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Tadjikistan : une stratégie pour faire face aux migrations environnementales

Le réchauffement climatique, avec son lot de catastrophes, n’épargne pas le Tadjikistan. Dans certains cas, il faut se résoudre à déplacer des populations pour les protéger. La nouvelle Stratégie de régulation des processus migratoires consacre un volet à la résolution des problèmes de migrations environnementales dans le pays. Il vise à pallier les manquements du dispositif actuel.

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Asia Plus 

Edité par : Arnaud Behr

Traduit par : Alexis Salé

Asia-Plus

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Le village de Javoni est l'une des localités nouvellement formées du district de Khuroson. Image: Asia-Plus

Le réchauffement climatique, avec son lot de catastrophes, n’épargne pas le Tadjikistan. Dans certains cas, il faut se résoudre à déplacer des populations pour les protéger. La nouvelle Stratégie de régulation des processus migratoires consacre un volet à la résolution des problèmes de migrations environnementales dans le pays. Il vise à pallier les manquements du dispositif actuel.

Face à des risques trop importants de glissements de terrain et d’avalanches, d’inondations, d’accidents causés par l’Homme, la réinstallation des populations menacées vers des lieux sûrs s’impose. A ces risques, s’ajoutent les déplacements liés à la construction de grands projets d’infrastructures comme les centrales hydroélectriques.

Selon les données publiées par le Comité des situations d’urgence en 2020, le Tadjikistan compte 1 471 zones à risque de catastrophes naturelles. Environ 860 000 personnes y vivent.

La migration environnementale, reconnue par la loi tadjike

Le concept de « migration environnementale » est défini dans la loi de la République du Tadjikistan sur la migration datant de 1999. Il s’agit de la réinstallation de citoyens sur le territoire national en raison de la destruction de l’environnement ou de catastrophes environnementales. La migration environnementale est également réglementée par la résolution du gouvernement de la République du 3 mai 2010, n°211 sur la procédure de migration environnementale en République du Tadjikistan. La loi est ensuite appliquée dans des plans à court et moyen termes approuvés par décrets gouvernementaux.

Au Tadjikistan, le processus de réinstallation des migrants environnementaux a commencé en 2000. Entre 2000 et 2017, 8 540 ménages, soit plus de 45 000 personnes, ont été réinstallés depuis des zones écologiquement dangereuses vers des endroits jugés sûrs au sein de la République.

Les droits des migrants environnementaux au Tadjikistan

Après leur arrivée sur leur nouveau lieu de résidence, les familles des migrants reçoivent des autorités locales l’équivalent de 800 m² de terrain. Cela leur permet de construire une maison. Ils bénéficient en plus d’un prêt à taux réduit de 3 000 somonis (250 euros) du Service des migrations.

Illustration d'une catastrophe au Tadjikistan: coulée de boue en 2020
Après une coulée de boue dans le district de Khouroson en 2020. Photo : Asia-Plus.

En cas d’urgence, les déplacés peuvent également recevoir des fonds supplémentaires à partir du fonds de réserve du président tadjik pour la construction de logements et l’installation des ménages concernés.

Un dispositif insuffisant ?

La réinstallation des migrants environnementaux pose un certain nombre de problèmes. Les terrains destinés à la construction de logements ne sont pas attribués à temps. Les infrastructures, comme les routes, les hôpitaux et les écoles, ont du retard. L’approvisionnement en électricité et en eau potable se fait, lui aussi, attendre.

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Le coût des matériaux de construction augmente chaque année alors que le montant des prêts accordés ne permet plus de couvrir les besoins des déplacés. C’est un problème qu’aborde la nouvelle Stratégie de régulation des processus migratoires à l’horizon 2040. Celle-ci évoque la possibilité d’augmenter le montant des prêts.

Par ailleurs, laisser les migrants construire eux-mêmes leur maison n’est pas sans conséquence indésirable car ceux-ci ne disposent pas nécessairement du savoir-faire. A ce titre, la Stratégie recommande à des organismes de se constituer en promoteurs responsables à leur tour de la livraison des logements. Le coût de construction de ces maisons dépasse largement le montant des prêts à taux réduit accordés aux migrants. En conséquence, le texte juge souhaitable de conclure avec ces derniers des contrats à moyen ou long terme dont l’échéance de paiement serait reportée de 5 à 20 ans.

Sayfiddin Karaïev
Journaliste pour Asia-Plus

Traduit du russe par Alexis Salé

Édité par Arnaud Behr

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