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Altynbek Sarsenbaïev : vie et mort d’un opposant kazakh

Ancien ministre de l’Information et membre du parti de l’opposition, Altynbek Sarsenbaïev a été retrouvé mort à côté de son garde du corps et de son chauffeur. Même si des coupables ont été condamnés, les partisans de l’opposition ne croient pas aux informations officielles. Novastan reprend et traduit ici un article publié le 14 février 2022 par le média kazakh Masa. Le 11 février 2006, le Kazakhstan découvre la mort de l'homme politique Altynbek Sarsenbaïev. Retour sur sa vie, son parcours politique et le mystère autour de sa mort.

Altynbek Sarcenbaiev
L'opposant kazakh Altynbek Sarsenbaïev.

Ancien ministre de l’Information et membre du parti de l’opposition, Altynbek Sarsenbaïev a été retrouvé mort à côté de son garde du corps et de son chauffeur. Même si des coupables ont été condamnés, les partisans de l’opposition ne croient pas aux informations officielles. Novastan reprend et traduit ici un article publié le 14 février 2022 par le média kazakh Masa. Le 11 février 2006, le Kazakhstan découvre la mort de l’homme politique Altynbek Sarsenbaïev. Retour sur sa vie, son parcours politique et le mystère autour de sa mort.

Le parti d’opposition

Avant de rejoindre la fonction publique, Altynbek Sarsenbaïev travaillait comme journaliste. Il était rédacteur pour l’agence kazakhe KazTag. Par la suite, il a travaillé à la rédaction des médias Orken et Araï.

Entre 1992 et 2004, il a exercé diverses fonctions publiques. Il a été ministre de la Presse et des Médias à quatre reprises. De plus, il a été ambassadeur du Kazakhstan en Russie. Durant son mandat de ministre, en 2004, il a autorisé l’enregistrement de plus d’une centaine de médias d’opposition.En 2004, l’homme politique devient coprésident du parti Ak Jol. La même année, le parti obtient 12 % des voix aux élections législatives, mais n’obtient qu’un seul siège au Parlement. Altynbek Sarsenbaïev quitte la fonction publique en affirmant que les résultats des élections étaient truqués.

L’émancipation des partis politiques

N’ayant pas réussi à trouver un accord avec les partisans d’Ak Jol, Altynbek Sarsenbaïev décide de créer son propre parti. Ainsi, il forme le parti Nağyz Ak Jol et le mouvement Pour un Kazakhstan juste avec plusieurs organisations d’opposition. En 2005, au nom de cette coalition, Jarmakhane Touïakbaï se présente à la présidence et obtient 6,6 % des voix.Lire aussi sur Novastan : Dariga Nazarbaïeva démise de ses fonctions de numéro 2 de l’Etat kazakhEn 2005, Altynbek Sarsenbaïev a déclaré aux journalistes que l’agence de presse Khabar appartenait à Dariga Nazarbaïeva, la fille du président. La première chaîne privée Evrazia serait financée par cette dernière, ce qui constituerait un détournement de fonds publics. L’agence a poursuivi le ministre en justice, réclamant 50 millions de tengués (108 775 euros) pour, entre autres, avoir terni l’image de l’entreprise. Sur décision de justice, Altynbek Sarsenbaïev est condamné à payer un million de tengués (2 175 euros).En novembre de la même année, Zamanbek Nourkadilov, un allié d’Altynbek Sarsenbaïev qui s’opposait à Dariga Nazarbaïeva, a été retrouvé mort avec trois blessures par balles : deux à la poitrine et une dans la tête. D’après la version officielle, il s’est suicidé. Trois mois plus tard, Altynbek Sarsenbaïev a été lui-même assassiné.

Le décès d’Altynbek Sarsenbaïev

Le 11 février 2006, Altynbek Sarsenbaïev, son garde du corps Baouyrjane Baïbosyn et son chauffeur Vassily Jouravlev ont disparu. Deux jours plus tard, les corps de trois hommes ont été retrouvés près d’Almaty. Ils avaient été menottés et exécutés d’une balle derrière la tête.Les partisans de l’opposition et les journalistes indépendants ont estimé que les autorités ainsi que le Comité de sécurité nationale étaient impliqués dans le meurtre. Nartaï Doutbaïev, le chef du Comité de sécurité nationale de l’époque, démissionne peu de temps après la découverte des corps.Le 20 février 2006, en tant que principal suspect, Yerjane Outenbaïev, chef du cabinet du Sénat, a été arrêté. Le 2 mars 2006, il aurait rédigé une lettre à Noursoultan Nazarbaïev, admettant qu’il avait ordonné le meurtre du ministre et de deux de ses associés. Yerjane Outenbaïev a écrit que c’était sa façon de se venger de l’opposant qui l’avait critiqué. Le meurtre commandité a été commis par plusieurs personnes dont un ancien officier et par les forces spéciales antiterroristes du Comité de sécurité nationale, le service Arystan.

Les sanctions judiciaires

Au cours de l’été de la même année, Yerjane Outenbaïev a été condamné à 20 ans de prison et Roustem Ibragimov, commanditaire du meurtre, a été condamné à mort. Cependant, en raison du moratoire sur la peine de mort, Roustem Ibragimov a été condamné à la prison à vie. Au total, dix personnes ont été condamnées dans cette affaire. 

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Finalement, Yerjane Outenbaïev a été libéré après huit ans de prison. En 2014, Roustem Ibragimov a fait une seconde déclaration dans laquelle il niait toute implication dans le meurtre. Il accuse Rakhat Aliev, l’ancien gendre de Noursoultan Nazarbaïev, et Alnour Moussaïev, l’ancien chef du Comité de sécurité nationale. Yerjane Outenbaïev a écrit plus tard dans son livre Parrain qu’il n’était pas impliqué dans le meurtre d’Altynbek Sarsenbaïev et que les vrais coupables devaient être recherchés parmi les hauts fonctionnaires. 

Araï Jaouperova Journaliste pour Masa Media

Traduit du russe par Alexei Vasselin

Édité par Johanna Regnaud

Relu par Emma Jerome

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