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Une rencontre entre trois Premiers ministres centrasiatiques s’est tenue

En ce début d'année, les Premiers ministres du Kirghizstan, de l'Ouzbékistan et du Tadjikistan se sont rencontrés dans la vallée de Ferghana pour une réunion trilatérale. Cela s'inscrit dans une volonté de renforcer les échanges commerciaux, en plus de résoudre les questions frontalières.

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Les Premiers ministres du Kirghizstan, de l'Ouzbékistan et du Tadjikistan. Photo : Service de presse du gouvernement kirghiz.

En ce début d’année, les Premiers ministres du Kirghizstan, de l’Ouzbékistan et du Tadjikistan se sont rencontrés dans la vallée de Ferghana pour une réunion trilatérale. Cela s’inscrit dans une volonté de renforcer les échanges commerciaux, en plus de résoudre les questions frontalières.

Le 8 janvier dernier, une réunion trilatérale a eu lieu entre le président du Cabinet des ministres kirghiz Adylbek Kasymaliev, le Premier ministre ouzbek Abdoulla Aripov et le Premier ministre tadjik Kohir Rasoulzoda. Il a fallu attendre trois décennies pour que cette rencontre voie le jour, a fait savoir le média Times of Central Asia.

Cette réunion s’est déroulée dans une zone déserte à la jonction entre les frontières des trois pays, à savoir la région de Ferghana en Ouzbékistan, la région de Batken au Kirghizstan et la région de Soghd au Tadjikistan. C’est là que se trouve la vallée de Ferghana, région la plus densément peuplée d’Asie centrale. Elle est considérée comme son grenier à blé, en raison de ses terres agricoles fertiles.

La rencontre entre les chefs de gouvernement est organisée dans le cadre des accords conclus l’année dernière sur la question frontalière, entre le Kirghizstan et l’Ouzbékistan d’une part, et le Kirghizstan et le Tadjikistan d’autre part. Les chefs d’Etat de ces trois républiques ont « toujours souligné la volonté de renforcer la coopération et l’intégration régionale« , selon le communiqué du gouvernement kirghiz.

Un territoire sujet aux conflits

Times of Central Asia rappelle que depuis les indépendances en 1991, la vallée de Ferghana a été le théâtre d’affrontements, notamment en 2021 et 2022, à cause de différends sur le tracé des frontières. Une centaine de personnes ont été tuées ou blessées, parfois simplement parce qu’elles s’étaient retrouvées par inadvertance sur un territoire non marqué du pays voisin.

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La question frontalière a rencontré des complications avec la présence d’enclaves créées pendant la période soviétique, notamment sur le territoire de l’actuel Kirghizstan, comme les enclaves ouzbèkes de Sokh et Chakhimardan et l’enclave tadjike de Voroukh. En 2023, des informations affirmant que le Kirghizstan et le Tadjikistan s’engageaient dans une course aux armes faisaient craindre une relance des conflits.

La coopération renforcée entre les trois Etats

En plus de marquer la résolution de leurs différends frontaliers, les chefs de gouvernement ont souligné un « grand potentiel » pour le renforcement de la coopération entre leurs pays dans des secteurs clés : le commerce, la logistique, l’eau, l’énergie ainsi que les liens culturels et humanitaires.

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Pour le domaine du commerce, les trois pays participent à une initiative soutenue par les Etats-Unis, le B5+1. Elle a pour but de promouvoir la connectivité commerciale en Asie centrale par le renforcement des partenariats public-privé. Le premier forum a eu lieu en mars dernier à Almaty, au Kazakhstan, avec la présence des représentants des gouvernements américains et des cinq pays d’Asie centrale ainsi que des chefs d’entreprises locaux.

Durant la réunion, le commerce entre les trois pays est non seulement discuté comme un enjeu économique, mais également comme un moyen de confiance entre les Etats. L’Asie centrale émerge en tant que « corridor commercial » entre l’Europe et le reste du continent asiatique, notamment la Chine.

L’hydroélectricité à l’ordre du jour

Les enjeux liés à l’électricité et l’eau ont été des sujets importants durant la réunion trilatérale. L’Asie centrale est l’une des régions les plus touchées par le réchauffement climatique, faisant de l’usage de l’eau un enjeu crucial. Il a notamment été question des centrales hydroélectriques.

Les principales sont situées dans les montagnes entourant la vallée de Ferghana et d’autres sont en construction, dont celle du réservoir d’Orto-Tokoï, au Kirghizstan, relate Times of Central Asia. Le 6 janvier dernier, la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (BAII), basée à Pékin, a annoncé un plan à hauteur de 500 millions de dollars (485 millions d’euros) pour soutenir le projet de la centrale hydroélectrique de Rogoun, au Tadjikistan.

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Les trois pays centrasiatiques sont confrontés à des coupures d’électricité. Pour cette raison, l’hydroélectricité est considérée comme un moyen d’atténuer le problème. Les ressources d’eau sont aussi importantes pour l’agriculture de la région.

Le début d’une paix durable ?

Les chefs de gouvernement se sont dits convaincus que la réunion du 8 janvier « déterminera le sort de la région pour les décennies à venir dans l’intérêt du bien-être des peuples et des pays », indique le communiqué du gouvernement kirghiz. Une prochaine rencontre se tiendra à l’avenir entre les chefs d’Etats. Elle « contribuera au développement des relations de bon voisinage et du partenariat multiforme entre les pays frères », selon Bichkek.

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Une coopération étroite entre les pays d’Asie centrale pourrait constituer un levier efficace pour répondre aux défis sociaux et économiques de la région. Elle s’ajoute également dans un contexte plus large de lutte contre le changement climatique. Par ailleurs, cela pourrait marquer le début d’une paix durable dans la vallée de Ferghana.

William Onkur
Rédacteur pour Novastan

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