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Kazakhstan : une avocate en croisade contre les crimes à caractère sexuel

Spécialisée dans les crimes particulièrement graves agitant la société kazakhe, l’avocate Ayman Oumarova a été récompensée par le Prix international de la femme de courage.

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Ayman Oumarova a reçu le Prix international de la femme de courage, attribué chaque année à 10 femmes.

Spécialisée dans les crimes particulièrement graves agitant la société kazakhe, l’avocate Ayman Oumarova a été récompensée par le Prix international de la femme de courage.

Novastan reprend et traduit ici un article initialement publié par Radio Azattyk.

Ayman Oumarova, une avocate du Kazakhstan, est devenue l’une des dix femmes à recevoir le Prix international de la femme de courage, l’International Women of Courage Award 2018, le 23 mars dernier. Ce prix est décerné chaque année depuis 2007 par le département d’Etat américain aux femmes qui se sont distinguées par leur courage dans leurs activités professionnelles.

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Ayman Oumarova s’est spécialisée dans les crimes particulièrement graves liés aux abus sexuels sur femmes et enfants. Elle travaille également avec des personnes condamnées pour des raisons politiques. Radio Azattyk a discuté le 22 mars dernier avec Aymar Oumarova, à la veille de la réception de son prix.

Azattyk: Qu’avez-vous ressenti lorsque vous vous êtes rendu compte que vous étiez l’une des dix femmes au monde à recevoir ce prix?

Ayman Oumarova: Pour moi, c’était un choc. Je ne peux pas dire que je suis la plus courageuse. Il y a des femmes qui luttent contre des problèmes différents. J’étais ravie qu’ils m’aient choisie. En effet, au cours des dernières années, j’ai vécu beaucoup de choses. Merci pour cette confiance !

Que signifie ce prix pour vous?

C’est une reconnaissance de mon travail, une reconnaissance de ce à quoi j’aspire. Ce que je fais n’est pas facile, et les gens ont apprécié mon travail. Je suis heureuse de réaliser que je ne suis pas seule, qu’il existe encore des femmes qui travaillent autant. Je suis également heureuse qu’il y ait des gens qui peuvent apprécier cela.

Sur quoi voulez-vous attirer l’attention de la communauté internationale concernant la situation des droits de l’Homme au Kazakhstan et les activités des défenseurs locaux des droits de l’Homme?

Tout d’abord, je voudrais attirer l’attention sur les droits des femmes. La base de tous les problèmes chez nous réside dans l’inégalité entre les sexes. L’un des principaux problèmes au Kazakhstan est l’attitude de la société à l’égard de la violence. Pendant toutes ces années, nous prouvons constamment que toute violence est un crime. La violence ne peut pas être tolérée, vous comprenez ? Cependant, il y a ceux qui disent à la victime : « C’est de ta faute ! »

Comment se fait-il que cette année le jury du prix a attiré l’attention sur les nominés du Kazakhstan?

Je pense que tout le monde a prêté attention à la lutte du Kazakhstan contre la violence. La question n’est pas de savoir de quels pays sont originaires les nominés, mais à quel point dans ces pays les gens se battent pour leurs droits.

En tant qu’avocate, comment choisissez-vous vos affaires ?

La majorité de mes clients sont des femmes appartenant à des groupes vulnérables. Toutes leurs affaires sont classées comme complexes, lorsqu’il devient difficile de prouver quoi que ce soit. En participant à l’affaire, je montre à la société l’existence de problèmes globaux.

Par exemple, l’affaire de Jibek Musinova. On m’a dit : « C’est juste un viol ordinaire ». Non, c’était une chose inhabituelle. C’était inhabituel car c’était la première fois qu’une femme kazakhe parlait ouvertement du viol.

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J’ai des choses à faire quand j’ai besoin de me battre contre le système. J’essaie de prendre les affaires dans lesquelles en aidant une personne, vous aidez la société dans son ensemble. Vous exposez tous ces points problématiques de la société. Quand de telles choses arrivent, la question des honoraires ne se pose même pas. Plus une personne est vulnérable, plus elle est susceptible de devenir mon client.

Qu’avez-vous prévu de faire par la suite ?

Je veux ouvrir mon école de droit, où je pourrais organiser des formations pour de jeunes avocats, des juristes qui protègeraient tout comme moi des droits pour les populations les plus vulnérables. Pour que personne ne soit oublié.

Propos recueillis par Dana Sanseeva
Journaliste pour Radio Azattyk

 Traduit du russe par Dana Terlikbaïeva

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