Och est la deuxième ville la plus peuplée du Kirghizstan. Elle s’agrandit, ce qui aggrave la pollution de l’air. Les autorités pensent à mettre en place des solutions anti-pollution.Novastan reprend et traduit ici un article publié le 4 mars 2022 par le média kirghiz Kloop. Début 2021, le mouvement écologique Move Green a installé trois capteurs à Och pour mesurer les particules solides et liquides nocives dans l’air : les PM2.5.
Les données des capteurs ont été analysées et démontrent que cet hiver 2021-2022, l’air était plus pollué à Och qu’à Bichkek. D’autant que l’hiver 2021-2022 était plus chaud que l’année précédente, et que la ville elle-même se trouve dans le sud du pays. La baisse des températures a un impact direct sur le smog dans les grandes villes : les habitants du Kirghizstan commencent à chauffer plus activement leurs maisons au charbon.
Que sont les particules PM2.5 ?
L’air peut contenir des sels minéraux, de la suie, du caoutchouc, du sable et de l’asphalte. Mais aussi des composés de métaux lourds, du pollen, de minuscules gouttelettes de liquide (contamination dite aérosole) ou encore des gaz.
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Selon les normes kirghizes, la concentration moyenne journalière des particules PM2.5 dans l’air ne doit pas dépasser 35 microgrammes par mètre cube (µg/m³). Mais, comme le montre l’analyse, à Och, la concentration de particules a dépassé la norme maximale autorisée à plusieurs reprises pendant la saison du chauffage.Les particules nocives sont principalement générées par la combustion. Cela peut être du carburant automobile, de la combustion de charbon, du plastique ou des pneus. L’air qui comporte une grande concentration de particules PM2.5 affecte les organes respiratoires.
L’air est plus pollué en hiver
Le smog est influencé par deux facteurs principaux. Le premier est la combustion du charbon dans les zones du secteur privé, pendant la saison de chauffage notamment, qui commence un peu avant novembre et se termine après février. Le second est constitué par des gaz d’échappement des voitures. Maria Kolesnikova, qui dirige le mouvement Move Green, a déclaré :« Nous avons remarqué que l’air est plus sale à Och qu’à Bichkek, du moins en cette saison. Et les sources de pollution y sont légèrement différentes. Il y a aussi [à Och], un secteur privé, beaucoup de tandyrs (fours traditionnels, nde), et quelques petites productions. Le charbon est utilisé pour tout. Le transport automobile est également l’une des sources de pollution atmosphérique. Particulièrement à cause du carburant de mauvaise qualité, des vieilles voitures et de l’absence de convertisseurs catalytiques. »
Quels facteurs influent sur la pollution de l’air ?
La décharge d’Och, comme celle de Bichkek, brûle sans cesse des déchets. Ainsi, la fumée se propage dans la ville. À Och, la collecte des ordures est énorme : près de 420 000 tonnes par an. Och occupe la première place parmi toutes les villes de la République kirghize dans ce domaine, car les déchets de toutes les zones voisines sont collectés, alors que Bichkek ne collecte que les déchets de quatre districts.Lire aussi sur Novastan : Tadjikistan : la pollution de l’air à Douchanbé s’aggraveL’écologiste et conseiller municipal d’Och, Abdyjapar Akkoulov, a expliqué aux journalistes de Kloop que le smog était déjà présent dans la ville auparavant. Cependant, ces dernières années, il a été exacerbé par différents facteurs.« Par exemple, le secteur privé s’est développé autour de la ville. Ils brûlent le charbon à la tonne. Le nombre de bains publics a également augmenté. Ils brûlent du charbon et parfois des déchets textiles, du caoutchouc et des pneus. La qualité du charbon a une incidence sur la pollution atmosphérique, car tout le monde n’a pas la possibilité d’acheter du bon combustible », a déclaré Abdyjapar Akkoulov.Il ajoute que le smog est devenu perceptible à Och cet hiver, car il n’y avait pratiquement pas de vent.
Comment résoudre le problème ?
