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L’amiral Tchoumakov, Don Quichotte kirghiz 

Le 23 septembre dernier, le réalisateur Laurier Fourniau a diffusé en ouverture du 9ème Festival du jeune cinéma à Bichkek son dernier documentaire, intitulé « L’amiral Tchoumakov ». A l’occasion de sa venue au festival bichkékois, Novastan s’est entretenu avec le réalisateur français. Un amiral kirghiz en haut de l’affiche. Le 23 septembre dernier, le documentaire « L’amiral Tchoumakov » a été diffusé en ouverture du 9ème Festival du jeune cinéma à Bichkek, la capitale du Kirghizstan. Réalisé par le Français Laurier Fourniau, il dépeint la personnalité de Boris Vassilievitch Tchoumakov, ancien capitaine de la flotte soviétique de l’Issyk-Koul, le plus grand lac du Kirghizstan.

L'amiral Tchoumakov Kirghizstan Documentaire Laurier Fourniau Boris Vassilievitch Tchoumakov
Le documentaire "L'amiral Tchoumakov" décrit la vie particulière de L'amiral Tchoumakov Kirghizstan Documentaire Laurier Fourniau Boris Vassilievitch Tchoumakov, ancien amiral soviétique sur le plus grand lac kirghiz.

Le 23 septembre dernier, le réalisateur Laurier Fourniau a diffusé en ouverture du 9ème Festival du jeune cinéma à Bichkek son dernier documentaire, intitulé « L’amiral Tchoumakov ». A l’occasion de sa venue au festival bichkékois, Novastan s’est entretenu avec le réalisateur français. Un amiral kirghiz en haut de l’affiche. Le 23 septembre dernier, le documentaire « L’amiral Tchoumakov » a été diffusé en ouverture du 9ème Festival du jeune cinéma à Bichkek, la capitale du Kirghizstan. Réalisé par le Français Laurier Fourniau, il dépeint la personnalité de Boris Vassilievitch Tchoumakov, ancien capitaine de la flotte soviétique de l’Issyk-Koul, le plus grand lac du Kirghizstan.

Après son précédent film documentaire « Astana, ville du futur ? » diffusé depuis 2019, Laurier Fourniau repart donc en Asie centrale pour signer une nouvelle œuvre imaginative et contemplative.

Le Kirghizstan, « un pays d’imaginaire »

« Je connais le Kirghizstan depuis l’enfance, ayant passé 3 ans en tant qu’expatrié en Ouzbékistan, période pendant laquelle nous avions beaucoup voyagé dans la région avec mes parents. Ce coin du monde a toujours fait partie de mon imaginaire » raconte à Novastan Laurier Fourniau. « Dans mes films, je développe des histoires dans des lieux qui m’ont marqué et qui me sont familiers. Après avoir abordé Paris, Los Angeles où j’ai étudié, ou encore la capitale du Kazakhstan, j’ai eu l’occasion de revenir une seconde fois dans la région pour ce documentaire sur l’Amiral» ajoute-t-il. Lire aussi sur Novastan : Bref aperçu du cinéma kirghiz Cet imaginaire se retrouve grandement dans la forme du documentaire, avec une large place donnée aux mises en scène naturelles, laissant s’exprimer la beauté des paysages de la région d’Issyk-Koul et la simplicité des activités humaines. Avec « L’amiral Tchoumakov », Laurier Fourniau laisse une grande place au non-verbal et permet au spectateur de disposer de sa propre vision du documentaire. « Ce documentaire part avant tout d’une rencontre. L’amiral fait partie de cet imaginaire, une légende entre réalité et fiction », note le réalisateur français.

Un personnage fantasque entre réalité et fiction

Au départ, Laurier Fourniau apprend l’existence de celui que l’on surnomme l’Amiral Tchoumakov dans un article de Grégoire Domenach. Lors d’un voyage avec Arnaud Alberola, coréalisateur du documentaire, se souvenant de cet article, Laurier Fourniau avait décidé de rencontrer « l’Amiral » Boris Vassilievitch Tchoumakov. Celui-ci est décrit comme un « personnage fantasque, ouvert et cultivé. Toujours habillé de son reconnaissable uniforme de la marine soviétique; il est le pont entre différents instants. Il représente en même temps le symbole de l’URSS fier mais également d’un Kirghizstan qui veut se moderniser. »

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L’idée d’un amiral d’une flotte soviétique au milieu d’un lac n’ayant aucun lien avec un quelconque fleuve ou une mer peut paraître absurde. En même temps, cette idée montre toute l’ambivalence du personnage : fier mais également très touchant. La volonté de montrer l’homme, et l’amiral sous tous ses aspects, a nécessité de grandes tractations de la part des réalisateurs. « L’amiral a tout de suite accepté de faire partie du documentaire mais il ne voulait pas tout montrer de lui. Il lui a été difficile de nous ouvrir la porte de son appartement et d’afficher un personnage en proie à la solitude et à une grande simplicité de vie », explique le réalisateur français.

