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Le chef du parti politique kirghiz des Sociaux-démocrates arrêté pour suspicion de fraude électorale

Trois jours avant les élections des conseils locaux au Kirghizstan, Temirlan Soultanbekov, chef du parti des Sociaux-démocrates, a été arrêté et détenu pour des suspicions d’achats de votes. Alors que son parti a été exclu des élections à Bichkek, il clame son innocence et a démarré une grève de la faim en détention pour attirer les regards.

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Temirlan Soultanbekov, le chef du parti politique kirghiz des Sociaux-démocrates, arrêté et détenu à Bichkek. Photo : Ministère kirghiz de l'Intérieur.

Trois jours avant les élections des conseils locaux au Kirghizstan, Temirlan Soultanbekov, chef du parti des Sociaux-démocrates, a été arrêté et détenu pour des suspicions d’achats de votes. Alors que son parti a été exclu des élections à Bichkek, il clame son innocence et a démarré une grève de la faim en détention pour attirer les regards.

Le 13 novembre dernier, la police kirghize a procédé à une perquisition au siège du parti des Sociaux-démocrates à Bichkek. Cette perquisition fait suite à des soupçons d’achats de voix et a mené à l’audition et, dans la nuit du 13 au 14 novembre derniers, à l’arrestation du chef du parti, Temirlan Soultanbekov, comme l’indique la branche kirghize du média russe Sputnik.

Temirlan Soultanbekov, l’ex-députée du Conseil suprême du Kirghizstan Irina Karamouchkina et Roza Tourksever, un autre membre du parti politique, ont été placés en détention provisoire pour deux mois le 15 novembre dernier, rapporte le média kirghiz Kaktus.

Comme les autres partis, les Sociaux-démocrates se préparaient en vue des élections des conseils locaux dans le pays. Mais cette affaire a entraîné l’exclusion du parti pour les élections à Bichkek, tandis que Temirlan Soultanbekov dénonce sa détention qui interroge jusqu’à l’étranger.

Une affaire d’achats de votes

Une enquête a été ouverte par les autorités suite à la découverte le 13 novembre dernier d’une information compromettante publiée en ligne. Diffusé sur les réseaux sociaux, un enregistrement d’une discussion entre l’ex-députée Irina Karamouchkina et le candidat Daniar Tcholponbaïev mentionne l’achat de votes, précise le média kirghiz 24.kg.

L’enquête a mis en évidence que l’ex-députée et Roza Tourksever achetaient des électeurs pour 1 000 soms (11 euros), rapporte Sputnik. La perquisition a quant à elle permis de relever des preuves de l’achat de plus d’une quarantaine de propagandistes.

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Cette affaire de fraude électorale est intervenue quelques jours avant la tenue des élections des conseils municipaux au Kirghizstan le 17 novembre dernier. Le 6 septembre dernier, le président signait un décret « sur la dissolution des conseils locaux et les élections des députés des conseils locaux ».

Le parti exclu des élections à Bichkek

En réponse à l’affaire, la Commission électorale territoriale a ordonné l’exclusion du parti des élections à Bichkek, signale Kaktus. Le parti politique a dénoncé « une violation flagrante de la présomption d’innocence et de leur droits » en l’absence d’une décision judiciaire et annoncé son intention de déposer un recours à la Commission électorale centrale (TsIK) le jour des élections.

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« Conformément à la loi, jusqu’à la décision de la TsIK, le bulletin de vote doit contenir le nom de notre parti (bulletin de vote unique composé de cases à cocher, ndlr) pour lequel la possibilité de voter est maintenue », ont déclaré les Sociaux-démocrates.

De son côté, la TsIK a annoncé que l’exclusion « n’avait pas fait l’objet d’un appel » de la part du parti politique et que, de ce fait, la décision était « valable », indique le 18 novembre dernier Radio Azattyk, la branche kirghize du média américain Radio Free Europe. Kadyrbek Atambaïev, fils de l’ex-président kirghiz Almazbek Atambaïev et candidat des Sociaux-démocrates, a réagi en soulignant que l’exclusion du « seul parti non pro-gouvernemental » des élections avait « tué la confiance dans l’institution électorale ».

Temirlan Soultanbekov en détention

Le chef du parti des Sociaux-démocrates, Temirlan Soultanbekov, qui clame son innocence et celle de son parti, s’est mis en grève de la faim dès son arrestation, a annoncé sur Facebook Kadyrbek Atambaïev. Selon lui, cette décision est une forme de protestation « contre l’illégalité et l’anarchie dont il est victime ».

Depuis son centre de détention, Temirlan Soultanbekov envoie des lettres pour tenter d’alerter sur son cas. Il a adressé deux lettres à Kamtchybek Tachiev, à la tête du Comité d’État pour la sécurité nationale (GKNB), publiées sur son compte Instagram.

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Dans ses lettres, en particulier dans la première publiée le 20 novembre dernier, il affirme qu’en garde à vue les policiers lui ont « assuré qu’il n’y avait pas eu de corruption de la part de son parti, mais [qu’ils avaient] été contraints d’agir sur ordre de Kamtchybek Tachiev ». Il indique qu’un ordre d’enquête du GKNB daté du 8 novembre dernier lui avait été montré.

D’après sa lettre, il détiendrait des preuves de corruption concernant le parti Force nouvelle de Kouvanytchbek Kongantiev, président du conseil municipal de Bichkek et parrain du fils de Kamtchybek Tachiev. Des membres de Force nouvelle auraient créé « une situation conflictuelle » lors d’une réunion de Temirlan Soultanbekov le 9 novembre dernier. Celui-ci adresse directement son message au chef du GKNB, lui demandant de « traiter tout le monde sur un pied d’égalité » et d’être « un dirigeant juste ».

L’affaire prend une dimension internationale

L’affaire se fait connaître hors des frontières du Kirghizstan. Le 23 novembre dernier, le Parti national social-démocrate kazakh a publié sur son compte Instagram une lettre de soutien à Temirlan Soultanbekov. Le parti kazakh et l’Internationale socialiste, dont le politicien kirghiz est un des vice-présidents, ont exprimé leur « solidarité » sur la question de sa détention. Ils ont aussi souligné leur « préoccupation sur son état de santé » liée à la grève de la faim et leur attachement à la défense des droits de l’Homme.

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Cette affaire a également été reprise par un eurodéputé, l’espagnol Nacho Sánchez Amor, rapporteur pour le Kirghizstan. L’élu a annoncé le 16 novembre dernier dans une publication sur X que le Parlement européen « suivait de près les détentions suspectes au Kirghizstan ». Dans un autre post du 17 novembre dernier, il a déclaré que l’exclusion des Sociaux-démocrates des élections était « une démarche politique visant à se débarrasser des partis concurrents ».

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Nacho Sánchez Amor apparaît aussi dans une vidéo mise en ligne le 21 novembre dernier sur le compte Instagram de Temirlan Soultanbekov. Il y désigne l’affaire comme étant « très suspicieuse et douteuse » et ajoute que l’exclusion du parti des élections n’avait pas lieu d’être. Et alors que le politicien kirghiz continue sa grève de la faim, le député espagnol lui demande de cesser son action afin de poursuivre ses activités politiques et se défendre contre les « importantes accusations » qui pèsent sur lui.

Le parti politique des Sociaux-démocrates n’est toutefois pas le seul concerné par une affaire d’achats de votes lors de ces élections. Le parti Adilet fait aussi l’objet d’une enquête pour le même motif, explique le média kirghiz Kloop.

Claude Foucaud
Rédacteur pour Novastan

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