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Comment tirer parti des Nouvelles routes de la Soie et de l’initiative Global Gateway

Les dynamiques géopolitiques redessinent les cartes de l'influence mondiale, et l'Eurasie émerge comme l'arène centrale d'une concurrence stratégique entre la Chine et l'Union européenne.

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Margarítis Schinás, Vice-président de la commission européenne, lors de son discours de fermeture du forum d'investissements Global Gateway, le 30 janvier 2024. Photo : Commission européenne.

Les dynamiques géopolitiques redessinent les cartes de l’influence mondiale, et l’Eurasie émerge comme l’arène centrale d’une concurrence stratégique entre la Chine et l’Union européenne.

Alors que la Russie orchestre une invasion en Ukraine, les corridors terrestres entre l’Europe et la Chine sont perturbés, accentuant l’importance stratégique de l’Asie centrale. Les initiatives concurrentes des Nouvelles routes de la Soie, ou Belt and road initiative, chinoises et du Global gateway de l’Union européenne (UE), convergent dans cette région, cherchant à établir des routes durables à travers l’Asie centrale et le Caucase du Sud.

Cette compétition stratégique s’articule autour d’un besoin accru de dialogue constructif à la suite de déclarations récentes soulignant les implications des investissements chinois sur la souveraineté nationale des pays bénéficiaires. Cette conjoncture place l’Asie centrale au carrefour d’enjeux géopolitiques majeurs, exigeant une évaluation minutieuse de son rôle et de ses opportunités.

A la croisée de ces ambitions concurrentes, l’Asie centrale émerge comme un pivot géopolitique. Alors que la Belt and road initiative, engagée depuis 2013 avec des investissements massifs, se trouve face à la stratégie Global Gateway, lancée plus récemment en 2021, l’Asie centrale se profile comme une zone d’intérêts convergents de plus en plus nombreux. Les dirigeants européens, à l’instar de Valdis Dombrovskis, affirment désormais une intention claire de développer de nouvelles routes commerciales et de renforcer la connectivité avec l’Asie centrale. Cet intérêt est réciproque, comme en témoigne l’engagement du président kazakh Kassym-Jomart Tokaïev à collaborer avec l’UE pour améliorer le Middle Corridor et l’intégrer à l’initiative Global Gateway.

L’évaluation des performances du Global Gateway de l’UE en tant que concurrent potentiel aux Nouvelles routes de la Soie chinoises révèle des investissements et des priorités distincts. Alors que Global Gateway s’engage à investir 300 milliards d’euros dans plusieurs secteurs prioritaires, dont le transport et l’énergie, la Chine maintient une avance significative avec la Belt and Road. Cependant, l’UE, représentant plus de 42 % de l’investissement direct étranger en Asie centrale, cherche à remodeler les dynamiques commerciales régionales. Malgré cela, l’analyse montre que l’investissement européen dans les projets d’infrastructure en Asie centrale reste modéré par rapport à l’ampleur de la Belt and Road.

Le Vieux Monde et le Dragon de l’Est en Asie centrale

La rivalité apparente entre l’UE et la Chine pour les marchés et les corridors commerciaux en Asie centrale s’explique par la nécessité de trouver des économies émergentes pour rééquilibrer les marchés européens et chinois. Les intérêts communs peuvent potentiellement conduire à une coopération institutionnalisée dans la région, tandis que le Global Gateway et la Belt and Road peuvent s’opposer ou se compléter. Les pays d’Asie centrale, devenant le jury de cette compétition, ont l’opportunité de jouer un rôle de médiateur.

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L’Asie centrale se trouve actuellement à la croisée des chemins de la concurrence géopolitique entre la Chine et l’UE, suscitée par l’impératif de trouver de nouvelles routes commerciales suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Avec la menace d’utilisation des routes terrestres via la Russie et la réorientation vers le Middle Corridor, l’Asie centrale devient un point stratégique d’intérêt pour les deux grandes puissances.