L’illustration d’un Kirghizstan en transition

Dans le détail, le documentaire aborde l’idée de la transition et érige l’amiral Tchoumakov en un pont entre deux univers, la nouvelle génération et l’ancienne, le souvenir et la modernité, l’URSS et le Kirghizstan indépendant. L’amiral Tchoumakov décrit avec fierté l’acheminement d’une barge immense de l’Ouest russe jusqu’à Issyk-Koul, comme pour montrer la démesure d’un passé soviétique encore très présent dans le pays. Le film tente de renforcer ce contraste en abordant le démantèlement du port industriel d’Issyk-Koul devenu obsolète, qui sera remplacé par une cité balnéaire. En parallèle, l’immensité de la barge en question semble rendre inutile les petites machines de manutention kirghizes, peinant durant l’ensemble du film à en démonter ne serait-ce qu’une partie. Lire aussi sur Novastan : « Kirghizistan, la croisée des chemins » : un documentaire poétique sur les routes de l’est kirghiz « L’amiral Tchoumakov » permet de représenter une ancienne génération nostalgique de l’URSS, voyant la disparition du port comme une volonté d’effacer l’œuvre pour laquelle il a donné sa vie. Mais également un homme qui a la volonté de voir le pays évoluer, conseillant le réaménagement du port et profitant lui-même de son aspect balnéaire.

L'amiral Tchoumakov Kirghizstan Documentaire Laurier Fourniau Boris Vassilievitch Tchoumakov
Boris Vassilievitch Tchoumakov et Laurier Fourniau lors de la première du film à Bichkek, le 23 septembre 2021.

Par son documentaire, Laurier Fourniau souhaite monter la complexité de ce personnage qui peut parfois paraître absurde. Pour le réalisateur, il était donc important de voir la réaction des Kirghiz à son film, en particulier des jeunes générations actuellement désireuses de se démarquer de leur passé soviétique.  » C’est intéressant de comparer les regards des différents publics sur le personnage. Pour ceux qui ne connaissent pas le Kirghizstan, l’idée d’une flotte sur l’un des points du globe les plus éloignés des océans, tend à faire de l’Amiral un personnage de conte, une sorte de Don Quichotte » relate le réalisateur français. Mais pour les kirghizes, « le personnage de Tchoumakov n’a rien d’absurde. Il est un témoin vivant de leur passé soviétique qui n’est pas si lointain. Les jeunes à qui j’ai pu en parler l’ont perçu comme un homme proche des Kirghiz, attentionné envers les enfants qui le voient comme un modèle, et que tout le monde arrive à comprendre »

Le film en compétition en festival

Au-delà du Kirghizstan, le documentaire a déjà été projeté au festival d’Ischia en Italie, et il a reçu le prix du meilleur film dans la compétition Location Negata. Le fait de projeter le film dans l’univers marin de l’île d’Ischia ravissait l’amiral Tchoumakov, qui y a vu un moyen de donner du sens à cette première. En plus de l’ouverture du Festival du jeune cinéma à Bichkek, « L’amiral Tchoumakov » a été sélectionné au festival Cottbus du Cinéma d’Europe de l’Est en Allemagne. En Belgique, il sera projeté au cinéma Flagey. A l’avenir, Laurier Fourniau envisage tout aussi bien de revenir à la fiction que de refaire une œuvre documentaire, si une future rencontre forte du type de celle avec Boris V. Tchoumakov le porte à nouveau vers ce genre cinématographique. « Ce qui m’a amené à la forme documentaire est davantage la rencontre avec l’amiral qu’un projet de longue date. Finalement, c’est cette liberté d’action qui donne toute sa forme à mes œuvres », conclut Laurier Fourniau.

Côme Brunel Rédacteur pour Novastan à Bichkek

Relu par Jacqueline Ripart

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Edition 18 octobre 2021 Modification d’erreurs grammaticales et clarification de certains éléments concernant la vie et les œuvres du réalisateur.

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