Devenu récemment l’emblème officiel du Kirghizstan, le léopard des neiges, espèce menacée, s’impose désormais comme un symbole fort d’une identité nationale tournée vers la protection de l’environnement. Décryptage d’une diplomatie verte en plein essor.

Ce 23 octobre 2025, jour international du léopard des neiges, l’animal est officiellement devenu le symbole national du Kirghizstan. Alors qu’un décret présidentiel reconnaissait celui qu’on surnomme “fantôme des montagnes” comme emblème depuis décembre 2023, l’adoption d’un logo officiel vient d’être ratifiée par le Cabinet des ministres du Kirghizstan. 

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Symbole des montagnes kirghizes, la panthère des neiges est également emblématique de l’identité nationale et de l’histoire du pays : le premier « Khan » – dirigeant turco-mongol qui régnait sur plusieurs tribus kirghizes au VIIème siècle – s’appelait Bars Bek, “Léopard des Neiges”. L’animal se fait également l’allégorie de la force et de la liberté – des valeurs fièrement prônées au Kirghizstan. 

Protéger le léopard des neiges, une priorité kirghize

Classé parmi les espèces “vulnérables », le léopard des neiges se trouve sur la liste rouge de l’Union internationale pour la Conservation de la nature. Amateur des hauts sommets escarpés, l’animal dépend fortement des proies à sa disposition et de la fonte des glaces. Lorsqu’il est forcé à migrer, il peut alors s’attaquer à des troupeaux pour survivre. Observer les conditions de vie du léopard des neiges permet ainsi d’évaluer l’état général de l’écosystème montagneux.

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En 2024, la population de léopards des neiges au Kirghizstan s’élevait à 285 individus selon le Programme de Protection des Léopards des neiges et de son Écosystème (GSLEP). Ce nombre inquiète les autorités kirghizes qui, grâce à l’adoption du léopard des neiges comme symbole national, souhaitent donner un nouvel élan à la protection de l’espèce. Le Ministère des Ressources naturelles, de l’Ecologie et des Supervisions techniques du Kirghizstan devrait rapidement établir un plan d’action pour la sauvegarde du léopard des neiges et de son habitat, rapporte le média Times of Central Asia. 

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Afin de sensibiliser à la protection du léopard des neiges, le Kirghizstan a déjà participé à une campagne de soutien organisée par Snow Leopard Trust en 2025. Intitulée “#23for23”, l’objectif était de dédier 23 minutes d’activité physique aux léopards de neige le 23 octobre 2025, journée dédiée à l’animal. La campagne internationale a touché plus de 100 millions de personnes – le Kirghizstan faisant partie des 5 Etats les plus impliqués.

En s’affirmant comme chef de file de la protection des écosystèmes de montagne, Bichkek renforce ainsi son statut de “pays du léopard des neiges”. Ce titre pourrait permettre le développement du tourisme durable et renforcer l’attractivité du pays dans les négociations des financements climatiques et des investissements verts, selon le média 24.kg.

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Diplomatie verte : une lueur d’espoir dans les montagnes kirghizes ?

Connu pour la pollution intense qui frappe ses villes en hiver, rivalisant avec celle de son voisin chinois, le Kirghizstan a encore une grande marge de progrès en matière d’écologie. Si le sort du léopard des neiges provoque l’inquiétude, il n’est qu’une espèce parmi tant d’autres dont les écosystèmes sont menacés par le changement climatique et les activités humaines. 

Depuis 10 ans, cette préoccupation grandissante pour l’environnement se traduit par des mesures concrètes de protection des espèces en danger. En 2016, le président kirghiz Almazbek Atambayev avait transformé un territoire de chasse en réserve naturelle protégée pour les félins. En mai 2025, le président Sadyr Japarov a, à son tour, annoncé la création d’un couloir de 800,000 hectares reliant le parc national de Khan-Tengri et la réserve naturelle de Naryn.

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Soutenue par le Programme des Nations unies pour l’Environnement, cette initiative permet aux espèces de migrer en toute sécurité. Cet espace joue un rôle essentiel dans la survie du mouflon argali et du bouquetin d’Asie, deux espèces sensibles au changement climatique et proies de prédilection du léopard des neiges. Les habitants locaux bénéficient eux aussi de cette initiative : formés à l’apiculture, la culture sous serre ou encore à la fabrication de fromage, ils y trouvent de nouvelles sources de revenus. Inédite dans la région, cette « superautoroute verte » pour les espèces menacées constitue une première en Asie centrale.

Salomé Aldeguer-Roure

Rédactrice pour Novastan

Relu par Charlotte Bonin

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