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Manifestations de masse au Kazakhstan, le gouvernement limogé

Le président kazakh a limogé l'ensemble de son gouvernement après plusieurs jours de manifestations partout dans le pays. Le mouvement, lancé après une augmentation drastique du prix du carburant dans l'ouest du Kazakhstan, s'élargit à une critique plus frontale des autorités.  C'est un mouvement rare au Kazakhstan. Depuis le 2 janvier dernier, des milliers de Kazakhs ont manifesté dans différentes villes du pays, ce qui a conduit le président kazakh Kassym-Jomart Tokaïev à limoger l'ensemble de son gouvernement ce mercredi 5 janvier, relaie le média kazakh Vlast.kz. Askar Mamine, Premier ministre depuis février 2019, a été remplacé par Alikhan Smaïlov en tant que Premier ministre par intérim, relaie la présidence kazakhe. Durant la journée, Kassym-Jomart Tokaïev s'est également autodéclaré chef du Conseil de sécurité, un organe exécutif auparavant dirigé par Noursoultan Nazarbaïev, l'ancien président kazakh (1989-2019), relaie le média russe spécialisé sur l'Asie centrale Fergana News. Durant son discours prononcé à la télévision kazakhe, le chef de l'Etat a estimé que les manifestations étaient le fait de "conspirateurs financièrement motivés".

Manifestations Kazakhstan Gaz naturel liquéfié Almaty
Des voitures ont brûlé à Almaty après des manifestations, dans le nuit du 4 au 5 janvier 2022.

Le président kazakh a limogé l’ensemble de son gouvernement après plusieurs jours de manifestations partout dans le pays. Le mouvement, lancé après une augmentation drastique du prix du carburant dans l’ouest du Kazakhstan, s’élargit à une critique plus frontale des autorités.  C’est un mouvement rare au Kazakhstan. Depuis le 2 janvier dernier, des milliers de Kazakhs ont manifesté dans différentes villes du pays, ce qui a conduit le président kazakh Kassym-Jomart Tokaïev à limoger l’ensemble de son gouvernement ce mercredi 5 janvier, relaie le média kazakh Vlast.kz. Askar Mamine, Premier ministre depuis février 2019, a été remplacé par Alikhan Smaïlov en tant que Premier ministre par intérim, relaie la présidence kazakhe. Durant la journée, Kassym-Jomart Tokaïev s’est également autodéclaré chef du Conseil de sécurité, un organe exécutif auparavant dirigé par Noursoultan Nazarbaïev, l’ancien président kazakh (1989-2019), relaie le média russe spécialisé sur l’Asie centrale Fergana News. Durant son discours prononcé à la télévision kazakhe, le chef de l’Etat a estimé que les manifestations étaient le fait de « conspirateurs financièrement motivés ».

Le mouvement est particulièrement pris au sérieux par les autorités, qui ont réagi dès le 3 janvier par une présence policière forte et en coupant presque entièrement Internet dans le pays, comme l’ont remarqué les spécialistes de Netblocks.

L’état d’urgence a été décrété ce mercredi 5 janvier dans la région de Manguistaou, dans le sud-ouest du pays, et ce jusqu’au 19 janvier, décrit le média kazakh Lada.kz. La région a été le point de départ du mouvement de contestation. Des mesures équivalentes ont également été prises à Almaty, la plus grande ville du pays, et à Nur-Sultan, la capitale, relaient respectivement les médias kazakhs Kapital.kz et Vlast.kz. Ces mesures s’accompagnent en général d’un couvre-feu.

La mairie d’Almaty en feu

Ce mercredi 5 janvier, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées sur la place de la République à Almaty, la capitale économique du pays, relaie Vlast.kz. La foule s’est précipitée dans la mairie de la ville, des fenêtres et des portes ont été brisées, ajoute le média kazakh. Le bâtiment est en train de brûler, décrit le média kazakh Tengrinews. Selon les autorités locales, « 120 véhicules, dont 33 ambulanciers et pompiers, ont été incendiés. 120 magasins et commerces, 180 établissements de restauration, environ 100 bureaux ont été touchés », relaie Tengrinews. Le siège du parti présidentiel Nur-Otan a également été incendié, décrit Radio Azattyk, la branche kazakhe du média américain Radio Free Europe. En parallèle, Vlast décrit que plusieurs milliers de personnes ont essayé de pénétrer dans le territoire de la résidence présidentielle d’Almaty. « On entend des explosions de grenades et des coups de feu », a ajouté le correspondant du média kazakh sur le réseau social Telegram. Le bâtiment n’a cependant pas été pris par les manifestants, tandis que le président kazakh est actuellement à Nur-Sultan. Selon le média kazakh Orda.kz, l’aéroport d’Almaty a également été pris par les manifestants en début de soirée du 5 janvier. L’aéroport est la propriété du groupe ADP depuis mai 2020.