Pour obtenir un air plus pur, une campagne nationale de sensibilisation doit être menée pour informer le public, en particulier sur les sujets de l’isolation des maisons et l’utilisation de l’énergie solaire, a déclaré Maria Kolesnikova. Selon elle, si les habitants isolent leurs maisons, ils auront besoin de moins de charbon pour se chauffer en hiver. « Le problème du smog est soluble : il y a déjà eu des exemples. Par exemple, à Oulan-Bator, les autorités ont mis en place les mesures suivantes pour lutter contre la pollution : passage du charbon brut au combustible briqueté, amendes pour l’utilisation de charbon brut et tarifs d’électricité préférentiels pendant la période de chauffage. Ils ont également mis en place une augmentation de l’efficacité électrique des bâtiments et un subventionnement par l’État des cuisinières écologiques. Après cela, la concentration de PM2.5 dans l’air du pays a considérablement baissé », affirme Maria Kolesnikova.
La lutte contre la pollution
Abdyjapar Akkoulov a déclaré qu’il faudrait beaucoup de temps avant que les habitants ne se tournent vers des sources d’énergie alternatives. Mais les maisons privées peuvent être chauffées à l’aide de chaudières.« Par exemple, si les maisons du quartier d’Ak-Tilek sont divisées en quatre blocs et qu’une chaufferie modulaire est construite pour chaque bloc, alors elle offrira commodité, confort, propreté et chaleur. De plus, la fumée sera filtrée avant de pénétrer dans l’air », explique Abdyjapar Akkoulov.Il ajoute que la mairie d’Och n’a à ce jour aucun véritable programme de lutte contre le smog. Ces dernières années, les autorités se sont concentrées sur la plantation des arbres qui ne purifient pas suffisamment l’air.« Lors d’une récente réunion, nous avons suggéré qu’au lieu des genévriers, [les autorités] plantent des espèces d’arbres qui purifient l’air et suppriment le bruit. Le smog contient beaucoup de dioxyde de carbone et se dépose dans les basses couches de l’atmosphère. La principale propriété des arbres est le processus de photosynthèse. Ils absorbent le dioxyde de carbone et créent de l’oxygène. Ils permettent également de désinfecter et de réduire les substances nocives dans l’air », précise Abdyjapar Akkoulov.
Que disent les responsables locaux ?
La municipalité d’Och n’a jamais discuté publiquement du smog. Le mouvement environnemental Move Green a organisé le premier débat public sur la qualité de l’air dans la ville. Les représentants ont présenté des données de surveillance de la pollution atmosphérique sur la fin de l’année.Lire aussi sur Novastan : L’Ouzbékistan va se doter d’un système de mesure en temps réel de la pollution de l’airSonounbek Jounousov, adjoint au maire d’Och, a déclaré que les autorités étaient conscientes du problème du smog et en comprennaient les causes.Pour résoudre le problème, le bureau du maire a élaboré un plan pour la période 2021-2026. Sonounbek Jounousov affirme qu’il y a 15 points pour prévenir le smog et pour rendre la ville plus verte. « La première chose que nous avons faite a été d’élaborer un plan directeur afin d’éviter de construire des immeubles de grande hauteur qui font obstacle au vent. Nous n’avons pas encore approuvé le plan directeur, mais il est presque terminé. À l’avenir, nous supprimerons les bus municipaux qui fonctionnent à l’essence. Nous voulons soulever la question de l’achat de bus électriques ou de bus fonctionnant au gaz. Nous avons aussi une décharge qui pollue l’air. Cette année, nous prévoyons de construire une décharge fermée. Si Dieu le veut, nous commencerons la construction en avril », a déclaré Sonounbek Jounousov.
La mise en place de solutions
Selon les responsables de la ville, Och compte 84 chaufferies qui utilisent du charbon. En 2022, la mairie prévoit de renouveler les filtres et les pompes de ces chaudières.En outre, les responsables de la ville promettent de planter davantage d’arbres pour assainir l’air. Aujourd’hui, Och compte environ cinq mètres carrés de verdure par habitant, selon Sonounbek Jounousov. C’est dix fois moins que la recommandation de l’Organisation mondiale de la santé.
La mairie est incapable de construire une nouvelle décharge depuis dix ans. L’argent de la décharge provient d’une subvention ainsi que d’un prêt de la banque européenne pour la reconstruction et le développement. Les autorités de la ville n’ont pas pu trouver de terrain approprié, si bien que la construction a été retardée. En conséquence, ils ont décidé de construire une nouvelle décharge sur le site de l’ancienne. Le bureau du maire et la banque ne peuvent pas se mettre d’accord sur un appel d’offres.
La rédaction de Kloop
Traduit du russe par Alexei Vasselin
Édité par Johanna Regnaud
Relu par Emma Jerome
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