LES HÉROS VERTS – À Douchanbé, les tempêtes de poussière se font de plus en plus nombreuses. De plus, le manque d’ombre fait des ravages. Il est pourtant possible de créer des conditions acceptables pour vivre pendant l’été. Il suffit simplement d’augmenter le nombre d’arbres dans la ville.
Novastan reprend et traduit ici un article publié en novembre 2020 par la journaliste Ellina Kim.
Cet article fait partie de la série « Les héros verts », un projet journalistique soutenu par le média allemand n-ost, le centre kazakh MediaNet International Centre for Journalism et le ministère allemand de la Coopération économique.
Une jungle de béton ne constitue malheureusement pas un endroit agréable à vivre. En effet, il y fait trop chaud en été et trop froid en hiver. La solution la plus naturelle serait un urbanisme écologique.
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La journaliste Ellina Kim a discuté avec des environnementalistes, des militants et des habitants de la capitale tadjike. Ils ont parlé de l’impact de la déforestation et de la désertification sur le climat à Douchanbé.
Des actions citoyennes pour planter des arbres
Davlatali Charipov, expert forestier, Margarita Voïtova, présidente de l’organisation environnementale pour enfants Zoumrad et Alexander, employé de cette organisation, ont parlé avec la journaliste. Ils ont raconté comment les forêts sont prises en charge au Tadjikistan et comment les travaux de protection des berges sont réalisés.
Margarita Voïtova s’est exprimée au micro de la journaliste (en russe) :
« Depuis 2000, nous plantons chaque année 1 000 jeunes arbres avec les adolescents qui étudient dans notre organisation », se réjouit-elle.
« Souvent, les habitants se joignent également à nos actions et participent avec beaucoup d’enthousiasme aux khachars (NDT : en Ouzbékistan et au Tadjikistan, journée d’assistance mutuelle où les habitants réalisent des travaux communautaires). Lorsque les gens plantent eux-mêmes des arbres, leur attitude envers la nature change pour le mieux », ajoute-t-elle.
Des tempêtes de poussière de plus en plus nombreuses
Le 9 novembre 2020, Douchanbé présentait un indice de qualité de l’air de 391. Or, pour les personnes allergiques, la norme est de 100.
Des vents violents poussent la poussière et le sable des déserts du Registan en Afghanistan et de Lout en Iran vers le nord, sur près de 1 000 kilomètres. Les habitants des régions du sud du Tadjikistan et de la capitale sont les plus touchés par les sables du désert afghan.
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Selon l’Académie des sciences du Tadjikistan, le nombre de tempêtes de poussière dans le pays a été multiplié au moins par 10 au cours des 30 dernières années. Au début des années 1990, elles ne se produisaient que deux ou trois fois par an. Récemment, jusqu’à 35 tempêtes par an ont été enregistrées.
La poussière : le pire ennemi des douchanbéens
Quelles sont les causes de cette augmentation ? Et comment les espaces verts peuvent-ils en partie contribuer à la résolution du problème ?
Pour savoir pourquoi la poussière est le pire ennemi des habitants de Douchanbé et comment les arbres peuvent améliorer la qualité de l’air dans la ville, Ellina Kim a interviewé Khourched Abdoukodiri ainsi que ses collègues. Khourched Abdoukodiri est expert en changement climatique et en gestion des écosystèmes.
« La poussière de Douchanbé est le pire ennemi des habitants. Nous avons travaillé avec Khourched Adboukodiri, un expert du changement climatique et de la gestion des écosystèmes, pour découvrir comment les arbres peuvent affecter la qualité de l’air urbain », a déclaré un collègue du spécialiste.
Verdir la capitale
La journaliste est allée à la rencontre de militants écologistes. Malgré une année 2020 un peu compliquée, Douchanbé est devenu un peu plus vert grâce à Amir Isaïev et Navrouz Odinaïev.
Les militants ont réussi à organiser deux plantations d’arbres à grande échelle. Cela s’est fait avec le soutien des autorités locales et des organisations internationales. Des volontaires et des personnes partageant les mêmes idées ont également permis au projet d’exister. Les bénévoles ont ainsi planté près de 3 000 arbustes.
« Fin 2019, nous avons mis sur pied la première action à grande échelle visant à ramasser les ordures sur les berges de la rivière à Douchanbé. Après avoir organisé la 5ème action avec des personnes partageant les mêmes préoccupations, nous avons décidé d’organiser la plus grande action de plantation d’arbres », raconte Amir Khanma, militant.
« Nous avons été agréablement surpris de constater qu’en quelques heures passées ensemble, nous avons planté environ 2 000 arbres. Beaucoup de personnes ne sont pas indifférentes et sont prêtes à participer à tout moment, mais beaucoup d’entre elles attendent que quelqu’un d’autre se lance dans l’organisation d’actions similaires », continue-t-il.
Un pays comptant peu de forêts
Cependant, la superficie forestière du Tadjikistan est limitée. Elle ne couvre que 3 % du territoire. Ces forêts sont importantes en termes de conservation et de régulation des eaux, ainsi que pour la protection des sols et la réduction des risques de catastrophes. Cela s’explique par le fait qu’elles sont situées en montagne et dans les zones de formation des eaux.
Bien que les forêts fassent l’objet d’une protection stricte, leur état se détériore constamment en raison des impacts anthropologiques.
Une déforestation inquiétante
« En raison du pâturage intensif et de l’abattage illégal d’arbres, le taux annuel de déforestation dépasse la croissance naturelle de la biomasse dans les forêts. Selon certaines estimations, la superficie des forêts de genévriers diminue d’environ 2 à 3 % par an », se désole Jyldyz Chigaïeva, chercheuse principale à l‘Institut de recherche sur les communautés des régions de montagne de l’École supérieure de développement de l’Université centrasiatique.
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« De tels taux peuvent conduire non seulement à une désertification irréversible, mais aussi à une augmentation des catastrophes naturelles. Et cela constitue une véritable menace pour les activités agricoles et la vie des populations locales », conclut-elle.
Le projet « Développement du journalisme : les problèmes du changement climatique » vise à montrer et résoudre les problèmes causés par le changement climatique, tout en développant et renforçant le secteur des médias indépendants en Asie centrale. Retrouvez tous les articles de cette série ici.
Ellina Kim
Journaliste
Traduit du russe par Salomé De Baets
Édité par Judith Robert
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