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Lors de la cérémonie d’ouverture du 3ème Forum international de coopération One belt, one road (ancien nom de la Belt and road initiative, ndlr), le président chinois Xi Jinping a indirectement souligné l’importance de l’Asie centrale en donnant la priorité au développement des routes de transport Chine-Europe et à la construction de la Route internationale de transport transcaspienne dans le cadre de huit étapes de soutien à l’initiative. Dans un pivot stratégique vers l’Asie centrale, l’Union européenne affirme de plus en plus ses intérêts dans la région.

Initiatives concurrentes en Asie centrale

Les initiatives concurrentes chinoise et européenne posent des questions cruciales pour l’Asie centrale. L’UE, à travers le Global Gateway, met l’accent sur des investissements dans des projets prioritaires, notamment dans les domaines des technologies numériques, du changement climatique et de l’énergie, du transport, de la santé, de l’éducation et de la recherche. Cependant, la Chine, avec les Nouvelles routes de la Soie, s’est engagée à hauteur d‘un milliard de dollars d’ici 2022, mettant l’accent sur le développement global des infrastructures.

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La déclaration commune de la Conférence sur l’interconnexion EU-Asie centrale Global Gateway, le 18 novembre 2022, souligne la nécessité de diversifier les corridors de transport pour renforcer l’axe Europe-Asie centrale-Asie. L’UE a financé une étude sur la connectivité durable des transports entre l’UE et l’Asie centrale, selon laquelle le projet nécessitera 18,5 milliards d’euros.

Les dirigeants d’Asie centrale répondent à cet intérêt, notamment en cherchant activement des investissements européens pour renforcer leur connectivité et leurs infrastructures. Par exemple, l’engagement du président kazakh Kassym-Jomart Tokaïev avec le chancelier allemand Olaf Scholz vise à améliorer la route de transport transcaspienne, l’alignant sur l’initiative Global Gateway et assurant un financement pour ces entreprises d’infrastructure. Cela souligne une convergence croissante des intérêts entre l’Asie centrale et l’UE, axée sur la création d’un réseau de transport robuste et interconnecté qui pourrait remodeler les dynamiques commerciales régionales.

L’état actuel des investissements

A l’heure actuelle, la Chine reste le principal investisseur dans les infrastructures de transport et de logistique en Asie centrale. Les investissements européens, bien que représentant plus de 42 % de l’investissement direct étranger en Asie centrale, se concentrent largement sur des secteurs miniers, notamment l’extraction de pétrole et de gaz. Les données sur le nombre et le coût des projets de transport dans les pays d’Asie centrale financés par la Chine et l’Europe montrent un écart significatif.

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La rivalité apparente entre l’UE et la Chine pour les marchés et les corridors commerciaux en Asie centrale peut également être vue comme une opportunité de relance et de diversification des économies de la région. Les pays d’Asie centrale, au lieu d’être simplement le terrain de compétition, pourraient tirer parti de cette rivalité pour obtenir des avantages économiques et infrastructurels significatifs.

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En fin de compte, l’Asie centrale naviguerait habilement entre ces initiatives concurrentes, exploitant intelligemment les opportunités et minimisant les risques potentiels. En tant que plaque tournante stratégique du commerce mondial, la région a la possibilité de jouer un rôle catalyseur dans la promotion d’une coopération constructive bénéfique à toutes les parties impliquées. Il est essentiel que les pays d’Asie centrale, ainsi que la Chine et l’UE, identifient des synergies entre les deux initiatives concurrentes et travaillent à la promotion de la région comme un lieu de rapprochement et de coopération.

Cette médiation pourrait être facilitée par des dialogues réguliers entre les acteurs clés, la recherche de partenariats tripartites, et la création de mécanismes institutionnels pour gérer les intérêts concurrents. En fin de compte, une coopération harmonieuse entre la Chine et l’UE en Asie centrale pourrait conduire à un développement économique durable et à une stabilité accrue dans la région.

Eldaniz Gousseïnov
Rédacteur pour cabar.asia

Traduit du russe par Macha Toustou

Edité par Jean Monéger-Leclerc

Relu par Charlotte Bonin

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