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Kazakhstan : la pollution de l’air à Almaty atteint celle de Delhi

Selon le laboratoire d’Ecologie de la biosphère du Kazakhstan, la pollution de l’air à Almaty a atteint celle de Delhi. Une situation d'autant plus inquiétante qu'elle concerne l'ensemble du Kazakhstan. Des voix s'élèvent pour souligner le manque de données scientifiques fiables et le désintérêt de l’État sur la question de la pollution de l'air.

Kazakhstan Pollution Almaty
La pollution dans la ville d'Almaty, capitale économique du Kazakhstan.

Selon le laboratoire d’Ecologie de la biosphère du Kazakhstan, la pollution de l’air à Almaty a atteint celle de Delhi. Une situation d’autant plus inquiétante qu’elle concerne l’ensemble du Kazakhstan. Des voix s’élèvent pour souligner le manque de données scientifiques fiables et le désintérêt de l’État sur la question de la pollution de l’air.

Novastan reprend et traduit ici un article publié initialement le 12 mars 2019 par le média kazakh Tag News.

« Nous effectuons des tests (de surveillance de la pollution atmosphérique au Kazakhstan, ndlr) une fois par an. Les données récoltées ont permis d’évaluer qu’Almaty se rapproche du niveau de pollution des villes chinoises ou de celui de Delhi. La différence, c’est que 22 millions de personnes vivent à Delhi, pour 2 millions chez nous », a déclaré Nassiba Baïmatova, scientifique chargée de recherche au laboratoire d’Ecologie de la biosphère, lors d’un débat tenu sur la question de l’écologie au Kazakhstan et de la lutte contre la pollution atmosphérique urbaine en mars dernier. Ancienne capitale du pays, Almaty est aujourd’hui encore la capitale économique de l’Etat le plus étendu d’Asie centrale.

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Le reste du Kazakhstan ne se porte d’ailleurs guère mieux. Selon le laboratoire, la concentration quotidienne moyenne de benzène aux États-Unis est de 30 microgrammes par mètre cube (µg/m³), contre 100 µg/m³ au Kazakhstan. Le benzène est un cancérogène du premier groupe, selon le classement du CIRC.

Manque d’informations fiables

Nassiba Baïmatova en a profité pour souligner l’insuffisance de la recherche dans le domaine de la qualité de l’air. « Nous n’avons aucune donnée. Ne s’appuyer que sur une seule source (l’observatoire gouvernemental Kazhydromet, ndlr) fausse les résultats obtenus et leur pertinence scientifique, mais personne d’autre ne s’intéresse à la récolte de ces informations », a-t-elle précisé.

Le directeur du Centre de Recherche appliquée TALAP, Rahim Ochakbaïev, ne dit pas autre chose. « Nous ne pouvons pas nous baser que sur les données environnementales dont nous disposons, ce n’est pas suffisant. Nous sommes loin de compter sur des années d’observation de la pollution de l’air », estime l’économiste.

Pour lui, le Kazakhstan doit se donner les moyens d’atteindre ses objectifs en développant des sources fiables et pertinentes d’informations.

Instaurer un seuil maximal de concentration de substances dans l’air

« Notre ambition est de respirer de l’air pur. Pour cela, il est nécessaire de comprendre l’état actuel de la situation. Ensuite, différentes solutions devront être envisagées en fonction de leur effet, de leur coût, de leur faisabilité », a poursuivi Rahim Ochakbaïev.

Le responsable du TALAP propose ainsi de fixer un seuil maximal de concentrations admissibles d’une substance et de lui conférer une portée législative. « Un projet de Code de la santé est en discussion. Puisque la pollution de l’air est plus grave que le tabac, l’alcool et les drogues, nous nous sommes demandé : pourquoi ne pas instaurer un seuil maximal admissible ? L’article 117 du Code est en cours de rédaction et le ministère de la Santé accepte d’en tenir compte. L’adoption de normes sanitaires officielles nous permettrait d’aligner ces seuils aux standards de l’OMS », suggère l’expert.

Désintérêt de l’État

Dans le même temps, il souligne le manque d’intérêt de l’État sur la question de la pollution de l’air. « Notre centre est spécialisé dans l’étude des programmes et des documents mis en place par les autorités. Or, aucune stratégie, technique ou outils pertinents ne sont fournis pour réduire la pollution. Astana met en place depuis deux ans une stratégie de développement à faible teneur en carbone, mais on ne sait rien de son effet réel sur la pollution », résume Rahim Ochakbaïev.

Selon une étude menée en 2018 par Greenpeace en collaboration avec le développeur de programmes AirVisual, le Kazakhstan occupe la 20ème position sur 73 dans le classement des pays les plus pollués, devant le Pérou et derrière le Kosovo. C’est la quantité de particules PM2.5 dans l’air, considérée comme la plus dangereuse pour la santé, qui a été prise en compte dans ce calcul.

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En outre, Astana occupe la 19ème position sur 62 dans le classement des capitales les plus polluées. D’après les données internationales, 9 villes kazakhes ont un niveau de pollution de l’air élevé ou très élevé et 20 autres un niveau assez élevé. Selon l’OMS, 7 millions de personnes dans le monde meurent chaque année de la pollution. Le tabagisme, quant à lui, tue chaque année 6 millions de personnes.

Traduit du russe par Pierre-François Hubert

Édité par Aline Simonneau

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