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L’histoire oubliée de Chakhrisabz, ancienne ville farouchement indépendante

Aujourd’hui calme et paisible, la ville de Chakhrisabz ne laisse plus paraître son histoire mouvementée. Durant les XVIIIème et XIXème siècle, la ville du sud de l’Ouzbékistan a lutté avec force contre l’influence croissante de l’émir de Boukhara. Au point que son combat ait été effacé de l’histoire officielle.

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Monument à Tamerlan. En arrière-plan : Palais d’Ak-Saray, à Chakhrisabz

Aujourd’hui calme et paisible, la ville de Chakhrisabz ne laisse plus paraître son histoire mouvementée. Durant les XVIIIème et XIXème siècle, la ville du sud de l’Ouzbékistan a lutté avec force contre l’influence croissante de l’émir de Boukhara. Au point que son combat ait été effacé de l’histoire officielle.

Novastan reprend et traduit ici un article initialement publié par Ferghana news.

De nos jours, Chakhrisabz est une petite ville de province ouzbèke dans le sud du pays, connue avant tout pour être la patrie d’Amir Timour (1336-1405) - Tamerlan pour les Européens - et, pour quelques touristes avertis, pour les ruines du palais d’Ak-Saray et la mosquée de Kok Gumbaz. Le passé de la ville en tant que rivale de Boukhara (XVIIIe-XIXe siècles), comparable en force et en légitimité, a été gommé et oublié, non seulement de la mémoire des habitants actuels mais aussi des chroniques historiques. La voix du peuple et de la dynastie des Kenegesses s’est tue.

Pour tenter d’y voir plus clair, l’historien américain James Pickett, enseignant à l’Université de Pittsburgh, s’est mis en tête de retracer l’histoire de cette ville. Comment le monde politique musulman était-il structuré en Asie centrale ? Quelles influences, quelles luttes de pouvoir secrètes étaient en jeu en dehors du traditionnel schéma des « trois khanats » (de Boukhara, de Khiva et de Kokand), seul abordé dans les manuels scolaires ? Dans un article de recherche publié dans l’American Historical Review en mai dernier, James Pickett s’est donné pour objectif de raconter l’ « histoire secrète » de Chakhrisabz, rayée des mémoires à cause des efforts des émirs de Boukhara puis des colonisateurs russes.

La dynastie perdue des Kenegesses

James Pickett s’intéresse à la dynastie des Kenegesses, introuvable aujourd’hui. Au mieux, écrit l’historien américain, peut-on la reconstituer sur base des chroniques des vainqueurs : la dynastie manghite de Boukhara, issue de Mongolie, puis les empereurs de Russie, qui ne voient en Chakhrisabz qu’une petite province séditieuse.

Les souverains kenegesses ont régné de manière autonome durant plus d’un siècle et n’ont jamais plié dans leurs relations belliqueuses avec les Manghites. Pour autant, l . . .

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