DECRYPTAGE. Depuis plusieurs années, la communauté des Kirghiz du Pamir en Afghanistan fait l'objet de débats au sein de la république kirghize, au sujet notamment de l'éventuelle réinstallation de ces quelques 1 500 personnes au sein des frontières nationales. Après une succession de présidents aux différentes politiques au Kirghizstan et le retour des talibans en Afghanistan, quelles sont les perspectives pour cette communauté ? Décryptage de la situation de cette petite population, très isolée et concernée par les récents changements géopolitiques. 

Le président kirghiz se place dans la lignée de ses successeurs. Sadyr Japarov, président du Kirghizstan depuis octobre 2020, continue d'afficher une franche volonté de réinstaller les Kirghiz du Pamir sur les terres de leurs ancêtres, en annonçant directement ou par le biais de ses ministères les différentes aides qu'il souhaite mettre en place en ce sens. Il s'agit essentiellement de maisons, d'écoles et d'installations médicales ou sociales.

Pour autant, le retour de cette population d'un peu plus de 1 500 personnes connaît des entraves. La difficulté de fuir les talibans revenus au pouvoir en Afghanistan en août 2021 se conjugue à la maigreur de leurs ressources, amoindries par leurs déplacements vers les frontières. A ce jour, les déclarations de bonne volonté de Sadyr Japarov ne semblent pas s'accompagner d'un réel transfert de population. En filigrane de la situation des Kirghiz du Pamir s'inscrivent ainsi les enjeux géopolitiques du sud de l'Asie centrale et les changements de régimes connus par l'Afghanistan depuis la fin du XIXème siècle.

Dénuement dans le Pamir

Les Kirghiz d'Afghanistan vivent dans le Pamir afghan, dans l'est du corridor du Wakhan. La densité de population est de moins de deux habitants au kilomètre carré dans ce désert démographique de 20 000 habitants. Les Kirghiz y sont les moins nombreux, et bien que peu de chiffres exacts concernant l'effectif de la population soient disponibles, les estimations indiquent . . .