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Nouvelles nominations au Kazakhstan : vers un renforcement des pouvoirs du président ?

Alors que le Kazakhstan est toujours placé en état d’urgence du fait de la crise du Covid-19, de nouvelles nominations sont intervenues aux plus hauts échelons de l'État, suite au limogeage de Dariga Nazarbaïeva. Des changements qui pourraient laisser entendre que le président Kassym-Jomart Tokaïev chercherait à renforcer son influence.

Président Kassym-Jomart Tokaïev Sénat Kazakhstan
Le président Kassym-Jomart Tokaïev s'exprimant devant le Sénat du Kazakhstan le 4 mai dernier.

Alors que le Kazakhstan est toujours placé en état d’urgence du fait de la crise du Covid-19, de nouvelles nominations sont intervenues aux plus hauts échelons de l’État, suite au limogeage de Dariga Nazarbaïeva. Des changements qui pourraient laisser entendre que le président Kassym-Jomart Tokaïev chercherait à renforcer son influence.

Le 5 mai dernier, le président kazakh Kassym-Jomart Tokaïev a procédé à plusieurs remaniements au sommet de l’État. Par un décret publié sur le site de l’Akorda, la présidence kazakhe à Nur-Sultan, l’ancienne responsable de la Commission chargée du Développement des ressources humaines, Tamara Douïssenova, a été affectée au poste d’assistante du président en remplacement d’Aïda Balaïeva. La veille, cette dernière avait été nommée ministre de l’Information et du Développement social, comme le rapporte le média kazakh Vlast.kz. Originaire d’Almaty et réputée proche de Kassym-Jomart Tokaïev, Aïda Balaïeva, 45 ans, est la première femme à occuper ce poste.

Autre remaniement au sein de l’administration présidentielle : Aliya Rakicheva, jusque-là conseillère du président, a été remerciée et placée à la tête de l’appareil administratif du sénat du Kazakhstan, comme le rapporte le média kazakh Kapital.kz.

Nominations, remplacements et mises à l’écart

Il ne s’agit là que de quelques changements parmi bien d’autres dans un nouveau jeu de chaises musicales lancé aux plus hauts échelons de l’administration kazakhe. Tout a commencé avec le remplacement de Dariga Nazarbaïeva, fille de l’ancien président kazakh Noursoultan Nazarbaïev, à la tête du Sénat le 2 mai dernier.

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Remerciée par le président dans un communiqué, Dariga Nazarbaïeva a ainsi perdu sa fonction de numéro 2 du pays. Une décision surprenante qui n’a pas manqué d’agiter les réseaux sociaux dans le plus vaste pays d’Asie centrale, comme l’explique Vlast.kz.

L’ex-numéro 2 du Kazakhstan a été remplacée le 4 mai dernier par Maoulène Achimbaïev, lui-même ancien premier adjoint de l’administration présidentielle. Désormais à la tête du Sénat, il a laissé son poste auprès du président à Daourène Abaïev, ancien diplomate et ministre de l’Information et du Développement social jusqu’à la nomination d’Aïda Balaïeva à la tête du ministère.

Achimbaïev État Limogeage Nazarbaïeva
Maoulène Achimbaïev (à gauche) est devenu le numéro 2 de l’État kazakh après le limogeage de Dariga Nazarbaïeva.

Lui aussi proche de Kassym-Jomart Tokaïev et originaire d’Almaty, Maoulène Achimbaïev est devenu formellement numéro 2 dans la hiérarchie du pouvoir. Comme l’a rapporté Vlast.kz, il a déclaré lors de sa prise de fonction qu’il « ferait tout ce qui est nécessaire pour assurer un soutien législatif de qualité à la politique du chef de l’État. » S’exprimant devant le Sénat à cette occasion, le président kazakh n’a pas manqué de vanter les mérites de Maoulène Achimbaïev et le rôle clé qu’il aura à jouer pour le futur du pays, selon Kapital.kz.

Vers une concentration des pouvoirs entre les mains de Tokaïev ?

Ce tournant inattendu intervient en pleine crise mondiale du Covid-19 à laquelle le Kazakhstan a dû faire face en prenant des mesures drastiques depuis les premiers cas recensés dans le pays. Les remaniements politiques initiés par le chef de l’État semblent être un signe de changements significatifs dans la répartition des pouvoirs en faveur de Kassym-Jomart Tokaïev. Mais il pourrait très bien s’agir d’une simple rotation de fonctionnaires sans effet sur le système politique kazakh dans son ensemble.

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Parmi ceux qui considèrent qu’il ne s’agit que de simples changements sans conséquences, le politologue kazakh Chalkar Nurseïtov a affirmé qu’« il ne fallait pas se faire d’illusion et penser que Kassym-Jomart Tokaïev était en train de renforcer son pouvoir ». Selon ses propos rapportés par le site Radio Azattyk« Maoulène Achimbaïev est un cadre qui n’est pas apparu avec Kassym-Jomart Tokaïev. Daourène Abaïev et Aïda Balaïeva ont tous les deux été des jeunes cadres de Noursoultan Nazarbaïev. Ils ont simplement pris la place des anciens cadres. Nazarbaïev, ce n’est pas une personne seule. Nazarbaïev, c’est un système. Et tous ces gens sont des mécanismes de ce système ».

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« Ce sont des représentants de la jeune génération, de jeunes pousses qui ont évolué dans le nid de l’entourage du premier président et chacun d’entre eux a été placé par des gens proches de Nazarbaïev », abonde le politologue Dossym Satpaïev sur sa page Facebook.

Mais pour d’autres experts, ces changements aux plus hauts échelons sont un révélateur de l’autonomie de l’actuel président. « La nomination de Maoulène Achimbaïev au poste de sénateur et son élection subséquente à la présidence du Sénat montrent un renforcement croissant de la position du président Kassym-Jomart Tokaïev », estime le politologue Andreï Tchebotarev sur sa page Facebook.

Balaïeva Ministre Information Développement
Aïda Balaïeva est devenue ministre de l’Information et du Développement social du Kazakhstan le 5 mai dernier.

Le politologue met également en avant la nomination d’Aïda Balaïeva dans le processus de renforcement de l’influence de l’actuel président sur l’appareil d’État. « Le président a fait un deuxième pas en nommant son ancienne assistante Aïda Balaïeva à la tête du ministère de l’Informaiton et du Développement social. Ainsi, l’état d’urgence dans le pays est activement utilisé pour modifier l’équilibre des pouvoirs au sein de l’élite dirigeante », a estimé Andreï Tchebotarev.

Reste à savoir si cette nouvelle génération de fonctionnaires, assez jeunes et réputés plus dynamiques que la vieille garde de Noursoultan Nazarbaïev, reprendra les mêmes règles du jeu politique que ses prédécesseurs ou si elle sera à l’initiative d’importants changements et de grandes réformes pour le Kazakhstan.

Adel Urikbayeva
Rédactrice pour Novastan à Almaty

Édité par Jérémy Lonjon
Correspondant de Novastan à Almaty

Relu par Anne Marvau

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