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Vladimir Poutine accueilli à Astana en grande pompe

Le président russe s'est rendu au Kazakhstan sur invitation de son homologue kazakh. Le pays a tout fait pour se montrer accueillant et élargir les perspectives de coopération.

Le président russe s'est rendu au Kazakhstan (illustration). Photo : Akorda.

Le président russe s’est rendu au Kazakhstan sur invitation de son homologue kazakh. Le pays a tout fait pour se montrer accueillant et élargir les perspectives de coopération.

Le président russe a été chaleureusement accueilli au Kazakhstan par d’immenses banderoles « Votre Excellence M. Vladimir Poutine, bienvenue à Astana ! » Le drapeau russe était partout dans les rues, et même au-delà : six avions ont rayé le ciel de blanc, de bleu et de rouge, rapporte Radio Azattyq, la branche kazakhe du média américain Radio Free Europe.

L’Internet kazakh a été inondé d’indignation en réaction à cette pompe jugée excessive. Bien que des affiches similaires, en kazakh et dans la langue maternelle de dirigeants étrangers, aient déjà trouvé leur place à Astana par le passé, ces cérémonies ont parfois été jugées trop flamboyantes.

Peut-être est-ce dû à la personnalité de l’invité, isolé sur le plan international. Avec ces gestes, Astana espère souligner l’importance de la personnalité de Vladimir Poutine ainsi que soulager quelques tentions après la guerre commerciale sur les exportations de céréales et le récent refus du Kazakhstan de rejoindre les BRICS.

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Kassym-Jomart Tokaïev est allé recevoir son homologue à son atterrissage le 27 novembre dernier avant de l’accueillir à l’Akorda, la maison blanche kazakhe. Le Kazakhstan fait de son mieux pour rester en bons termes avec le maître du Kremlin, comme l’a montré cet accueil.

Maintenir de bonnes relations à tout prix

Suite à l’invasion de l’Ukraine, les tendances décoloniales se sont intensifiées en Asie centrale. Au Kazakhstan, ce discours est alimenté par les attaques agressives de politiciens et de propagandistes russes qui revendiquent des territoires ou prétendent protéger les populations russophones en dehors de leurs frontières nationales.

Face à de telles attaques, Astana est obligée de manœuvrer. Ainsi, avant l’arrivée de Vladimir Poutine, le parlement kazakh a ratifié un accord sur la création d’une organisation internationale destinée à promouvoir la langue russe, sur une proposition du président kazakh, rapporte Radio Azattyq.

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Le jour de la visite du président russe, le journal d’État Kazakhstanskaïa Pravda a publié un article du dirigeant, tandis que le média russe Izvestia a publié celui de son homologue kazakh. Dans son article, le premier exprime sa gratitude au second pour son soutien à la langue russe : « Nous sommes bien sûr reconnaissants envers le gouvernement de la République du Kazakhstan, et plus personnellement à Kassym-Jomart Kemelevitch, pour son attitude protectrice à l’égard de la langue russe et pour l’initiative significative qu’est la création de l’Organisation internationale pour la langue russe. »

Continuer à promouvoir la langue russe

« Il s’agit d’une tentative des dirigeants kazakhs de démontrer à la Russie leur totale loyauté d’un point de vue géopolitique. Démontrer que la Russie est un allié important et que le Kazakhstan ne va pas lui tourner le dos, abandonner la langue russe ni promouvoir un agenda nationaliste. […] [Kassym-Jomart] Tokaïev démontre à [Vladimir] Poutine que la langue russe est également importante pour lui. Tout cela est dicté par la crainte d’un éventuel mécontentement, qui s’est transformé en Ukraine en une invasion à grande échelle. Le Kazakhstan veut se protéger d’un scénario aussi terrible », estime le chercheur Temour Oumarov.

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Dans le pays, l’idée de Kassym-Jomart Tokaïev de soutenir la langue russe ne trouve pas de soutien inconditionnel, y compris parmi les parlementaires. Certains affirment auprès de Radio Azattyq que la ratification de l’accord était une mesure forcée.

Un partenariat stratégique dans un contexte de « nouvel ordre mondial »

Kassym-Jomart Tokaïev et Vladimir Poutine ont également adopté une déclaration commune sur l’approfondissement du partenariat stratégique dans le contexte du « nouvel ordre mondial », comme l’indique le texte. L’accord porte sur des points concernant le dialogue politique ainsi que les liens économiques et socio-humanitaires entre les deux pays.

À cette occasion, Vladimir Poutine a lui-même souligné l’importance de la coopération entre les deux pays. « Le volume de la coopération mutuelle augmente : il s’élève déjà à environ 30 milliards de dollars (28,4 milliards d’euros, ndlr). Malgré toutes les difficultés d’aujourd’hui, cette interaction ne fait que s’étendre et devenir plus intéressante et mutuellement bénéfique pour les deux parties. Nous ne parlons pas seulement de l’industrie et de la finance, demain nous parlerons également d’un élément tout aussi important – la sécurité, notamment dans le cadre de l’Organisation du traité de sécurité collective« , a-t-il déclaré.

Pour le politologue kazakh Gaziz Abichev, le Kazakhstan est encore largement dépendant de la Russie : « Il y a des liens historiques, notre confinement géographique et, malheureusement, notre dépendance à l’égard d’un certain nombre de positions économiques – sur la question des matières premières pour notre raffinerie de pétrole de Pavlodar, de l’importation d’électricité, du transit de nos marchandises vers les ports de la mer Noire, de l’exportation de notre pétrole. »

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Le nombre d’entreprises russes au Kazakhstan est passé en trois ans de 17 000 à 23 500. Presque une entreprise étrangère sur deux dans le pays est russe, selon le Bureau national des statistiques.

Le nucléaire évoqué

Dans son article, le chef du Kremlin souligne également la volonté de la société d’État russe Rosatom de coopérer avec le Kazakhstan pour son projet de construction d’une centrale nucléaire, après sa confirmation par référendum. La Russie a ainsi accru sa présence dans l’industrie de l’uranium au Kazakhstan.

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Lors du référendum du 6 octobre dernier, plus de 71 % des électeurs ont approuvé la construction d’une centrale nucléaire dans le pays. Astana a déclaré qu’elle envisageait des sociétés de Russie, de Chine, de France et de Corée du Sud parmi les constructeurs potentiels. Le jour du référendum, le président kazakh a déclaré que la construction de la centrale nucléaire devrait être entreprise par un consortium international.

Voilà un ensemble d’éléments qui font supposer que le Kazakhstan a tout intérêt de préserver ses liens avec la Russie. Toute détérioration des relations pourrait avoir des conséquences durables sur son économie, sa société et même sa souveraineté.

Vladimir Poutine, enfin, a invité Kassym-Jomart Tokaïev à un sommet informel de la Communauté des États indépendants (CEI) à Saint-Pétersbourg, qui aura lieu le 24 décembre, ainsi qu’au défilé militaire du 9 mai à Moscou pour célébrer « notre Victoire commune », selon ses mots.

Samad Alizade
Rédacteur pour Novastan

Relu par Elise Medina

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