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Des femmes tadjikes retenues en Syrie à cause de l’enlèvement de leurs enfants par des combattants

En raison de l'enlèvement de leurs enfants, certaines femmes tadjikes mariées à des soldats de Daech n'ont pas pu quitter les camps en Syrie. Comme en témoigne l'ambassadeur du Tadjikistan au Koweït et en Syrie, lors du dernier vol prévu à cet effet, seules 47 personnes sont rentrées de Syrie à Douchanbé, la capitale du Tadjikistan.

Rédigé par :

La rédaction 

Edité par : sattia

Traduit par : Isabelle Linais-Aoulova

Vetchiorka

Des femmes et enfants tadjiks ont quitté la Syrie pour rejoindre Douchanbé. Photo : Vetchiorka.

En raison de l’enlèvement de leurs enfants, certaines femmes tadjikes mariées à des soldats de Daech n’ont pas pu quitter les camps en Syrie. Comme en témoigne l’ambassadeur du Tadjikistan au Koweït et en Syrie, lors du dernier vol prévu à cet effet, seules 47 personnes sont rentrées de Syrie à Douchanbé, la capitale du Tadjikistan.

Le 25 avril dernier, les autorités du Tadjikistan ont rapatrié une partie de leurs citoyens de Syrie, dont 32 enfants et 15 femmes. Tous sont d’anciens proches des combattants de Daech, qui avaient rejoint l’organisation terroriste entre 2014 et 2018.

« Nous devions rapatrier 90 personnes, mais des femmes ont déclaré à grands regrets qu’elles ne pourraient pas rentrer, puisque deux jours avant le départ, les représentants du Hasba (une organisation spéciale sévissant dans le camp pour femmes) ont enlevé leurs enfants », souligne le 27 avril dernier l’ambassadeur tadjik, Zoubaïdoullo Zoubaïdzoda.

En cinq ans, les autorités du Tadjikistan ont rapatrié d’Irak et de Syrie plus de 300 femmes et enfants d’anciens combattants. Certains rapatriés ont été remis à leurs proches tandis que d’autres sont retenus dans des centres spécialisés.

Un problème qui touche à sa fin

Dans un entretien avec Radio Ozodi, la branche tadjike du média américain Radio Free Europe, l’ambassadeur a affirmé que la campagne de rapatriement des femmes et des enfants d’Irak et de Syrie était presque terminée.

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Selon lui, 90 % des femmes et enfants qui vivaient dans « des conditions inhumaines » en Irak et en Syrie sont revenus au pays. « Les personnes qui ont manifesté une grande volonté de revenir au pays sont revenues. Peu sont restées là-bas. Je pense qu’elles aussi seront rapatriées dans les prochains jours », a-t-il déclaré.

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Selon Zoubaïdoullo Zoubaïdzoda, 37 femmes tadjikes se trouvent dans les prisons d’Irak par décision de justice les condamnant à la réclusion à perpétuité. Leurs enfants ont été rapatriés au Tadjikistan en 2019.

« Il y a un mois environ, nous avons rendu visite à ces femmes. Elles ne se plaignent par des conditions de détention », précise-t-il. Ces femmes attendent la signature d’un accord d’extradition entre le Tadjikistan et l’Irak pour retourner au Tadjikistan, où, si nécessaire, les inculpées pourraient rendre compte à la justice.

Le Tadjikistan, un exemple en matière de rappatriement de Syrie ?

Ce faisant, le Fond des Nations unies pour l’enfance (Unicef) a salué le rapatriement des 47 citoyens tadjiks de Syrie. Dans un communiqué datant du 26 avril, l’Unicef salue « les objectifs atteints par le gouvernement du Tadjikistan dans le cadre de la Convention pour les droits des enfants, et en matière de réintégration des enfants et mères dans leurs familles et dans la société ».

De nombreux pays dont les ressortissants vivent dans des conditions intenables en Syrie et en Irak ne sont pas prêts à les rapatrier. Au total, 57 000 personnes résideraient dans ces camps d’Irak et de Syrie.

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Les autorités du Tadjikistan estiment que les femmes parties dans les pays du Proche-Orient pour suivre leurs époux « ne comprenaient pas dans quoi elles s’engageaient », « ont été dupées » et « voulaient simplement gagner de l’argent ». « Le témoignage de ces femmes montre qu’elles n’ont pas participé aux combats armés et étaient des esclaves sexuelles des combattants de Daech », précisent les représentants des autorités.

Les camps syriens comme un enfer à ciel ouvert

Les Nations unies qualifient le camp Al-Hol, dans le Nord-Est de la Syrie, où résident les épouses, veuves, enfants et autres proches des extrémistes de Daech, de lieu « le plus terrifiant et dangereux ». Ce camp se trouve sous l’influence des résidents les plus radicalisés et se transforme en « petit califat ».

D’après les organisations internationales, pour cette année seulement, 43 attentats ont été commis sur le territoire du camp Al-Hol, causant la mort de 44 personnes, dont 14 femmes et deux enfants.

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Selon les autorités tadjikes, depuis la fondation du Califat islamique par Daech en 2014, environ 2 000 ressortissants du Tadjikistan ont rejoint la Syrie et l’Irak. Beaucoup sont partis avec leurs femmes et leurs enfants. D’autres ont fondé une famille sur place. La plupart d’entre eux ont été tués, emprisonnés ou encore sont portés disparus.

La rédaction de Vetchiorka

Traduit du russe par Isabelle Linais-Aoulova

Edité par Sandra Attia

Relu par Léna Marin

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