Le célèbre relais de la flamme olympique se transformera en relais de l’eau aux Jeux Nomades 2026. Cette annonce du Kirghizstan, organisateur de la sixième édition, vise à unir les pays participants autour d’une ressource dont la distribution est une question critique en Asie centrale.
Début décembre, le Kirghizstan a annoncé organiser un relais de l’eau à l’occasion de la prochaine édition des Jeux mondiaux nomades. A partir de juin 2026, des représentants du pays recueilleront de l’eau dans chaque région pour l’exposer sur le lieu de compétition.
Si ce relais suit le modèle des Jeux Olympiques, il ne sera cette fois pas question d’allumer la flamme mais d’éteindre les tensions autour de l’eau, notamment après la crise énergétique que vivent cet hiver le Kirghizstan et le Tadjikistan.
Un relais symbolique, rappelant que chaque goutte d’eau compte
Depuis leur création en 2012, les Jeux mondiaux nomades sont un événement culturel visant à affirmer la richesse culturelle des États centrasiatiques. De plus en plus populaire, l’événement international organisé tous les deux ans met en vitrine les pratiques ethniques et traditions héritées des nomades.
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Sélectionnées pour leur contribution au développement du sport, de la culture ou de la société, des “baatyr”, nom donné aux héros guerriers traditionnels, et des “elchiler”, anciens ambassadeurs des Khan, seront nommés dans chaque région d’ici 2026.
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Ces derniers seront chargés de remplir le köökör, une gourde traditionnelle en peau d’animal utilisée par les nomades, dans les sources sacrées du Kirghizstan. Ce projet sera lancé lorsque le premier baatyr s’élancera sur le glacier Khan Tengri pour remplir le premier köökor, rapporte le média kirghiz 24.kg. L’eau apportée de chaque région, puis de chaque pays participant, sera versée dans un seul récipient et exposée à Bichkek, lieu de la cérémonie d’ouverture des Jeux nomades 2026.
Ce relais de l’eau rappelle la relation prolifique qu’ont toujours entretenu les nomades avec la nature ; l’eau étant considérée sacrée par les croyants du tengrisme, “religion des steppes” originaire d’Asie centrale. Uni par la tradition, l’ensemble des participants contribuera donc à cet événement, rappelant que face à la menace de pénurie, chaque goutte d’eau compte.
Un objectif régional : la sécurité hydrique
Une belle occasion pour le gouvernement kirghiz de rappeler l’importance de l’eau, ressource source de tensions dans la région. Selon un rapport de la Banque mondiale, un tiers de la population rurale du Kirghizstan et deux tiers de celle du Tadjikistan n’ont pas accès à l’eau potable. Pourtant riches en ressources en eau, ces pays subissent les conséquences du réchauffement climatique et de leurs infrastructures vieillissantes et énergivores.
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Depuis 2025, la coopération régionale a permis de s’accorder sur l’allocation d’eau des réservoirs régionaux de Shardara, au sud du Kazakhstan, ainsi que dans les bassins du Syr-Daria et de Naryn, au Kirghizstan. Des accords multilatéraux ont également été conclus, prévoyant des échanges d’électricité entre l’Ouzbékistan, le Kazakhstan et le Kirghizstan, qui s’engage à réguler le débit du barrage de Toktogul.
Ces mesures n’ont toutefois pas été suffisantes pour éviter les pénuries d’énergie pendant l’automne 2025 au Tadjikistan et Kirghizstan, dont la quasi-totalité de leur production énergétique repose sur l’hydroélectricité.
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En effet, au Tadjikistan, le niveau d’eau du réservoir de Nurek a chuté de 2,47 mètres au cours de l’année 2025. La situation n’est pas meilleure au Kirghizstan, où le président Sadyr Japarov a annoncé une perte de deux milliards de mètres cube, soit 20% du volume de la centrale hydroélectrique de Toktogul.
Face à ces déficits, le relais national de l’eau des Jeux mondiaux nomades se veut porteur d’espoir : en luttant contre le changement climatique et grâce à la coopération régionale, une gestion responsable des ressources hydriques est possible.
Salomé Aldeguer-Roure
Rédactrice pour Novastan
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