Être vacciné en mangeant une tomate modifiée, c’est peut-être un nouveau vaccin que sont en train de développer les chercheurs ouzbeks. Ce moyen surprenant mais néanmoins prometteur est encore en phase de test, alors que l’Ouzbékistan avance lentement dans sa campagne de vaccination.
C’est la découverte étonnante qu’ont faite les chercheurs ouzbeks. En avalant une tomate génétiquement modifiée porteuse des anticorps du vaccin contre le Covid-19, des patients pourraient développer une assez grande capacité de résistance au virus et ainsi être vacciné, décrit le média ouzbek Kun.uz.
Soutenez Novastan, le media associatif d’Asie centrale
En vous abonnant à Novastan, vous soutenez le seul média en anglais, français et allemand spécialisé sur l’Asie centrale. Nous sommes indépendants et pour le rester, nous avons besoin de votre aide !
Nikolaï Kryouchkov, immunologiste et chercheur à l’Académie des sciences de l’Ouzbékistan, a dévoilé les détails d’un tel mode de vaccination dans une interview accordée au média russe Komsomolskaïa Pravda. Selon ce dernier, cette vaccination repose sur la modification de la plante en laboratoire par des techniques génétiques. Les scientifiques veillent à ce que les protéines d’un agent infectieux particulier soient formées dans la plante lors de sa croissance. Une fois formée, la protéine se retrouvera dans la tomate, qui délivrera alors les anticorps nécessaires au patient pour lutter contre le virus.
Une méthode de vaccination qui n’a rien d’anodin…
Cette forme originale d’administration n’est pas une première dans le monde de la médecine. Le chercheur explique alors que ce mode de vaccination avait déjà été utilisé antérieurement dans d’autres circonstances. Par exemple, dans les années 1890, des expériences sur la création de vaccins à base de plantes avaient déjà été engagées.
Le chercheur cite également les scientifiques de l’Institut de médecine expérimentale de Saint-Pétersbourg qui travaillent à la création d’un vaccin anticoagulant, connu sous le nom conditionnel de « vaccin au yaourt ». Ces scientifiques estiment qu’un tel médicament peut théoriquement être produit sous forme de kéfir, ou même de crème glacée.
Ce vaccin végétal présenterait alors de nombreux points forts : pas besoin d’injection, des effets secondaires post-vaccin moins forts, et une production de masse aux coûts de logistique et d’équipement bien inférieurs.
…mais qui comporte des inconvénients et un manque de vérification empirique
Toutefois, si les scientifiques s’accordent à dire que ce vaccin est prometteur, ce dernier est encore loin d’être déclaré opérationnel. La stabilité des protéines nécessaires au développement de l’immunité n’est pas garantie, de même que leur conservation lors du développement de la plante.
La question du dosage pose aussi un problème. Aujourd’hui, la technologie du vaccin « à la tomate » ne permet pas de garantir que chaque plante produira une quantité strictement définie de protéines. Par conséquent, après une tomate A, une personne peut obtenir plus d’antigènes, mais peut-être moins après une tomate B.
Enfin, comme une partie du matériel de vaccination est perdue dans le processus de digestion, la dose initiale d’antigènes devrait être beaucoup plus grande que dans les vaccins classiques. Ce qui cause un autre problème d’importance. « S’il y a trop de protéine étrangère pour la plante, une telle culture ne peut tout simplement pas grandir et se développer. S’il y a peu de protéines, ce n’est tout simplement pas suffisant pour développer l’immunité », explique Nikolaï Kryouchkov.
Plus largement, la situation sanitaire en Ouzbékistan avance lentement. Le pays a commencé sa campagne vaccinale massive le 1er avril dernier avec AstraZeneca (rebaptisé Vaxzevria) et le vaccin sino-ouzbek ZF-UZ-VAC 2001. Au 18 septembre dernier, 18,2 millions de doses de vaccin avaient été administrées, dont 10,4 millions de premières doses, 5,8 millions de deuxièmes doses et 2 millions de troisièmes doses, décrit le ministère de la Santé ouzbek. Un total relativement faible avec 7,8 millions d’Ouzbeks entièrement vaccinés sur les 35 millions d’habitants du pays. Au 20 septembre, l’Ouzbékistan comptait plus de 167 000 cas et 160 000 personnes guéries, selon les statistiques officielles.
Emma Collet
Rédactrice pour Novastan
Relu par Anne Marvau
Merci d’avoir lu cet article jusqu’au bout ! Si vous avez un peu de temps, nous aimerions avoir votre avis pour nous améliorer. Pour ce faire, vous pouvez répondre anonymement à ce questionnaire ou nous envoyer un email à redaction@novastan.org. Merci beaucoup !