L’Agence des États-Unis pour le développement international réduit drastiquement ses activités en Asie centrale. Cette décision met en péril de nombreux programmes humanitaires et sanitaires, notamment ceux liés à la lutte contre le VIH, la poliomyélite et la malnutrition.
L’arrêt de certains financements de l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID) en Asie centrale bouleverse les bénéficiaires de ses programmes, notamment dans la santé publique. L’agence américaine avait soutenu des initiatives cruciales contre la poliomyélite et le VIH, dont la survie est désormais incertaine. Selon le média tadjik Your.tj, cette décision impacte d’autres régions du monde où ces aides avaient réduit la mortalité infantile. Le New York Times souligne aussi la résiliation de plusieurs contrats, mettant en péril des programmes humanitaires mondiaux.
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Un recul des projets de développement et de gouvernance
USAID joue un rôle central dans le financement de projets liés à l’éducation, la santé et le développement économique en Asie centrale. La fermeture de nombreux bureaux et la diminution des subventions ont déjà conduit à l’abandon de plusieurs initiatives essentielles.
Cette réduction impacte aussi les initiatives en faveur de la démocratie et des droits de l’Homme. Plusieurs organisations locales, qui dépendaient des fonds d’USAID pour mener leurs actions, voient leur avenir compromis.
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Dans le domaine de la santé, des programmes de lutte contre la tuberculose et le VIH/sida bénéficiaient d’un appui financier important. L’interruption de ces financements pourrait entraîner une recrudescence de ces maladies, aggravée par un manque de structures locales capables de prendre le relais, comme le détaille le média Eurasianet.
Un avantage pour la Chine et la Russie
Le vide laissé par USAID pourrait être partiellement comblé par d’autres puissances, notamment la Chine et la Russie, qui cherchent à renforcer leur influence dans la région. La Chine, par le biais de son initiative Belt and Road, a déjà multiplié les investissements en Asie centrale, notamment dans les infrastructures et l’énergie. De son côté, la Russie maintient une forte présence économique et militaire, notamment à travers l’Union économique eurasiatique.
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La suspension des financements d’USAID a un impact significatif sur les projets visant à promouvoir la transparence et la bonne gouvernance. Selon Reporters sans frontières, les programmes gelés fournissaient un soutien essentiel à des initiatives renforçant les médias, la transparence et la démocratie. Cette interruption risque de créer un vide que d’autres acteurs pourraient exploiter pour orienter la coopération vers des intérêts économiques et stratégiques. Les organisations de la société civile, qui bénéficiaient du soutien américain, pourraient être fragilisées, facilitant un renforcement de l’autorité des régimes en place, comme le développe Eurasianet.
Des conséquences économiques et sociales
Outre les implications politiques, la réduction des activités d’USAID pourrait affecter les populations locales. De nombreux emplois dépendaient directement ou indirectement de ces programmes, et leur disparition pourrait accentuer la précarité économique.
L’arrêt des financements de l’USAID au Kazakhstan a plongé de nombreuses ONG locales dans l’incertitude, menaçant des emplois et limitant les opportunités de formation pour les jeunes professionnels du développement. Selon un article du Times of Central Asia, ces ONG attendent des clarifications alors que les États-Unis réévaluent leurs engagements en matière d’aide étrangère. Face à cette situation, les autorités kazakhes ont annoncé une évaluation détaillée des activités d’USAID dans le pays, comme le rapporte le média kazakh KazTAG.
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Par ailleurs, la fermeture de ces programmes s’accompagne d’un contexte politique tendu aux États-Unis, où USAID doit faire face à des pressions et des contestations, notamment par des figures comme Elon Musk, qui a intenté une action en justice contre l’agence américaine, selon Radio Free Europe.
L’impact de cette quasi-fermeture ne se limitera pas aux seuls projets suspendus. Il redessine certains équilibres géopolitiques et économiques de la région, laissant la porte ouverte à de nouveaux acteurs. Si certaines initiatives locales pourraient tenter de pallier ce manque, l’absence de financements externes représente un véritable défi.
Nine Apperry
Rédactrice pour Novastan
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