L’étude des questions nationales en Asie centrale porte souvent sur la période soviétique et post-soviétique. En effet, le découpage de l’Asie centrale entre 1920 et 1936 (razmejevanie) a fait émerger des frontières où il n’en avait jamais existé, posant les premiers jalons d’une étatisation dans la région (1). Les indépendances de 1991 ont donné à ces frontières une dimension symbolique et identitaire très forte, ce qui a créé un nouveau point de tension régional. Leur rigidité ne recoupant pas véritablement l’imbrication historique du peuplement régional, des problèmes transfrontaliers de minorités nationales ont émergés. Ils posent des défis en termes de souveraineté et de légitimité aux nouveaux Etats indépendants. A titre d’exemple, les violences ethniques entre Kirghizs et Ouzbeks qui ont touché le Sud du Kirghizstan en juin 2010 illustrent avec force l’acuité de ces problématiques dans l’Asie centrale contemporaine.