Le maire de Douchanbé et fils du président tadjik Rustam Emomali a été élu président du Sénat. Il accède ainsi à la deuxième plus haute fonction de l’État dans l’ordre protocolaire et passe pour le successeur vraisemblable de son père aux fonctions présidentielles.
Novastan reprend et traduit ici un article publié le 18 avril 2020 par notre version allemande.
Tout le laissait présager. Lors de sa séance constitutive du 17 avril, le Sénat a élu Rustam Emomali à sa présidence. Le fils du président en exercice du Tadjikistan, Emomalii Rahmon, devient ainsi à tout juste 33 ans le numéro deux dans la hiérarchie de l’État. Rustam Emomali, qui exerce en parallèle la fonction de maire de la capitale Douchanbé depuis 2017, a été élu sénateur fin mars.
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Comme l’indique le média tadjik Asia-Plus, en référence au service de presse de la présidence, Rustan Emomali a été proposé au poste de président du Sénat par le sénateur de Koulob Dilbar Odilsoda. Lors du scrutin à bulletin secret qui a immédiatement suivi, il a été élu à l’unanimité des voix. Rustam Emomali succède dans cette fonction à Mahmadsaid Oubaydoulloyev, à ce poste depuis la création de la Chambre haute en 2000. Le fils du président l’avait d’ailleurs déjà remplacé à la mairie de Douchanbé en 2017. Le Sénat est composé de 33 membres, dont 25 sont élus par les représentations régionales et 8 autres désignés par le président.
Une ascension fulgurante
Rustam Emomali avait été élu pour la première fois sénateur le 27 mars par le conseil de district de Douchanbé. Tout laissait alors déjà penser, comme l’écrivait Asia-Plus, que son élection à la présidence du Sénat allait s’ensuivre. L’article 71 de la Constitution tadjike stipule qu’en cas de retrait ou de mort du président, l’intérim est assuré par le président du Sénat.
Lire aussi sur Novastan : Tadjikistan : le fils du président, déjà maire de Douchanbé, devient sénateur
Rustam Emomali accède donc ainsi au deuxième poste le plus important dans la hiérarchie, juste après celui de son père. Mais cette étape pourrait être aussi un simple tremplin dans sa carrière. Comme le souligne Radio Ozodi, le service en langue tadjike du média américain Radio Free Europe, Rustam Emomali est considéré par certains experts comme un candidat potentiel à la présidence.
C’est aussi l’avis de l’analyste Kourban Norodov sur son site Central Asian Brief. Il constate en outre que le pouvoir de la famille présidentielle ne fait que s’étendre. « En effet, le numéro trois dans la hiérarchie du pouvoir n’est nullement le Premier ministre mais bien plutôt la responsable de l’appareil exécutif du président, c’est à dire la fille d’Emomali Rahmon, Osod Rahmon », précise-t-il. « Mais le mot de « népotisme » est sans doute encore inconnu au Tadjikistan ».
L’élection présidentielle est prévue à l’automne 2020. Or, jusqu’à présent, ni le président en fonction ni son fils n’ont déclaré leur candidature. En 2016, Emomalii Rahmon avait modifié la Constitution pour abaisser de 35 à 30 ans l’âge minimum d’éligibilité à l’élection présidentielle. Une candidature de Rustam Emomali – âgé de 33 ans – serait donc au moins envisageable.
Robin Roth
Rédacteur en chef de Novastan
Traduit de l’allemand par Bruno Cazauran
Edité par Etienne Combier
Corrigé par Aline Simonneau
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CREUZÉ, 2020-04-21
Bonjour,
J’ai une question toute bête : vous écrivez « le Sénat a élu Rustam Emomali à sa présidence. Le fils du président en exercice du Tadjikistan, Emomalii Rahmon ». Du coup, quel est le prénom et le nom du père ? J’ai toujours pensé que Rahmon était le nom de famille,moi…
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