Accueil      « Je ne céderai en aucun cas » : comment les habitants de Samarcande se battent pour leurs maisons 

« Je ne céderai en aucun cas » : comment les habitants de Samarcande se battent pour leurs maisons 

Pourtant protégé par l’UNESCO et le ministère de la Culture ouzbek, le cœur historique de Samarcande est devenu la cible des promoteurs immobiliers qui détruisent puis reconstruisent à tout-va. Face à l’inaction des pouvoirs publics, les habitants tentent de résister.

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Les habitants du coeur historique de Samarcande ont fort à faire pour éviter la construction d'immeubles près de leur maison ou la destruction de celle-ci.

Pourtant protégé par l’UNESCO et le ministère de la Culture ouzbek, le cœur historique de Samarcande est devenu la cible des promoteurs immobiliers qui détruisent puis reconstruisent à tout-va. Face à l’inaction des pouvoirs publics, les habitants tentent de résister.

Novastan reprend et traduit ici un article initialement publié par le média ouzbek indépendant Citizen.uz.

Tous les matins, Vladislav Ivanovitch arrose les fleurs devant sa maison et lave le trottoir. Depuis plus de trente ans, il entretient son terrain, vide les ordures que jettent ses voisins négligents, répare le toit, restaure les murs. Une décision de la Cour de Tachkent avait exigé qu’il retire les poubelles devant chez lui, mais il a obtenu justice.

Il y a un an, il a trouvé à Tachkent, la capitale ouzbèke, un designer qui l’a aidé à mettre au point un plan de restauration de sa maison située à Samarcande, dans l’ouest de l’Ouzbékistan. Vladislav Ivanovitch veut la remettre en état et redonner à la façade son apparence originelle datant du XIXème siècle. Les projets sont conséquents : rénovation complète du jardin, aménagement d’un trottoir piétonnier.

Depuis six mois cependant, ses rêves ne tiennent plus qu’à un fil : un chantier massif jouxtant le mur de sa maison menace non seulement les projets de restauration de Vladislav Ivanovitch, mais aussi l’habitation elle-même, dans laquelle sa famille vit depuis 1930.

Interdiction de reconstruire les bâtiments sous protection de l’Unesco

« Bien sûr, ils cherchent à nous persuader, viennent avec le khokimiat [la préfecture locale, ndlr], disent que je dérange, proposent de me trouver un appartement. Mais je ne veux pas partir ! Je veux réaliser ce beau projet. La rue ne sera-t-elle pas belle ? Un homme est venu de Tachkent, il m’a fait un plan et m’a dit : voilà comment allez faire, et tout ira bien », explique Vladislav Ivanovitch à Citizen.uz.

Le Samarcandais a déjà commencé les travaux, mais à cause du chantier voisin, des fissures sont apparues dans les coins. L’ensemble du quartier, communément appelé « la Samarcande européenne », construit jadis par les Russes, se trouve maintenant sous la protection de l’Unesco et du ministère de la Culture. Quand il a exposé son projet au service régional de la protection des monuments, Maïsera Habiraeva lui a précisé qu’il était interdit de reconstruire les bâtiments sous protection de l’Unesco.

« Je ne vais rien agrandir, seulement restaurer. Il y a 15-20 ans, une femme est venue me voir du Japon, m’a dit que la maison avait été différente mais que toutes nos maisons étaient répertoriées en bibliothèque et considérées comme des monuments », explique Vladislav Ivanovitch. « Elle m’a alors proposé de restaurer la maison, en ajoutant que je n’aurais alors pas le droit de la vendre. Je n’imaginais pas que quelques années plus tard il y aurait un tel chantier, et j’ai décliné. »

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