certains facteurs, principalement les changements climatiques et l’activité humaine. La mer Caspienne dépend fortement de ses affluents, dont le niveau a drastiquement baissé. On note toutefois que la salinité de l’eau reste normale », explique-t-il.

Sur les 5 970 kilomètres de littoral de la mer Caspienne, 2 320 se trouvent au Kazakhstan. Une baisse de plus d’un mètre du niveau de la mer peut entraîner un recul du littoral de 50 kilomètres, en particulier au Kazakhstan où le fond de la mer est en pente douce, facilement asséchable. Le moindre changement de niveau cause dès lors des inondations ou des sécheresses importantes.

Les phoques appellent à l’aide

Les experts sont unanimes : les autorités russes et kazakhes doivent coopérer et prendre ce problème à bras le corps. Pour l’académicien et vice-président de la Société géographique de Russie, Alexandre Tchibiliov, il est nécessaire de mener de nouvelles recherches approfondies sur les fleuves Volga et Oural, les dernières datant des années 1970, et de créer un centre spécifique pour étudier l’Oural. Il souligne par ailleurs la nécessité de fonder une institution internationale centrale, avec la participation de l’État, pour s’assurer de la compétence des acteurs.

Pour le directeur de l’ONG Eco Manguistaou, Kiril Ossine, il faut passer à l’action. « La question de la mer Caspienne est soulevée dès que possible lors de nos réunions de travail. Nous savons que cette mer est sujette aux flux, mais l’état actuel de ses affluents est alarmant. Les besoins industriels et agricoles ont augmenté la consommation d’eau. Il est donc nécessaire d’utiliser de manière rationnelle les eaux de l’Oural et de la Volga », a-t-il poursuivi.

Dans le détail, la baisse du niveau de la mer Caspienne affecte directement la population de phoques. Assel Baïmoukanova étudie ces animaux depuis cinq ans. Chaque année, au printemps et en automne, elle se rend avec ses collègues dans la province de Manguistaou pour procéder à des analyses. Selon elle, les changements de niveau sont d’une importance capitale pour le phoque de la mer Caspienne.

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Assel Baïmoukanova tente de protéger la faune autour de la mer Caspienne.

« La partie kazakhe de la mer Caspienne abrite des endroits importants pour ces mammifères, des îles où ils muent et se reposent au printemps et en automne. La baie de Komsomolets, sur les îles Dourneva, en est un. Les phoques sont nombreux ici, car l’endroit est difficile d’accès pour l’homme. Mais la baie disparaît suite à la baisse du niveau de la mer et est envahie de roseaux », alarme Assel Baïmoukanova.

En outre, quand le fort vent d’est souffle sur la côte, le niveau baisse encore et de grands espaces affleurent, ce qui constitue un obstacle difficile pour les phoques. Chaque année, le nombre de ces havres diminue et ils deviennent plus accessibles.

Un centre d’étude et de réhabilitation des phoques de la mer Caspienne a ouvert durant l’été 2019 à Aktaou pour résoudre le problème de leur extinction. Il s’agit du premier centre du Kazakhstan, créé avec le soutien de la fondation caritative Saby en collaboration avec l’Institut centrasiatique de recherche environnementale. Il serait maintenant judicieux de créer un centre de recherches du même type pour la mer Caspienne. Car si son statut juridique a été fixé depuis un an et que les enjeux environnementaux sont connus, les déclarations se succèdent dans les pays bordant la mer Caspienne sans qu’aucune action ne suive.

Langa Tcherechkaïte
Journaliste pour Time.kz

Traduit du russe par Pierre-François Hubert

Edité par Nazira Zhukabayeva

Corrigé par Aline Simonneau

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Commentaires (2)

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philippejamel, 2020-09-18

la mer d’aral a été la victime des cultures de coton mais et autres cultures industrielles non adaptée au climat, la mer caspienne devait avoir un canal pour relier la turquie, et un canal via l’iran pour rejoindre le golf au sud.

oui la mer caspienne va disparaitre : cela va être plus facile d’exploiter le pétrole, pour traverser cette frontière terrestre avec les blindés. il y a la nature (27m + haut que l’océan) et les hommes qui font tout pour supprimer cette mer

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POLLET, 2023-06-1

Cette mer risque de connaitre le même triste sort que la mer d’Aral si rien n’est fait pour la protéger…alors que font tous les dirigeants politiques des pays riverains …apparemment pas grand chose …quelle honte !!!

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