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Deux femmes kirghizes témoignent après s’être échappées d’un mariage forcé

Au Kirghizstan, entre 10.000 et 16.000 femmes seraient victimes chaque année d’enlèvements afin d'être mariées de force. Certaines de ces femmes réussissent à fuir leur mariage et trouvent refuge dans des centres dédiés.

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A l'origine, ll’Ala-Kachouou est une tradition kirghize qui n’incluait en aucun cas la force ou la contrainte.

Au Kirghizstan, entre 10.000 et 16.000 femmes seraient victimes chaque année d’enlèvements afin d'être mariées de force. Certaines de ces femmes réussissent à fuir leur mariage et trouvent refuge dans des centres dédiés.

Novastan reprend et traduit ici un article publié initialement par Kloop.kg

L'Ala-Kachouou (littéralement, « prends et cours ») est une ancienne tradition kirghize qui consiste en un mariage forcé après l’enlèvement de l’épouse. À l’origine, les parents y recouraient lorsqu’ils voulaient s’opposer au mariage d’amour de leurs enfants, donnant une tournure shakespearienne à de banales histoires d’amour.

Cette tradition a pris de nos jours une forme différente. Les jeunes filles sont en effet souvent enlevées par de parfaits inconnus afin de forcer l’union, avec dans de nombreux cas la complicité des parents qui s’évitent ainsi la « honte » de retrouver leur fille après l’enlèvement. Kloop.kg a rencontré deux de ces épouses, qui ont pu fuir le domicile conjugal, l'une d'elles quelques jours à peine après la pratique de l’Ala-Kachouou, l'autre près de 20 ans plus tard.

Le mariage plutôt que les études de médecine

Face à la journaliste de Kloop.kg, Venera (un prénom d’emprunt) regarde sa plus jeune fille s'activer avec enthousiasme. Depuis l’automne dernier, cette mère et ses trois filles vivent dans la chambre d’un logement social de l’un des centres de crise de Bichkek, la capitale kirghize. Trois lits, un ordinateur et une commode, où se rassemblent leurs quelques affaires personnelles, composent leur mobilier.

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« Voilà comment on vit », sourit Venera avec un haussement d’épaules. « On n’arrive pas tous à se mettre dans les lits, alors on dort par terre. Bien sûr, ma maison me manque, j’ai passé tant de temps à l’aménager. Mais même si elle était en or massif, je n’y retournerais pas. Ici, je suis en sécurité et c’est ce qui compte le plus. »

Venera a 42 ans. Lorsqu’elle en avait 23, l’un de ses camarades d’étude qu’elle connaissait à peine l’a enlevée. Elle avait alors terminé, avec mention, l’école puis le lycée technique en médecine. Elle s’était inscrite aux cours par correspondance de la faculté de biochimie de l’école supérieure de Bichkek et travaillait en parallèle comme infirmière.

« J’ai toujours eu la fibre activiste. À l’école, je comptais parmi les meilleurs étudiants, j’étais membre du conseil des élèves puis, par la suite, je suis devenue représentante syndicale. Mes parents étaient des gens éduqués . . .

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