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Kirghizstan : la gestion humaine de la population des chiens errants continue de marquer des points

L’association franco-kirghize d'écotourisme a dressé un bilan 2023 encourageant sur la gestion des chiens errants au Kirghizstan. Elle avait entamé en 2021, avec la Fondation Brigitte Bardot, un programme éthique et scientifique pour juguler la prolifération des canidés. L’année 2024 marche sur les traces des progrès des années écoulées.

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Un programme permet de stériliser les chiens errants plutôt que de les tuer dans les environs de Bichkek. Photo : Fondation Brigitte Bardot.

L’association franco-kirghize d’écotourisme a dressé un bilan 2023 encourageant sur la gestion des chiens errants au Kirghizstan. Elle avait entamé en 2021, avec la Fondation Brigitte Bardot, un programme éthique et scientifique pour juguler la prolifération des canidés. L’année 2024 marche sur les traces des progrès des années écoulées.

2024 débute sous de bons auspices pour le programme Kumayik – « bon chien » – de l’association franco-kirghize d’écotourisme (AFKE). Démarré en 2021 en partenariat avec la Fondation Brigitte Bardot (FBB), le programme a pour but de prendre en charge les chiens errants dans la région d’Issyk-Ata au Kirghizstan. Les chiens sont capturés, soignés, vaccinés, stérilisés puis relâchés.

Le programme a été créé en alternative aux méthodes brutales d’élimination au fusil soutenues par les autorités locales en mal de solutions pour réguler le phénomène.

La réponse de l’AFKE est éthique, mais aussi durable et efficiente, car l’abattage des chiens ne permet pas de réduire leur nombre. Au contraire, se sentant menacés, les chiens errants se reproduisent encore plus, comme l’explique la cynologue Tamara Barskaïa au média kirghiz Kaktus Media.

Plusieurs communes arrêtent les tirs sur les chiens

Depuis la création du programme, l’AFKE a obtenu la signature d’accords avec la ville de Kant, les villages de Luksembourg, Novopokrovka, Kirchelk et Djeek pour arrêter les tirs sur les chiens. Une clinique a été ouverte à Djeek pour permettre d’assurer des opérations au plus près des besoins de ces localités situées à l’Est de la capitale.

Le 17 janvier dernier, la ville de Novopokrovka est allée plus loin en adoptant un panel de mesures concernant les propriétaires de chiens. Ils auront obligation d’enregistrer leurs chiens auprès de l’AFKE. Leur vaccination, vermifugation et stérilisation seront aussi obligatoires. Ces opérations sont prises en charge par l’AFKE et n’entraîneront aucun frais pour les propriétaires de chiens, précise l’association.

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Parmi les mesures adoptées, l’organisation ou la participation à des combats de chiens dans la ville sera interdite. Il s’agit d’un « résultat historique dans un pays ou il n’existe pas de loi de protection animale », s’est félicité Philippe Boizeau, président de l’AFKE, auprès de Novastan. 

Kant, ville pionnière

La ville de Kant, à l’Est de Bichkek, fut la première dans le pays à avoir décidé, en 2022, d’interdire les tirs sur les chiens. Près de 2 000 chiens par an étaient abattus, rapporte la Fondation Brigitte Bardot.

Convaincue par les bienfaits d’une gestion éthique des chiens errants, la ville s’est dotée d’une clinique vétérinaire qui a permis, selon les chiffres de l’AFKE, de stériliser et vacciner 1 236 chiens en 2023.

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Les habitants de Kant, pleinement impliqués, joignent tous les jours l’équipe de Kumayik pour demander la stérilisation de chiens errants et ainsi faire avancer le programme.

Autre avancée, un point de collecte des déchets modernisé dans le deuxième microdistrict de Kant a aussi été installé « pour éliminer les sources de nourriture disponibles pour les chiens errants et réduire le risque de propagation des maladies chez les chiens », a indiqué l’association.

La formation à la stérilisation continue

En septembre 2022, le programme de formation à la stérilisation destiné aux vétérinaires kirghiz, mis en place dès 2021 par l’AFKE et la FBB, a été salué par l’ambassadeur de France, François Delahousse, en visite dans la clinique de l’université agraire de Bichkek.

Une équipe internationale de vétérinaires de l’organisation FARVets a atterri au Kirghizstan en décembre 2022 pour dispenser une formation vétérinaire – financée par la FBB – afin de transmettre son expertise vétérinaire de soins et de stérilisation des animaux dans le cadre de l’opération Kumayik.

L’AFKE et la FBB s’étaient appuyées dès le début sur l’expérience longtemps éprouvée de vétérinaires indiens originaires du Sikkim, en Inde, comme le rapporte le média kirghiz 24.kg. Ces derniers avaient mis en place, en 2006, le programme Sarah pour répondre aux nombreux cas de transmission de rage par les chiens qui sévissait dans cet Etat du Nord-Est de l’Inde.

Les risques liés aux chiens errants

Le volet information, sensibilisation et éducation du programme Kumayik s’attache à informer le public sur les dangers associés aux chiens errants si rien n’était fait. Ceux-ci  peuvent présenter un danger pour les citoyens, adultes et enfants, comme pour les animaux domestiques en raison de leur comportement parfois agressif.

Le média Cabar Asia, représentant en Asie centrale d’Institute for War & Peace Reporting (IWPR), rapporte qu’à Bichkek plus de 2 000 personnes en moyenne par an se font mordre par des chiens. Un chiffre en constante augmentation.

N’ayant aucun soin ni de suivi hygiénique, ils sont de plus susceptibles de propager des maladies comme la rage, la leptospirose ou la gale, constituant autant de menaces pour la santé publique.

Les tirs encore présents

En 2024, malgré l’avancée des actions de l’AFKE, les tirs sur les chiens sont encore une réalité. Pas plus tard que le 31 janvier dernier, l’AFKE témoigne avoir pris en charge un chien gravement blessé par balles, dans le village de Djeek.

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Autre méfait rapporté par la FBB : une chienne a été attaquée par des chiens de combat sur ordre de leurs maîtres dans la ville de Kant, en mars dernier. L’équipe de Kumayik a pu intervenir à temps pour sauver la chienne. Un acte de cruauté qui a soulevé l’émoi des habitants de la ville.

Objectif : une loi sur la protection animale

Les localités prennent progressivement conscience des bénéfices d’une gestion responsable et éthique des chiens errants en prenant des mesures adéquates pour résoudre les problèmes de nuisance et de sécurité, tout en accordant au bien-être animal une place prépondérante.

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L’objectif du programme Kumayik est désormais de convaincre les députés de voter une loi nationale de protection animale à l’instar de celle votée par le Kazakhstan en décembre 2021.

L’AFKE et la FBB travaillent en collaboration avec le public et les députés pour aboutir à l’adoption de ce cadre législatif au Kirghizstan.

Patrick Do Dinh
Rédacteur pour Novastan

Relu par Charlotte Bonin

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