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Prévenir le terrorisme en Asie centrale : Novastan a reçu Shahrbanou Tadjbakhsh

A l'occasion de son rendez-vous mensuel à Paris, Novastan a reçu Shahrbanou Tadjbakhsh, professeure à Sciences Po Paris spécialisée dans le maintien de la paix en Asie centrale. Une soirée riche en apprentissages. 

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Shahrbanou Tadjbakhsh a été accueillie par Novastan et Russinalco le 17 octobre 2018.

A l’occasion de son rendez-vous mensuel à Paris, Novastan a reçu Shahrbanou Tadjbakhsh, professeure à Sciences Po Paris spécialisée dans le maintien de la paix en Asie centrale. Une soirée riche en apprentissages. 

L’association française de Novastan a reçu le 17 octobre dernier Shahrbanou Tadjbakhsh, experte en maintien de la paix en Asie centrale. Organisé à l’Inalco en partenariat avec Russinalco, l’association des étudiants russophones de l’institution, cet évènement a rassemblé une cinquantaine de personnes pour écouter la professeure à Sciences Po Paris depuis 15 ans.

La soirée a été consacrée à la prévention du terrorisme en Asie centrale. Un sujet particulièrement clivant dans le paysage médiatique francophone, puisqu’à chaque attentat commis par un ressortissant centrasiatique, les experts sont prompts à labelliser l’Asie centrale comme un « nid de terroristes ».

« Il est extrêmement difficile d’avoir des preuves concrètes »

D’emblée, Shahrbanou Tadjbakhsh a dit « ne pas connaître » les chiffres des ressortissants centrasiatiques engagés à l’étranger dans des activités terroriste. « Il est extrêmement difficile d’avoir des preuves concrètes », a-t-elle affirmé, allant ainsi à l’encontre de nombreux experts occidentaux qui citent des chiffres constamment.

Shahrbanou Tadjbakhsh a également dénoncé une conception très normative de la notion de terrorisme. Selon elle, la résolution de ce problème est rendue complexe par de multiples définitions, notamment celle chinoise qui utilise les évènements au Xinjiang pour mettre en valeur le séparatisme et la violence. A l’inverse, les Occidentaux semblent bloqués sur la notion d’Etat autoritaire, ce qui est contre-productif, estime l’experte, qui a travaillé depuis 2010 avec l’ONU et les Etats centrasiatiques pour développer un plan régional de lutte contre le terrorisme.

Abordant les processus de radicalisation, Shahrbanou Tadjbakhsh a parlé de l’influence de l’émigration centrasiatique en Russie, où les migrants ont tendance à se radicaliser. L’experte a nuancé son propos en parlant de l’effet important de la famille étendue de ces migrants qui viennent souvent les rejoindre sur place, ce qui peut atténuer leur envie de combattre. Mais dans le même temps, Shahrbanou Tadjbakhsh a rappelé que les femmes étaient très présentes en Syrie et en Irak parmi les combattants centrasiatiques.

Partis en constructeurs, revenus en guerriers

Plus largement, l’Irano-Américaine basée à Paris depuis 15 ans a abordé la situation des combattants terroristes à l’étranger. Selon elle, la majorité des Centrasiatiques partis pour la Syrie et l’Irak avaient pour ambition d’être des constructeurs de l’Etat islamique mais ne se rêvaient pas en guerriers. Aujourd’hui, ceux qui sont restés sont devenus des guerriers professionnels, allant de conflits en conflits. Le premier d’entre eux étant aujourd’hui l’Afghanistan.

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Shahrbanou Tadjbakhsh, en compagnie de notre co-fondateur Etienne Combier, s’est exprimée sur de nombreux sujets autour du terrorisme en Asie centrale.

Ce pays a occupé les discussions avec la salle. Pour Shahrbanou Tadjbakhsh, les Talibans sont les véritables maîtres du nord du pays, et les pays centrasiatiques discutent directement avec eux. La chercheuse a notamment rappelé que le Turkménistan avait reconnu les Talibans lorsqu’ils avaient pris le pouvoir puis a continué de leur parler très régulièrement, et ce dans un objectif purement économique. Shahrbanou Tadjbakhsh a également estimé que l’Afghanistan allait devenir rapidement une sorte d’Etat fédéral, avec des gouverneurs talibans au nord qui ne siégeront probablement pas dans l’assemblée nationale afghane.

« Nous avons besoin d’une éducation critique destinée aux jeunes »

L’un des points clés de la conférence a été les réponses à apporter pour tenter de résoudre le problème de la radicalisation. L’un des problèmes des gouvernements centrasiatiques, c’est qu’ils n’arrivent pas à proposer un contre-récit à leur jeunesse. Les vidéos de recrutement djihadiste, même officiellement bannies d’Internet en Asie centrale, continuent à être regardées par les jeunes générations. « Nous avons besoin d’une éducation critique destinée aux jeunes », a affirmé Shahrbanou Tadjbakhsh. L’experte a regretté qu’il n’y ait pas de place pour que les jeunes parlent aux jeunes sur cette question.

La chercheuse a également estimé qu’il fallait plus de recherche sur la question, dans de nombreux domaines. Durant la soirée, elle a incité la salle à étudier le rôle des universités dans la radicalisation, sur les familles des combattants partis et comment elles ressentent la pression des gouvernements centrasiatiques à dénoncer leur progéniture, sur l’état des combattants dans le nord de l’Afghanistan, où peu est encore connu.

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