Des manifestations dans tout le pays

En début de soirée, près de 10 000 personnes se sont rassemblées à Aktaou, dans le sud-ouest du pays, décrit Orda.kz sur Telegram. Le site du média ainsi que de l’agence KazTag, très présents pour décrire les évènements, ont été bloqués par les autorités dès le 4 janvier dernier, décrit Fergana News. A Aktioubé, dans le nord-ouest du pays, plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés près de la mairie, avec la volonté d’entrer dans le bâtiment.

Les forces de l’ordre ont commencé à utiliser des canons à eau et des grenades de désencerclement à Aktioubé pour disperser les forces de l’ordre. https://twitter.com/LukeSt_K/status/1478669637969752073

Le Kazakhstan temporairement coupé d’Internet

Plus de 200 personnes ont été arrêtées dans tout le pays, a affirmé ce mercredi 5 janvier le ministère de l’Intérieur kazakh. A Almaty, 190 personnes ont été blessées, ont annoncé les autorités ce mercredi 5 janvier, décrit Vlast. A 14 heures heure française, les sites Internet hébergés dans le pays sont devenus inaccessibles. Comme l’a remarqué le chercheur spécialisé Kévin Limonier, les points de réseau d’Internet sont bloqués au Kazakhstan. Concrètement, le Kazakhstan a été complètement coupé d’Internet. La situation est cependant revenue à la normale dans la soirée, à 17 heures heure française (22 heures heure kazakhe).

Le gaz comme point de départ

Ces manifestations ont été lancées le 2 janvier dernier à Janaozen, dans le sud-ouest du pays. En point de départ, un doublement en quelques mois du prix du gaz naturel liquéfié (GNL), utilisé comme carburant par de nombreux Kazakhs. Comme le décrit Vlast, quelques dizaines de personnes ont demandé à ce que le prix du litre, de 120 tengués (0,24 euro) soit de 60 tengués (0,12 euro). La plupart des voitures de la région sont alimentées au gaz, la hausse des prix depuis la nouvelle année la rend inaccessible à la population, ont déclaré des manifestants. Dès le 2 janvier, le ministère de l’Énergie a déclaré que ni les autorités régionales, auxquelles les manifestants font appel, ni le ministère de l’Énergie, ne peuvent influencer les prix du gaz qui sont formés par le marché. Des déclarations démenties dès le 3 janvier par le Premier ministre d’alors, Askar Mamine. Il s’engage ainsi à « réguler le prix du gaz liquéfié » tout en insistant sur le fait que les stations services avaient baissé leur prix autour de 85 tengués.

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Des mesures qui seront étendues dès le 4 janvier par  le président kazakh. « Le gouvernement, dans le cadre des pouvoirs qui lui sont conférés, afin d’assurer la stabilité du pays, a décidé de réduire le prix du gaz liquéfié dans la région de Mangistau à 50 tengués le litre », a affirmé Kassym-Jomart Tokaïev sur Twitter, comme le relaie le média kazakh Kazinform.

Des manifestations dans tout le Kazakhstan

Cependant et entre temps, le mouvement de protestation s’est étendu à d’autres villes. De Janaozen, où des centaines de personnes ont manifesté le 3 janvier toute la journée, le mécontentement s’est aussi exprimé à Aktaou, décrit le média kazakh Lada.kz. Près de 6 000 personnes se seraient rassemblées dans la soirée à Aktaou, décrit le média américain Radio Free Europe. Le 4 janvier, ce sont les villes de Karaganda, dans le centre du pays, et d’Almaty qui ont connu leurs premiers rassemblements, décrit Radio Azattyk. Des grenades de désencerclement ont été utilisées à Almaty dans la soirée du 4 janvier, relaie Radio Free Europe.

Des mesures pour contrôler les prix

En réponse à ces évènements, le président kazakh s’est montré particulièrement attentif et actif, notamment sur Twitter. Dès le 2 janvier, Kassym-Jomart Tokaïev a demandé au gouvernement d’examiner « en urgence la situation à Janaozen », avant de mandater une commission pour négocier avec les manifestants à Aktaou le 4 janvier, décrit Kapital.kz. Le 5 janvier, alors que les manifestations continuent, Kassym-Jomart Tokaïev a blâmé tout particulièrement son gouvernement en le limogeant, décrit le média kazakh TheVillage. Pour tenter d’apaiser les choses, le président kazakh a également demandé que soit mise en place une régulation des prix pour les six prochains mois pour le gaz liquéfié, l’essence et le diesel, décrit la présidence kazakhe. Les prix des produits alimentaires devraient également être régulés. Ces derniers ont connu une augmentation de 11 % entre juillet 2020 et juillet 2021, décrit Kapital.kz. Une situation qui pèse sur les ménages kazakhs, où près de 50 % des dépenses sont consacrés à l’alimentation, explique à Radio Azattyk l’observateur économique Sergueï Domnin.

Etienne Combier Rédacteur en chef de Novastan

Relu par Emma Jerome

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