Le deuxième sommet Chine-Asie centrale s’est récemment tenu à Astana. Il a consacré la vision d’un partenariat stratégique global entre Pékin et les Etats centrasiatiques, confirmant la puissance et l’influence chinoise dans la région.
Après la première édition du sommet Chine-Asie centrale à Xi’an, en mai 2023, un deuxième sommet s’est tenu à Astana les 17 et18 juin derniers. Il a réuni le président Xi Jinping ainsi que ses homologues kazakh, kirghiz, tadjik, turkmène et ouzbek.
A l’issue du sommet, la signature d’un Traité de bon voisinage, d’amitié et de coopération éternels a été conclue, soutenue par la Déclaration d’Astana pour un partenariat à l’horizon 2030. Le traité réaffirme l’engagement des Etats en faveur du respect mutuel de leur souveraineté, de leur intégrité territoriale et de la résolution pacifique des différends
Plusieurs autres accords ont été approuvés, portant notamment sur l’industrie, les transports, le commerce numérique, les minéraux verts, les douanes, ainsi qu’un plan d’action relatif à l’Initiative ceinture et route. La Chine a promis une subvention d’environ 208 millions de dollars (178 millions d’euros) en appui à ces projets de développement régional.
Pragmatisme économique chinois
Pékin est le premier partenaire commercial de l’Asie centrale, représentant près de 40 % de son commerce extérieur en 2024, pour 95 milliards de dollars (soit près de 81 milliards d’euros) a rappelé le président kazakh Kassym-Jomart Tokaïev . La région, au carrefour de l’Europe et de l’Asie, est un pôle logistique clé avec plus de 211 000 conteneurs transportés en 2024, en hausse de 12 %. Riche en ressources naturelles, elle possède 20 % des réserves mondiales d’uranium, plus de 17 % du pétrole, 7 % du gaz naturel et des gisements de terres rares.
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Pékin mise sur l’industrialisation et la transition énergétique pour séduire une région au produit intérieur brut combiné d’environ 500 milliards de dollars, multipliant des accords bilatéraux et multilatéraux.
Kazakhstan, puissance régionale montante
Pays hôte, le Kazakhstan affirme de son côté son leadership diplomatique régionale. Lors du Forum de coopération industrielle et d’investissement au moment de la visite d’Etat de Xi Jinping à Astana, précédent le sommet, 58 accords ont été signés entre les deux pays pour un montant de 24 milliards de dollars. À cela s’ajoutent 17 milliards de dollars (14,5 millards d’euros) conclus lors de la session du Conseil d’affaires. Ces ententes dynamisent des échanges commerciaux en plein essor, d’un montant de 43,8 milliards de dollars en 2024 (37,3 millards d’euros).
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Le pays a annoncé la création de coentreprises, l’élargissement des exportations et le développement d’unités industrielles de haute technologie. Il milite pour une meilleure intégration des corridors chinois au réseau régional, notamment via la route transcaspienne, la route Nord-Sud ainsi que la proposition de construction d’un terminal commun au port de Kuryk. Dans le domaine énergétique, un accord dans le nucléaire civil est en préparation, notamment avec l’aide de la Compagnie nucléaire nationale chinoise.
Objectifs sectoriels
Le Kirghizstan et le Tadjikistan ont signé plusieurs accords avec la Chine autour de priorités stratégiques. Bichkek a mis l’accent sur six axes, dont le transit, via le projet ferroviaire Chine–Kirghizstan–Ouzbékistan. Douchanbé a lui appelé à renforcer la coopération économique, en misant sur l’énergie, l’agriculture, le numérique et l’intelligence artificielle.
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De leur côté, le Turkménistan et l’Ouzbékistan n’ont signé qu’un seul accord avec Pékin. Tachkent s’est toutefois révélé source de propositions, dont la création d’un Conseil interrégional de commerce et d’investissement Chine-Asie centrale et d’une plateforme commerciale, Route de la Soie électronique.
Plurilatéralisme centrasiatique
Malgré le renforcement de sa coopération avec Pékin, l’Asie centrale poursuit une stratégie de multilatéralisme, diversifiant ses partenariats avec les États-Unis, l’Union européenne, la Turquie ou la Russie. Elle veille à préserver un équilibre tout en affirmant son unité.
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La montée en puissance de la Chine suscite des réserves, en raison des craintes de perte de souveraineté — endettement, enjeux fonciers — et de la menace des populations ouïghoures présentes dans le Xinjiang en Asie centrale.
Flora Le Lièvre
Rédactrice pour Novastan
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