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IT : le premier album du rappeur The OM

The OM, musicien hip-hop actif au Kirghizstan et au Kazakhstan, a sorti début août 2021 son premier album, IT. Critique.Novastan reprend et traduit ici un article publié par notre version allemande le 30 août 2021.Certains albums semblent mener à l’intérieur d’une pièce de théâtre ou d'un temple. Dès les premières notes de l’album IT, une telle réverbération mystique se fait sentir. Puis la voix rugissante : « Un pas dans l’abîme ! » Elle appartient à l’un des nombreux personnages que le musicien incarne au cours des autres morceaux.

The OM live 2021
The OM en live, 2021.

The OM, musicien hip-hop actif au Kirghizstan et au Kazakhstan, a sorti début août 2021 son premier album, IT. Critique.Novastan reprend et traduit ici un article publié par notre version allemande le 30 août 2021.Certains albums semblent mener à l’intérieur d’une pièce de théâtre ou d’un temple. Dès les premières notes de l’album IT, une telle réverbération mystique se fait sentir. Puis la voix rugissante : « Un pas dans l’abîme ! » Elle appartient à l’un des nombreux personnages que le musicien incarne au cours des autres morceaux.

Un album d’introspection

The OM, 24 ans, de son vrai nom Aleksandr Doulepinskikh, a grandi dans les années 2000 à Taraz, dans le sud du Kazakhstan. Sa mère était journaliste et son père musicien de jazz. Sa jeunesse est déjà marquée par différentes influences musicales. D’où la citation en anglais de la chanteuse de jazz belge Mélanie de Biasiodans l’introduction : « Maman, regarde ma vie, / C’est un voyage solitaire ».

Dans le morceau Zakat (Coucher de soleil), il consacre quelques lignes à cette époque : « À quoi sert l’aide de Dieu à Taraz, / Maman s’échine avec trois emplois voire plus, / Monsieur le Président ne change pas de visage. » Celui qui veut réussir dans de telles conditions doit être actif, car « la foi seule ne rapporte pas d’argent ». Ou bien il faut se replier sur soi-même en quête de délivrance, comme le suggère le refrain chanté par un chœur d’enfants : « Un si beau coucher de soleil, et il apparaît ici en moi ! »Zakat fait partie, avec quelques autres morceaux de l’album, de la bande originale de la deuxième saison de la série kazakhe Cheker, qui met en scène un jeune homme plongé dans l’univers du trafic de drogue. C’est également dans ce contexte qu’a été tourné le clip musical, mettant en scène The OM avec un chapeau et un long manteau, tel un élégant héros de western dans les steppes kazakhes.

The OM

The OM a commencé la musique à Taraz. Il a d’abord expérimenté chez lui avec des micros qu’il avait sous la main et un logiciel d’enregistrement téléchargé, puis en studio. En 2013, il a déménagé à Bichkek, à quatre heures de route, pour étudier le journalisme. C’est là – sous le nom d’artiste OneSickBastard – qu’il fait ses débuts sur la scène de rap locale quatre ans plus tard, lors d’un concours de musique hip-hop.S’en est suivie une collaboration plus étroite avec le vétéran du hip-hop de Bichkek Belyi, avec lequel il gère depuis fin 2017 le studio d’enregistrement Biblioteka Records. Depuis fin 2020, le musicien a rejoint le label de musique Õzen, basé à Almaty, qui a également produit IT. En revanche, le rappeur Okean Tikhii, seul invité de l’album, vient de Bichkek. Il s’agit du morceau Mousorka (Poubelle), un traité sur la performance et l’authenticité.

Dualité et excès

L’album atteint un point culminant théâtral plus tard, dans le morceau Vverkh-Vniz (Haut et bas). Deux personnages s’opposent. Une voix énergique crie : « Je me sens chez moi ! » face à la voix froide et enfumée de l’introduction : « N’oublie pas que tu es un invité ». La confrontation donne l’impression d’un dialogue intérieur. Dans une versionlive du morceau, les alter ego se distinguent par leur coiffure et leur gestuelle, les longues boucles dandy de The OM étant tantôt détachées, tantôt attachées en tresse.Lisez aussi sur Novastan : Le rap centrasiatique en 10 morceauxLes textes expriment le danger et l’excès. Ainsi dans Vverkh-Vniz : « Ton frère est à nouveau aux infos / Quelque chose a encore mal tourné et le plan n’a pas fonctionné. » Ou encore : « Promets-moi de me retrouver si je ne reviens pas ! » prononcé par une voix féminine dans le morceau trépidant Obechtchaï.Contrairement à la première moitié de l’album au son sombre et chargé de basses, la seconde moitié semble plus détendue. Ainsi, Namarafonilis, un néologisme qui signifie en français « faire trop de marathons », exprime déjà plus de calme avec ses notes de guitare électrique. Tout comme le morceau teinté de lyrisme Nezatchem (Pour rien), dont l’instrumentation penche beaucoup vers le nu metal : « Je n’ai pas de raison de chercher la douleur / Plus de raison de cacher ma passion / Je n’ai plus de raison de porter une armure / De mentir à nouveau… »

« Que sais-tu de moi ? »

La signification de IT reste ouverte. Le titre peut aussi bien être un sigle que le mot chien en kirghiz et kazakh. L’album ne peut pas non plus être classé clairement : les influences hip-hop sont évidentes dans le chant parlé et la production, mais The OM se sert aussi beaucoup d’éléments de jazz et de rock. Même l’introduction se termine par un chant entraînant allant crescendo : « Que sais-tu de moi / Je ne suis pas celui-ci. / Dis-moi ton secret, / Et moi le mien. / Non, jamais, à personne… »

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Les premiers remerciements de The OM après la sortie de l’album début août 2021 sont adressés au musicien kazakh Mark Otpiatogo : « C’est justement ce génie fou qui a produit, mixé et masterisé mon nouvel album, notre nouvel album… Il est d’ailleurs très flatté que vous aimiez le son ! »En effet, cet album d’une vingtaine de minutes seulement vit de sa complexité. Ce sont les nombreuses voix et interventions sonores en arrière-plan, ainsi que l’utilisation précise des basses, qui donnent du caractère au premier album réussi de The OM. Cela vaut la peine de l’écouter plusieurs fois pour en saisir toutes les subtilités et les nuances.L’album peut être écouté sur YouTube et sur toutes les plateformes de streaming.

Florian Coppenrath Rédacteur pour Novastan

Traduit de l’allemand par Angèle Bretin

Édité par Johanna Regnaud

Relu par Emma Jerome

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