La construction, et l’architecture en général, était un milieu strictement masculin en Asie centrale soviétique. Pourtant, dans l’histoire de l’urbanisme au Tadjikistan, une femme illustre a laissé une empreinte indélébile sur le développement architectural de Douchanbé et de tout le pays.

Khamro Taïrova (1912-1990) est née à Acht au Tadjikistan. Sa famille a rapidement déménagé à Tachkent. Après ses sept ans de scolarité, elle a poursuivi ses études à la faculté ouvrière de l’université de Tachkent.

Le choix d’un domaine non féminin peut être à la fois une quête de vocation ou une aspiration à déconstruire les stéréotypes. Il semble que ces deux éléments aient profondément influencé l’orientation professionnelle de Khamro Taïrova. En 1929, elle rejoint la faculté d’ingénierie civile de l’Institut industriel d’Asie centrale où elle obtient son diplôme avec les plus hautes distinctions.

Cette année-là, le journal socio-politique soviétique, en mettant en évidence la croissance du personnel issu de la nation titulaire parmi les jeunes spécialistes du Tadjikistan, a mentionné Khamro Taïrova et a publié sa photo en première page.

La jeune spécialiste a été envoyée dans la capitale du Tadjikistan, alors appelée Stalinabad, où elle est devenue la première femme architecte de la république. À partir de 1936, elle a travaillé comme chef de chantier, gérante d’un site de construction, puis ingénieure en chef du secteur des travaux d’équipement de l’Office national de contrôle de la construction de l’État sous le Conseil des commissaires du peuple de la République socialiste soviétique (RSS) du Tadjikistan.

Une femme qui a contribué à façonner Douchanbé

Elle a construit des dizaines d’immeubles à Douchanbé, notamment le théâtre d’opéra et de ballet Aïni, le bâtiment de l’Université nationale tadjike, l’hôtel Vakhch, le Conseil suprême de la RSS tadjike, ainsi que les écoles polyvalentes secondaires. Khamro Taïrova a également participé au premier congrès pan-soviétique des architectes de l’URSS.

Pendant la Grande Guerre patriotique, Khamro Taïrova était responsable de l’installation et de la mise en fonctionnement des entreprises évacuées des régions occidentales de l’URSS sur le territoire de la république.

À partir du début des années 1950, elle occupait plusieurs postes de direction. En 1953, l’architecte a été nommée ministre de l’Urbanisme et de la Construction rurale, tandis que de 1961 à 1970 elle dirigeait le Comité d’État pour la planification de la république.

Pendant cette période, plus d’un million de Tadjiks se sont installés dans des habitations bien aménagées, améliorant ainsi leurs conditions de logement et leur qualité de vie. Des centaines de clubs et de bibliothèques, ainsi que de nouvelles écoles et cinémas ont été construits dans les villes et les zones rurales. Par ailleurs, la construction d’entreprises industrielles a connu un essor extraordinaire.

Une carrière maintes fois récompensée

Sous sa supervision directe, de nombreux établissements d’envergure ont été construits, comme l’usine de structures en béton armé de Douchanbé, appelée Torgmach, l’usine de réfrigérateurs domestiques, la deuxième tranche de l’usine de textile de Douchanbé, ainsi que l’aéroport, la gare ferroviaire, l’Institut polytechnique et le centre de télévision républicaine.

Dès 1970, Khamro Taïrova dirigeait la société d’amitié et de relations culturelles avec les pays étrangers.

Pour ses travaux, elle a été récompensée par cinq ordres du Drapeau rouge du travail, par l’Ordre du « Signe d’honneur », ainsi que par les médailles « Pour l’excellence du travail » et « Pour un travail valeureux durant la Grande Guerre patriotique de 1941-1945 ».

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Khamro Taïrova était non seulement une spécialiste hautement qualifiée dans le domaine économique et architectural mais aussi une personnalité qui a apporté une contribution significative au développement de la république tadjike. Son grand professionnalisme et sa vaste érudition lui ont valu un grand prestige et un profond respect.

Gafour Chermatov
Journaliste pour Asia-Plus

Traduit du russe par Lisa D’Addazio

Edité par Paulinon Vanackère

Relu par Charlotte Bonin

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