Durant tout le mois d’octobre, une exposition virtuelle gratuite met en lumière la vie des animaux d’élevage au Kazakhstan et au Kirghizstan. Ces photographies, signées Bogna Wilkowska, dénoncent la violence des pratiques industrielles d’élevage croissantes en Asie centrale.
Chaque 2 octobre 2025 est célébrée la journée mondiale des animaux d’élevage, visant à sensibiliser sur la violence des pratiques de l’agriculture industrielle. A cette occasion, une exposition de photographie nommée “Les Animaux Invisibles d’Asie centrale” a été lancée par la photographe polonaise Bogna Wilkowska. Disponible gratuitement en ligne jusqu’au 31 octobre, les images retracent six mois de voyage dans des fermes et des abattoirs kirghiz et kazakhs.
Soutenu par We Animals, un collectif de photographes luttant pour les droits des animaux, ce projet dénonce l’exploitation animale au sein de l’agriculture industrielle. En Asie centrale, la consommation de viande est une importante tradition culinaire liée au nomadisme. Les pratiques traditionnelles d’élevage dans la région sont petit à petit remplacées par de la production industrielle, qui ne rime pas toujours avec bien-être animal.
Immortaliser la souffrance animale
Expérimentée dans le reportage sur l’élevage industriel, Bogna Wilkowska porte un nouveau regard sur l’Asie centrale. Jusqu’à maintenant, la vie des animaux de la région n’avait jamais été vraiment documentée. La photographe polonaise exprime ainsi sa volonté de “donner une voix aux animaux dans les pays où ils ne sont souvent pas pris en considération”, rapporte le média The Times of Central Asia.
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Dans cette exposition empreinte de sensibilité, les visiteurs se promènent dans une galerie virtuelle où les images parlent d’elles-mêmes. Si la souffrance des animaux est palpable ; pire encore, leur absence sur les photos laisse place à un vide éloquent, rempli par des restes de peau, d’os et de sang. Avant la section sur l’abattoir figure même un avertissement, nécessaire pour se préparer à la violence des images. “Au bout d’un certain temps, submergée par la violence, j’ai dû arrêter de photographier”, avoue Bogna Wilkowska.

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“Bogna Wilkowska capture l’abandon comme peu d’autres. Elle est à l’écoute de notre déconnexion, de la violence qui en découle, et des victimes abandonnées. Ses photographies rapprochent émotionnellement le spectateur de l’animal. Elle comprend leur souffrance si profondément que leurs expressions sont figées dans la caméra au moment décisif. Nous nous détournons facilement de la souffrance d’autrui. Mais si nous ne pouvons pas ouvrir nos cœurs, Bogna l’a fait pour nous”, commente la photographe canadienne Jo-Anne McArthur, également militante pour les droits des animaux.
Quel futur pour l’élevage en Asie centrale ?
Que ce soit le besbarmak, les mantis, le lagman ou encore les samsas, la viande est un incontournable de tous les plats traditionnels kirghiz et kazakhs. Le bœuf, le canard, le poulet et le cheval sont les viandes plus couramment cuisinées, souvent dans de très grandes quantités. En 2020, les Kazakhs ont ainsi consommé près de 65 kg de viande par an par personne, soit le double du Kirghizstan avec ses 30 kg.
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Le chameau est également élevé à des fins de consommation ; que ce soit pour sa viande ou son lait. Les chamelons sont alors séparés de leur mère, et engraissés avant d’être abattus. En photographiant l’industrie de la viande de cheval et de chameau, deux animaux rarement cuisinés en Europe, Bogna Wilkowska met également en avant le spécisme occidental. Si manger de la viande de mouton, de bœuf ou de porc ne semble pas condamnable, pourquoi celle d’autres animaux serait différente ?
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A travers l’exposition, la réponse de la photographe semble évidente : le problème n’est pas quel animal manger, mais le système d’élevage lui-même. S’il n’est pas envisageable d’arrêter la production de viande, il est possible d’améliorer les conditions dans lesquelles les animaux sont élevés. Des mouvements citoyens émergent à ce sujet, avec notamment l’organisation d’un festival vegan au Kazakhstan. Le travail de Bogna Wilkowska, à travers l’exposition “Les Animaux Invisibles d’Asie centrale” est un premier pas vers plus de sensibilisation sur le bien-être animal dans les élevages d’Asie centrale.
Salomé Aldeguer-Roure
Rédactrice pour Novastan
Relu par Hélène Bertrand
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Le bien-être animal dans les élevages d’Asie centrale sous l’objectif de la photographe Bogna Wilkowska
Léoming, 2025-10-14
Superbes photos qui ne laissent pas indifférent ! Merci de parler du bien-être animal et pour la découverte de cette expo !
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