Le président tadjik cherche à fonder une dynastie politique en positionnant son fils au-devant de la scène diplomatique, à l’instar des présidents de l’Ouzbékistan et du Turkménistan.
Le président tadjik continue de préparer sa succession. Dans l’après-midi du 28 mai, Vladimir Poutine a reçu une délégation tadjike, représentée pour la première fois par Rustam Emamoli, fils du président tadjik Emamoli Rahmon, selon Radio Free Europe.
En positionnant son fils au-devant de la scène politique nationale, le chef d’Etat du Tadjikistan réitère sa volonté de rendre la présidence héréditaire. Une ambition partagée par d’autres dirigeants de la région.
Ascension politique tadjike
Le nouveau rôle de Rustam Emomali s’inscrit dans la continuité de son ascension politique en cours depuis plusieurs années : il a d’abord été nommé chef du service douanier en 2013, puis de l’agence anti-corruption nationale en 2015. Deux ans plus tard, il est élu en tant que maire de la capitale du pays.
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La constitution est également modifiée via référendum pour permettre un nombre illimité de mandats présidentiels et abaisser la limite d’âge des candidats à la présidence de 35 à 30 ans. L’élection de Rustam Emomali en tant que président du Parlement tadjik, en 2020, lui garantit d’autant plus d’être le successeur légal de son père dans le cas où ce dernier démissionne.
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La nouvelle image du pouvoir en Ouzbékistan
En Ouzbékistan, le président Chavkat Mirzioïev privilégie sa fille Saïda Mirzioïeva tout en adoptant une autre stratégie que son homologue tadjik. Cherchant à maintenir l’image réformiste et moderne de son gouvernement, le président ouzbek a nommé en 2019 et 2020 sa fille à plusieurs postes liés à la diffusion des médias de masse, selon Gazeta.uz. En 2022, elle réhausse sa position en devenant cheffe du secteur de la politique de communication et d’information du bureau exécutif de l’administration présidentielle.
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Saïda Mirioïeva se positionne dans les médias en tant que championne des droits des femmes, de l’éducation et devient une figure emblématique de la période COVID-19. Mais c’est cette année 2025 que son rôle de successeure se concrétise, en participant pour la première fois à des négociations officielles avec la Russie au mois de mai, puis en étant nommée au poste de directrice de cabinet présidentiel en juin.
De père en fils au Turkménistan
Alors que les dirigeants tadjiks et ouzbeks préparent une transition de pouvoir à venir, l’ancien président turkmène Gourbanguly Berdimouhamedov a déjà entamé ce processus il y a plusieurs années. Il démissionne de son poste en 2022 pour permettre à son fils Serdar Berdimouhamedov de se présenter aux élections présidentielles, que ce dernier remporte sans surprise dans ce pays le plus autoritaire de la région.
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Le processus de succession reste cependant graduel pour Serdar : Gourbangouly Berdimouhamedov conserve une position d’influence au sein du gouvernement turkmène grâce à sa nomination en tant que président du Conseil du Peuple et l’attribution du titre formel « Leader National ». De quoi permettre à l’ancien président de légitimer le règne de son fils, sans lâcher entièrement prise sur le pouvoir.
Comment succéder en Asie centrale
En Asie centrale, la succession du pouvoir a une dimension interne et externe. D’abord, le président en place accorde de l’influence et des responsabilités politiques à son successeur. Puis le prétendant est comme de coutûme envoyé en Russie pour rencontrer le président russe Vladimir Poutine, en tant que représentant diplomatique. Cela s’est produit récemment avec les enfants des présidents tadjik, ouzbek ainsi qu’avec le président turkmène Serdar Berdimuhamedov qui s’était rendu en juin 2022 à Moscou, juste après son élection, pour sa première visite d’Etat.
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Cette relation entre la Russie et les républiques centrasiatiques est bénéfique pour tous ceux qui y participent. Accueillir les futurs dirigeants des pays centrasiatiques permet à Vladimir Poutine de maintenir l’influence russe dans la région et de se positionner en tant que partenaire incontournable.
La plupart de l’élite politique de la région ayant commencé leurs carrières sous le régime soviétique, l’acceptation des successeurs par le Kremlin permet aux dynasties présidentielles de légitimer leur présence politique tout en s’inscrivant dans une continuité historique.
Evan Chaisson
Rédacteur pour Novastan
Relu par Léna Marin
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