Dans le district de Baïsoun, quatre employés travaillant sur le site du champ gazier Moustakillik-25 ont été victimes d’une fuite de sulfure d’hydrogène. Deux jours plus tôt, la société pétrolière ouzbèke Eriell affirmait que la menace du puits avait été écartée.
Le 17 septembre dernier, une fuite de sulfure d’hydrogène au champ gazier Moustakillik-25, dans le Sud de l’Ouzbékistan, a entraîné la mort de quatre ouvriers travaillant sur le site, comme l’a confirmé l’attaché de presse du président de l’Ouzbékistan, Cherzod Asadov, auprès du média ouzbek Daryo.
Cet accident survient après le constat d’une fuite de gaz sulfureux au puits n°604, au début du mois de septembre. La première fuite a entraîné le lancement d’opérations pour la contenir et sceller le puits. Le 15 septembre, Eriell, le groupe international de service pétrolier chargé de la révision du site, annonce au média ouzbek Kun que le processus d’extinction est terminé. Deux jours plus tard, la deuxième fuite de gaz sur le site est fatale.
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Une catastrophe causée par la négligence
Le média ouzbek Gazeta.uz avance qu’une libération de gaz sulfuré d’hydrogène provenant du puits n°604 a été observée le 1er septembre dernier. Le jour suivant, le ministère des Situations d’urgence de l’Ouzbékistan affirme que cette fuite a entraîné l’évacuation du champ gazier M-25. Le communiqué rapporte que le gaz sulfureux a été libéré à la suite « d’une violation du processus technologique lors des opérations de forage ».
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Une source de Gazeta.uz confie que les foreurs seraient coupables de l’incident survenu le 1er septembre, n’ayant pas pu surveiller les indicateurs de boue de forage. Les boues de forage ont un rôle essentiel dans le mécanisme d’extraction du gaz. L’interlocuteur a également rapporté que d’après les analyses, la teneur en sulfure d’hydrogène était « presque 3 fois supérieure à la normale ».
Lors de la deuxième fuite de gaz, qui a entraîné le décès de quatre ouvriers, les responsables du site en fonction ce jour-là ont affirmé que la concentration de substances nocives restait dans les limites autorisées, rapporte le média ouzbek Daryo.
Les habitants de la région réitèrent leurs plaintes
Un correspondant de Kun s’est rendu à Baïsoun le 11 septembre dernier pour interroger les résidents des villages proches du champ gazier.
Alors que le 2 septembre, le communiqué du ministère des Situations d’urgence certifiait que la situation était totalement « sous contrôle » et que la sécurité des résidents de la zone était assurée, le journaliste affirme qu’à peine entré dans le district de Baïsoun, la brume poussiéreuse « provoque un sentiment d’anxiété » et que le sulfure d’hydrogène avait vicié l’air « jusqu’aux districts voisins de Bandikhan et de Cherabad ».
Je fais un don à NovastanSur place, les habitants des villages à proximité du puits n°604 décrivent au correspondant de Kun les conséquences de la propagation du gaz dans l’air. Un interlocuteur lui a confié que « le gaz irrite les yeux et le nez, provoque des maux de tête, des nausées » et qu’il devient impossible de respirer lorsque le vent amène le sulfure d’hydrogène dans leur direction.
Baïsoun pour l’instant inhabitable
Les fuites répétées de l’installation durant ce mois de septembre inquiètent les habitants de la région. Le chef du bureau du procureur général, Oktam Otaïev, déclare que la situation sur les lieux de l’accident est sous contrôle, rapporte Daryo. Cependant, depuis la première fuite, les résidents des villages aux alentours du champ gazier remettent en question ces déclarations.
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Lors de son déplacement dans les villages à proximité du champ M-25, le correspondant du média Kun a fait le constat d’une situation critique. Il assure qu’à Kofroun, le village le plus proche du puits, les écoles et les magasins sont fermés car la plupart des habitants ont été évacués. Une des femmes qu’il a croisée dans le village a déclaré que le bétail mourait lentement. Elle lui a confié sa crainte de ne pas pouvoir retrouver une situation viable. « Personne ne nous aide », lui a-t-elle affirmé, « ils ne disent pas quand cette catastrophe se terminera ».
Marianne Bultel
Rédactrice pour Novastan
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