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Les monuments brutalistes soviétiques brutalisés en Asie centrale

Rénovations ne prenant pas en compte l'intérêt architectural des monuments, destruction sans aucune considération... L'architecture de type "brutaliste" issue des années soviétiques ne sont pas encore considéré comme un patrimoine à conserver en Asie centrale, ni d'ailleurs le reste des monuments historiques.

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Les monuments historiques sont particulièrement maltraités en Asie centrale, même lorsqu'ils sont protégés. Ci-dessus, un plan immobilier à Tachkent, capitale de l'Ouzbékistan.

Rénovations ne prenant pas en compte l'intérêt architectural des monuments, destruction sans aucune considération... L'architecture de type "brutaliste" issue des années soviétiques ne sont pas encore considéré comme un patrimoine à conserver en Asie centrale, ni d'ailleurs le reste des monuments historiques.

Novastan reprend et traduit un article initialement publié par le média spécialisé sur l’Asie centrale et basé en Russie, Fergananews.

Lorsqu’un voyageur arrive en Asie centrale, l’architecture est probablement la première chose qui lui saute aux yeux. Parmi les adjectifs en tête, le mot « brutal » pourrait lui venir en tête. D’où le terme « architecture brutaliste », qui décrit si bien la réalité des bâtiments d’Asie centrale. Le brutalisme désigne un style architectural issu du mouvement moderne, qui connait une grande popularité entre les années 1950 et 1970 avant de décliner peu à peu, bien que divers architectes s'inspirent encore des principes de ce courant. Il se distingue notamment par la répétition de certains éléments comme les fenêtres, ainsi que par l'absence d'ornements et le caractère « brut » du béton.

Comme l’explique le chercheur et historien de l’art à l'université de Montréal Boris Chukhovich, l’expression “architecture brutaliste” peut être interprétée de deux façons. Ceux qui connaissent l’histoire de l’architecture se remémorent sans doute le style moderniste qui s’est affirmé dans le monde entre 1950 et 1980, quand les architectes ont commencé à s’intéresser au potentiel esthétique du béton, enlevant la nécessité de toute forme de décoration supplémentaire. L’origine même du terme provient de l’expression “béton brut” [en français dans le texte], qu’on peut traduire comme du béton non retouché, dans son état primaire. En Asie centrale ce style a également émergé.

Toutefois, c’est dans son autre forme que le brutalisme sera traité dans ce texte, à savoir le traitement brutal et l’irrespect envers les “monuments de l’architecture”, détruits à coups de bulldozers, reconstruits à la guise du propriétaire ou souffrant du manque d’entretien. Ce type de brutalisme est particulièrement présent en Asie centrale.

Officiellement, l'héritage centrasiatique est préservé...

Les nouvelles officielles d’Asie centrale semblent affirmer que la question de l’héritage est résolue avec succès et qu’il ne reste plus qu’à le promouvoir sur la scène internationale. Par exemple, l’administration kazakhstanaise vient de rendre public son nouvel objectif de déterminer les meilleures œuvres représentatives d’un “code national ». Dans le cadre du projet de “modernisation de la conscience collective”, une commission spéciale doit faire ce choix pour ensuite, grâce au soutien de consultants internationaux, procéder à la diffusion massive de ces chefs d’œuvre à l’étranger.

En Ouzbékistan, c’est un projet de longue date - “Héritage culturel de l’Ouzbékistan les événements internationaux” - qui a vu son financement devenir prioritaire. Ce projet vise à cataloguer les objets culturels et artistiques centrasiatiques présentés dans des événements russes et européens. Pour renforcer l’aura internationale du programme, l’Ouzbékistan a désigné un congrès spécial, composé d’une centaine de chercheurs étrangers réunis à Tachkent, la capitale, pour  composer les premiers tomes de ce catalogue.

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Même le Turkménistan cherche à organiser de pareilles conférences permettant une ouverture maximale sur l’international, notamment à Berlin, malgré sa réputation d’être un des pays les plus fermés au monde. Ce qui provoque d’autant plus d’intérêt chez des chercheurs qui se saisissent de l’occasion pour voir la réalité turkmène, peu importe que cela soit derrière le vitrage d’autobus spécialement affrétés ou sous l’objectif des caméras de télévision spécialement invitées.

... mais en réalité, la situation reste inquiétante

Cependant, malgré l’attention qu’accordent les politiciens et les élites de la culture à l’étude et la promotion des trésors nationaux à l’étranger, la situation au sein des Républiques centrasiatiques reste inquiétante, voire dans certains cas catastrophiques. Les projets à l’étranger constituent dans ce sens de véritables “Villages Potemkine” qui cachent derrière une belle façade la perte de précieux fragments des cultures soviétique, tsariste et médiévale, notamment architecturaux.

Plus largement, la situation n’est idéale ni dans la capitale kirghize Bichkek ou dans l’ancienne capitale kazakhe Almaty, et encore moins dans la capitale tadjike Douchanbé ou celle turkmène, Achgabat. De fait, ces villes font l’objet de “pogroms” micro et macro-architecturaux.

Tachkent, capitale centrasiatique en danger

Cependant, la situation est bien pire encore à Tachkent, la capitale ouzbèke. Les nouveaux dirigeants de la République, loin d’avoir interrompu la reconstruction des quartiers historiques de la capitale, les ont même accélérés. L’objectif est de toute évidence de reconquérir pour la capitale ouzbèke le titre “d'Étoile de l’Orient” local, perdu face à la concurrence des projets néo-totalitaires que sont Achgabat et Astana.

Les monuments faisant obstacle à ces plans napoléoniens sont effacés de la surface terrestre, détruits sous de fumeux prétextes de relocalisation ou totalement reconstruits en ne laissant dans le meilleur des cas que quelques éléments de la composition ou du décor. Les échos de telles opérations arrivent à Boris Chuhovich, président de l’observatoire « Alerte Heritage », chaque mois, si ce n’est chaque semaine. Dans cette folle course à la construction, tout le monde a déjà oublié la destruction de la Place Pédagogique, la “reconstruction” de l’avenue Navoï, la “déconstruction” de l’orphelinat Kaufmann, la destruction du château d’eau construit par Svarichevskiy. Plus récemment, les discussions sur les forums ont porté sur la progressive “Disneylandisation” du Parc Navoï ou la construction d’un delphinarium à la place de constructions historiques datant des années 1930-1960.

De toute évidence, le processus ne fait que prendre de l’ampleur. Il y a peu de temps, des connaissances virtuelles ont envoyé à Boris Chukhovich des photographies du nouveau schéma directeur d’aménagement de la ville de Tachkent. C’est conformément à ce plan que sont planifiées les futures destructions de quartiers historiques comme Kal’kaouz, Sebzar, et d’autres, qui regroupent des monuments historiques du XIXème siècle. Des plans similaires ont été conçus à l’époque stalinienne et suspendus au tournant des années 1960-1970 quand les constructions anciennes ont été reconnues comme héritage culturel et artistique.

Des quartiers officiellement prot . . .

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