Trop isolés pour espérer obtenir un raccordement au réseau, 72 villages du district de Koulob ne sont pas alimentés en électricité. Face à la maigreur des subventions locales, ils s’en remettent aux investisseurs extérieurs.
Novastan reprend et traduit ici un article publié le 25 février 2020 par le média tadjik Asia-Plus.
Selon Davlatnazar Kholov, président de la société d’approvisionnement électrique Shabakahoï barki Koulob, 72 villages (kichlaks) du district de Koulob, dans le sud du Tadjikistan, sont privés d’électricité. En 2017, ce nombre avoisinait la centaine.
Ce sont principalement de petites localités situées dans les montagnes des districts de Shamsiddin Shohin, Baldjouvon, Khovaling, Mouminabad et Timourmalik. La plus peuplée d’entre elles abrite 30 familles.
Un raccordement délicat et coûteux
Durant la période soviétique, les habitants de ces kichlaks avaient été déplacés dans les vallées, mais leurs descendants sont revenus s’installer en altitude après l’indépendance du pays en 1991. L’absence de raccordement au réseau s’explique ainsi en grande partie par la situation géographique montagneuse, l’absence de routes et l’impossibilité de transporter les poteaux, fils, câbles et transformateurs.
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Pour Davlatnazar Kholov, le problème réside dans la distance qui sépare ces localités des lignes à haute tension, les villages non raccordés se situant à plus de 10 kilomètres. « Dans ces conditions, il faudrait entre 1,5 et 2 millions de somonis (entre 135 000 et 180 000 euros) pour installer les infrastructures et effectuer d’autres travaux nécessaires, ce qui n’est pas rentable économiquement », poursuit-il. « Rien n’existe dans ces zones qui pourrait couvrir les coûts et justifier les travaux. »
Le gouverneur du district de Hamadoni, Bozorali Odinazoda, estime quant à lui que les autorités locales ne sont pas en mesure de soutenir financièrement les raccordements. « De grosses sommes sont nécessaires et chacun sait que nous survivons déjà grâce aux subventions », justifie-t-il.
La mise en place de solutions alternatives
À Safedband, dans le district de Mouminabad, les habitants lassés d’attendre le soutien des autorités ont pris les devants et placé des panneaux solaires. « Il y a quatre ans encore, nous n’avions pas de lumière et l’on chargeait nos téléphones au village voisin de Chahrak, à trois kilomètres », explique Emomali Charipov, un habitant du village. Désormais, ce sont leurs voisins qui viennent profiter de l’électricité produite pour charger leurs téléphones.
C’est pourquoi, Davlatnazar Kholov ne considère pas ces localités non raccordées comme des villages « sans lumière » : presque toutes disposent de sources d’électricité alternatives, comme des panneaux solaires, des moteurs ou de petites centrales hydroélectriques, qui alimentent au moins deux ou trois familles en lumière. Des installations qui restent toutefois entièrement à la charge des habitants.
Une lueur d’espoir
Aujourd’hui, les autorités fondent leurs espoirs sur des organisations internationales ou des entrepreneurs locaux pour financer les projets de raccordement.
Ainsi, le holding Barki Totchik a développé le projet d’alimentation électrique du village de Mouloukoni, situé à 25 kilomètres du centre du jamoat de Sarihossor, dans le district de Baldjouvon, qui devrait permettre à de nombreux villages d’être raccordés au réseau électrique.
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Dans la même veine, la société Shabakahoï barki Koulob compte sur un projet mis en œuvre par des institutions financières internationales, dont le coût s’élève à 22 millions de dollars (20,3 millions d’euros). Ce chantier autorisera l’accès au réseau électrique à 80 kichlaks des districts de Shamsiddin Shohin, Hamadoni et Farhor. Pour près de 30 d’entre eux, l’arrivée de la fée électricité constituera une première.
Biloli Chams
Journalise pour Asia-Plus
Traduit du russe par Pierre-François Hubert
Edité par Eloi Flamant
Relu par Anne Marvau
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