Chavkat Mirzioïev a effectué une visite officielle à Paris, marquant une étape significative dans les relations entre la France et l’Ouzbékistan. De nouveaux accords économiques, notamment sur l’uranium, ont été signés. Cependant, la question des droits de l’Homme est restée en marge des discussions.
Chavkat Mirzioïev renforce la présence de l’Ouzbékistan sur la scène internationale. Sa visite en France s’inscrit dans une stratégie plus large de diversification des partenariats diplomatiques et économiques. En quelques jours, plusieurs accords ont été conclus, notamment dans les secteurs de l’énergie et de la culture.
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Une rencontre diplomatique stratégique
Chavkat Mirzioïev a rencontré Emmanuel Macron à l’Élysée le 12 mars dernier. Les discussions ont porté sur la coopération économique, les investissements dans les infrastructures et l’énergie, ainsi que les questions de sécurité régionale. Emmanuel Macron et Chavkat Mirzioïev ont exprimé leur volonté commune de renforcer les relations bilatérales, rapporte l’Élysée.
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Cette visite intervient dans un contexte de redéfinition des partenariats internationaux de l’Ouzbékistan. Depuis l’arrivée au pouvoir de Chavkat Mirzioïev en 2016, Tachkent cherche à diversifier ses alliances économiques et diplomatiques. La France, en tant que membre de l’Union européenne et puissance économique, représente un partenaire clé pour l’Ouzbékistan, notamment dans les domaines de la technologie, de l’énergie et des infrastructures.
Des accords sur l’uranium et un renforcement de la coopération
Un accord sur l’exploitation de l’uranium a été signé entre Orano et Navoiyuran, entreprise d’extraction d’uranium ouzbek, rapporte le média ouzbek Gazeta. Il ouvre la voie au développement du gisement de Djengeldi Sud dans le cadre de la joint-venture Nurlikum Mining. L’entreprise japonaise Itochu Corporation rejoint également le projet, selon un communiqué de presse d’Orano. La production devrait atteindre un pic de 700 tonnes d’uranium par an.
Xavier Saint Martin Tillet, directeur des activités minières d’Orano, a déclaré : « Ce projet participe à la diversification des sources de production du groupe. […] Orano entend apporter son expertise géologique et technique au développement du projet. »
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Cet accord s’inscrit dans une coopération plus large définie en 2022 entre Orano et l’État ouzbek. Il souligne également l’intérêt croissant de l’Ouzbékistan pour l’exportation de matières premières stratégiques. L’uranium représente une ressource essentielle pour le pays, qui cherche à accroître sa présence sur le marché international du nucléaire civil.
Un dialogue culturel renforcé
Au-delà des aspects économiques, la visite a mis en avant les liens culturels. Chavkat Mirzioïev a rencontré Audrey Azoulay, directrice générale de l’UNESCO, le 12 mars dernier, relaie Gazeta.
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Les discussions ont porté sur l’organisation de la 43ème conférence générale de l’agence de l’ONU qui se tiendra à Samarcande, mais aussi sur la préservation du patrimoine ouzbek, notamment les sites classés à l’UNESCO tels que Samarcande et Boukhara. L’Ouzbékistan a exprimé sa volonté d’intensifier la coopération en matière de restauration et de promotion du tourisme culturel. Plusieurs expositions et initiatives éducatives ont été envisagées pour renforcer la visibilité du patrimoine ouzbek en France.
Silence sur les droits de l’Homme
Des organisations de défense des droits humains ont appelé Emmanuel Macron à aborder la question des libertés fondamentales en Ouzbékistan. L’Association pour les droits de l’Homme en Asie centrale a demandé que les violations des droits soient évoquées. Pourtant, ces thématiques n’ont pas été mentionnées officiellement, détaille Radio Ozodlik, la branche ouzbèke du média américain Radio Free Europe.
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Depuis plusieurs années, les ONG dénoncent la répression politique en Ouzbékistan, notamment les restrictions sur la liberté d’expression et la répression des voix dissidentes. Bien que certaines réformes aient été engagées sous la présidence de Chavkat Mirzioïev, le pays reste surveillé par la communauté internationale pour ses pratiques autoritaires.
Une distinction controversée
Emmanuel Macron a décerné à Chavkat Mirzioïev l’Ordre de la Légion d’honneur le 13 mars dernier, ajoute Gazeta. Une décision critiquée, compte tenu des accusations de violations des droits de l’Homme en Ouzbékistan.
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Cette distinction a provoqué des réactions partagées en France et en Ouzbékistan. D’un côté, elle est perçue comme un geste diplomatique visant à consolider les relations bilatérales. De l’autre, elle est dénoncée comme une validation tacite de la gouvernance autoritaire de Tachkent. Plusieurs figures politiques françaises ont exprimé leur scepticisme quant à l’opportunité de cette récompense, rapporte Nuz.
Vers une relation plus approfondie
Les accords économiques signés à Paris marquent une étape importante dans le rapprochement entre la France et l’Ouzbékistan. Toutefois, le silence sur les questions des droits de l’Homme demeure un sujet de préoccupation pour de nombreux observateurs.
À long terme, l’évolution de cette relation dépendra des engagements de Tachkent en matière de gouvernance et de respect des normes internationales. La France, soucieuse de préserver ses intérêts économiques, devra trouver un équilibre entre coopération pragmatique et promotion des valeurs démocratiques.
L’Ouzbékistan, de son côté, entend poursuivre sa politique d’ouverture, tout en préservant un contrôle strict sur la scène politique intérieure.
Nine Apperry
Rédactrice pour Novastan
Relu par Charlotte Bonin
Merci d’avoir lu cet article jusqu’au bout ! Si vous avez un peu de temps, nous aimerions avoir votre avis pour nous améliorer. Pour ce faire, vous pouvez répondre anonymement à ce questionnaire ou nous envoyer un email à redaction@novastan.org. Merci beaucoup !
Tabart, 2 days ago
Bien écrit un sujet intéressant mais malheureusement trop peu souvent abordé….
Bravo pour votre article.
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