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Le Kazakhstan interdit à son tour le voile intégral dans l’espace public

Au mois de juin, les vêtements couvrant le visage sont désormais interdits dans les lieux publics au Kazakhstan. Le pays devient ainsi le quatrième Etat d'Asie centrale à bannir le niqab ou la burqa.

Rédigé par :

Samad Alizade 

Femme portant la burqas en Afghanistan (illustration). Crédit : Michal Hvorecky via Wikicommons
Femme portant la burqa en Afghanistan (illustration). Crédit : Michal Hvorecky via Wikicommons.

Au mois de juin, les vêtements couvrant le visage sont désormais interdits dans les lieux publics au Kazakhstan. Le pays devient ainsi le quatrième Etat d’Asie centrale à bannir le niqab ou la burqa.

Le 30 juin, le président kazakh Kassym-Jomart Tokaïev a signé une loi interdisant le voile intégral dans les lieux publics. La modification de la loi avait été proposée depuis le 11 juin, rapporte le média kazakh Tengrinews, lors d’une réunion du groupe de travail au Sénat.

Ces amendements à la loi sur la prévention des crimes restreignent le port de vêtements religieux, tels que le niqab (voile intégrale ne laissant apparaître que les yeux) et la burqa (voile intégrale). Le ministère de l’Intérieur, auteur du document, a déclaré que cette modification avait été prise pour des raisons de sécurité afin de réduire les actes « commis avec l’utilisation d’articles vestimentaires qui interfèrent avec la reconnaissance faciale ».

Le Kazakhstan envisage depuis longtemps d’interdire aux citoyens de porter un vêtement couvrant le visage dans les lieux publics. Le débat s’était intensifié après l’attentat terroriste d’Aktioubé en 2016. Les fusillades, revendiquées par l’État Islamique (EI) avaient fait sept morts et 37 blessés à l’époque.

Un an plus tard, le ministère des Affaires religieuses et de la Société civile avait commencé à élaborer un projet de loi spécifique. Cependant, l’initiative avait suscité de nombreux débats au sein de la société et n’avait pas été officiellement adoptée. Ces derniers mois, la résurgence de la menace terroristes en Asie centrale avec l’Etat islamique du Khorassan, le sujet sur le port de vêtements religieux a été régulièrement discuté au parlement et en public.

Tendance extrémiste

Lors du congrès national d’Atyraou en 2024, Kassym-Jomart Tokaïev a qualifié les vêtements dissimulant le visage de « phénomène étranger aux valeurs nationales », qualifiant leur utilisation de « tendance née de l’imitation et de l’extrémisme religieux ». Le chef d’Etat a également préconisé le port de vêtements reflétant l’identité nationale plutôt que de vêtements couvrant le visage.

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« Nos costumes nationaux sont bien plus beaux que les vêtements noirs qui nous couvrent le visage. Les costumes traditionnels féminins sont particulièrement magnifiques. Car les costumes nationaux sont une expression importante de notre identité nationale unique. Nous devons les promouvoir par tous les moyens possibles », avait-t-il déclaré.

Le port de la burqa n’est pas obligatoire

Selon le consensus national de 2021, environ 70 % de la population du pays est musulmane. Les réactions mitigées à l’adoption des amendements ne sont donc pas surprenantes. Cependant, à la suite du discours du chef d’État, le Bureau des affaires religieuses des musulmans du Kazakhstan a émis une fatwa (décision rendue par un mufti sur un point de la loi musulmane), affirmant que le port du niqab n’était pas obligatoire selon l’école de pensée hanafite.

Lire aussi sur Novastan : Au Kirghizstan, une nouvelle loi vise les pratiques religieuses

Dans un article intitulé « Porter le niqab n’est pas obligatoire », publié sur le site officiel le 10 octobre 2024, l’imam en chef de la région d’Oulitaou, Beibut Bakytzhanuly, a qualifié d’« affront à la religion » le fait que certaines personnes s’écartent des fondements de l’islam et recourent à des exagérations.

« Déterminer le chemin d’une personne uniquement par son habillement est dangereux. Le danger réside dans l’excès de religiosité, qui rend obligatoires des choses matérielles comme le niqab », a déclaré l’imam.

Vers la sécularisation à l’Asie centrale ?

Selon la Constitution, le Kazakhstan est un État démocratique, laïc, de droit et social. La Constitution garantit également la liberté de conscience des citoyens.

Ce n’est pas la première fois qu’une telle restriction est introduite en Asie centrale. Auparavant, le Kirghizstan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan interdisaient également le port de vêtements ne permettant pas l’identification.

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En janvier 2025, le Kirghizstan a adopté une loi interdisant le port du niqab dans les lieux publics. Quelques mois plus tard, des perquisitions ont été menées dans les villes pour contrôler le respect de la loi. À compter du 1er février, toute personne portant un vêtement couvrant le visage dans le pays sera passible d’une amende de 230 dollars.

L’Ouzbékistan a interdit le niqab en 2023. Les contrevenants s’exposent à des amendes allant de 250 à 380 dollars. Le Tadjikistan a également interdit le vêtement religieux, le port duquel est jugé « contraire aux valeurs nationales ».

Samad Alizade

Rédacteur pour Novastan

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