Boris Pétric. Crédit : CNRS
Boris Petric, anthropologue au CNRS, présentera son dernier ouvrage sur le Kirghizstan « On a mangé nos moutons » et invite à en débattre. Il le fera dans le cadre du GRAC, le groupe de recherche sur l’Asie Centrale.
La prochaine séance du Groupement de Recherche sur l’Asie Centrale aura lieu le 21/03 à 10h au CERI (56 rue Jacob, Paris 6e).
Boris Petric (anthropologue au CNRS) viendra présenter son dernier ouvrage et invite à en débattre.
Le Kirghizstan est une sorte d’anti-Chine qui, après l’effondrement de l’URSS, a choisi la libéralisation économique et politique. Quelques années plus tard, ce pays ne produit plus rien et développe une dépendance très forte à l’égard de l’extérieur, et de l’aide internationale. La principale ressource, l’élevage du mouton, a été totalement décimée par les réformes proposées par les grandes institutions internationales. Laminés par la privatisation et abandonnés par Moscou, les Kirghizes font aujourd’hui de « l’ouverture » une stratégie très subtile pour capter et se réapproprier toutes formes de ressources pouvant venir de l’extérieur.
À travers une enquête de terrain minutieuse, Boris Petric décrit, non sans humour, les multiples rencontres parfois cocasses et souvent teintées d’incompréhension entre la population locale et toutes les bonnes volontés étrangères venues les réformer. ONG, fondations philantropiques, agences internationales et de nombreux missionnaires en tout genre tentent de peser sur la réorganisation de cette société. Cet ouvrage nous interpelle face à la multiplication de ce type de « société de trafics » dans le contexte de la globalisation.
Boris Pétric est anthropologue au centre Norbert Elias (EHESS/CNRS) à Marseille.
Après avoir travaillé sur des questions d’ethnicité en ex-Yougoslavie, il prolonge son intérêt pour l’espace post-socialiste en analysant la recomposition des pouvoirs politiques en Asie centrale. Son ouvrage Pouvoir, don, réseaux en Ouzbékistan postsoviétique (Paris, PUF, 2002) a été couronné par le prix Le Monde de la recherche universitaire. Il assure un enseignement d’anthropologie politique à l’EHESS (Paris et Marseille) et pratique également l’anthropologie visuelle.
Créé au printemps 2010, fondé sur la présence d’une dizaine de doctorants travaillant sur la région et rattachés au CERI, le GRAC se propose tout d’abord de présenter les thèses de politique comparée, de relations internationales ou d’économie politique en cours. Il invite aussi les doctorants des disciplines connexes (anthropologie, sociologie, géographie, histoire) inscrits dans d’autres établissements à y participer. Il se conçoit en effet comme un lieu ouvert de débats et d’échanges.
C’est pourquoi le GRAC fait également intervenir les auteurs d’articles et ouvrages récents (en langue française, anglaise ou russe pour l’essentiel) afin d’inscrire les travaux des doctorants dans la perspective de l’actualité scientifique sur l’Asie centrale.
Enfin, il fournit l’occasion d’aborder avec des experts – européens ou centrasiatiques notamment – certaines questions liées aux grands équilibres de la zone (coup d’État au Kirghizstan, présidence de l’OSCE du Kazakhstan, enjeux énergétiques, influence de la Chine…). Ainsi, les doctorants du GRAC ont organisé un panel à la conférence de l’Association for the Study of Nationalities qui s’est tenue à Moscou fin septembre 2011.